« Il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis », a mis en garde le président Tebboune dans l’entretien qu’il a accordé au journaliste du quotidien français « L’Opinion ». C’était juste après avoir évoqué la décontamination des sites ayant servi aux essais nucléaires français. « Il y a aussi la question des armes chimiques utilisées à Oued Namous. J’ai commencé ma carrière de fonctionnaire à Béchar, à l’ouest du pays, au tout début des années 1970. Pratiquement toutes les semaines, nous avions des plaintes d’éleveurs relatives à la mort de leurs bêtes… (il faut) régler définitivement ces contentieux », a tenu à rappeler notre président de la République. Eh oui ! il y a une autre contamination toute aussi grave que les essais nucléaires et dont très peu, pour ne pas dire personne, n’en parle. Il s’agit de l’Oued Namous, un site qui a servi à la France pour ses recherches et essais chimiques et bactériologiques. Où se trouve Oued Namous ? Comme son nom l’indique c’est un Oued qui court, pour partie, le long de la wilaya de Nâama et pour partie sur la wilaya de Béchar. La France coloniale la choisi en 1930, d’y installer une base ultra secrète baptisée « B2-Namous ». Elle y a effectué ses recherches en armes chimiques et bactériologiques. Comme pour les essais nucléaires les recherches françaises à Oued Namous se sont poursuivies des années après l’Indépendance.
Comme pour les essais nucléaires, la France traine les pieds à décontaminer ces espaces où elle a laissé les restes de ses produits de la mort et des maladies invalidantes. Lors de la visite en Algérie du président français, François Hollande, en 2012 un accord a été signé engageant la France à « nettoyer » toutes les zones dont elle s’est servie pour ses recherches. Un accord qui n’a jamais été honoré. En octobre 2024, lors d’une interview télévisée, le président Tebboune avait rappelé à la France ses engagements. « Si vous voulez aborder les sujets sérieux, venez nettoyer les sites où vous avez effectué des expériences nucléaires. Il y a des gens qui meurent encore et d’autres sont impactés. Vous êtes devenus une puissance nucléaire, et nous avons eu les maladies. Venez nettoyer Oued Namous, où vous aviez développé vos armes chimiques, et jusqu’à présent nos moutons, nos chameaux meurent après avoir mangé de l’herbe contaminée. C’est cela la vraie question, ce n’est pas dans un faux débat sur l’accord de 1968 » avait-il précisé. Il est revenu sur le sujet, lundi dernier, dans son entretien publié par le journal français « L’Opinion ». Sur ces questions (essais nucléaires et recherches chimiques et bactériologiques) on a l’impression de parler à un sourd. L’Élysée n’entend pas, ne répond pas. Ce qui est mis à nu, c’est le développement atteint par la France avec les richesses, le sol et sous-sol de l’Algérie. Soit comme base d’expérimentations. Soit en exploitant ses richesses naturelles. En réalité les deux à la fois. L’armement chimique et bactériologique mis au point à la base B2-Namous est stocké à Vert-le-Petit, une commune située à 34 km au Sud de la capitale, Paris. Et dire que la France n’a de cesse de dénoncer les « dictatures » qui possèdent des armes chimiques et bactériologiques.
De plus, la France a développé sa force nucléaire en Algérie. Elle a, également, permis à Israël de se doter de l’arme nucléaire. Ceci quand des Retailleau, des Bardella ou des Ciotti s’acharnent sur l’accord de 1968. Pas étonnant pour un Bardella, ce « petit jeune du rassemblement national » qui joue au député européen sans connaitre le règlement du Parlement de l’UE et qui est corrigé par ses pairs. Lundi prochain marquera le 65ème anniversaire des essais nucléaires (atmosphériques et souterrains) français en Algérie. Ce sera aussi le jour de la contamination chimique et bactériologique de la région d’Oued Namous. En plus de celle de Reggane, d’In-Ekker, Adrar et d’autres régions du Sud. Avec tous les morts que nous a laissé la France, avec tous les bébés qui naissent, aujourd’hui encore, avec des malformations et tous ses déchets de la mort, il se trouve des français d’adoption pour dire que c’est cela la civilisation !
Zouhir Mebarki
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