Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : L’explosion française à Tamanrasset

Un reporter dans la foule : L’explosion française à Tamanrasset

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Le 1er mai en Algérie ne marque pas seulement la fête des travailleurs. Il marque aussi l’anniversaire d’un accident nucléaire français sur le sol algérien. Un accident qui a eu lieu non loin de Tamanrasset avec pour nom de code « Béryl ». Un accident qui sème, aujourd’hui encore, la mort. Il sera dit que jusqu’au dernier moment, la France aura martyrisé les Algériens. Ce tragique événement n’est pas très connu par l’opinion publique. Dans le dossier « essais nucléaires français en Algérie » entre les mains de la commission mixte algéro-française, on omet toujours de dire qu’ils ont été marqués par une catastrophe nucléaire connue sous le nom de code « Béryl », le 1er mai 1962, à Aïn Ekker qui se trouve à 130 km au Nord de Tamanrasset. Donc juste après l’entrée en vigueur du Cessez-le-feu le 19 mars 1962, les dirigeants français s’empressaient d’accélérer la cadence des tirs nucléaires dans le Sahara algérien avec pour objectif de quitter l’Algérie avec le statut de quatrième puissance nucléaire dans le monde après les États-Unis, l’Union Soviétique (actuellement la Russie) et l’Angleterre. Une précipitation qui donna lieu à des erreurs et des négligences qui furent dramatiques et dont les retombées continuent à ce jour de faire des victimes. L’accident de « Béryl » à Aïn-Ekker a eu lieu le 1er mai 1962. Il y a aujourd’hui 62 ans jour pour jour. Un mois et demi après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et deux mois avant la proclamation de l’indépendance. Ce qui devait être un essai nucléaire souterrain s’est transformé en une énorme explosion qui a coupé en deux la montagne pour monter dans le ciel sous la forme d’un champignon que le vent poussait vers l’Est. Le personnel militaire français qui suivait l’opération a été pris de panique tandis que la population algérienne locale tenue dans l’ignorance des faits vaquait à ses occupations habituelles. Voici quelques titres des journaux français ayant traité ce cataclysme : « Une catastrophe nucléaire nommée Béryl » titre de Libération, « L’essai nucléaire qui a viré au fiasco » titre Le Monde, « En 1962, une amnésie nommée Béryl » titre du journal français « La Nouvelle République », etc, etc, C’est dire que l’intention française de mettre cette catastrophe sous le tapis est réelle. Pour au moins une raison. Si pour les autres essais, les organisateurs juraient la main sur le cœur qu’ils avaient pris les dispositions de sécurité pour préserver la population algérienne de la radioactivité issue des explosions, ils ne pouvaient pas dire autant pour un accident qui fausse toutes leurs prévisions. Rien n’a filtré sur le nombre des victimes algériennes civiles. Par contre on sait que deux ministres français, Pierre Mesmer ministre des armées et Gaston Palewski ministre de la recherche scientifique, présents ce jour-là avec toutes les précautions d’usage, ont fini, malgré tout, par mourir suite à des cancers. Selon le média indépendant « Reporterre » « Près de 10 000 personnes ont été affectées par les retombées radioactives de l’explosion mal contrôlée d’un essai nucléaire (Béryl NDLR) à Aïn-Ekker ». Sauf que dans le traitement de ce dossier, l’État français est dans le déni total. En plus d’essayer d’étouffer la catastrophe et les excuses qu’il doit aux Algériens, il refuse de mettre la main à la poche pour au moins indemniser et diminuer les souffrances des victimes. Il y a certes le décret français n° 2014-1049 du 15 septembre 2014 relatif à la reconnaissance et à l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Sauf qu’il profite plus aux personnels militaires français et leurs ayants droit qu’à la population civile algérienne victime à ce jour de cette catastrophe sous la forme des naissances monstrueuses dont personne ne veut projeter les vraies images. Un déni et une fuite en avant inadmissibles. C’est dans ce décor d’apocalypse que De Gaulle a lancé son fameux « Hourra, Hourra pour la France ! ». Sur les corps des pauvres victimes algériennes !
Zouhir Mebarki
Zoume600@gmail.com

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