Sur les réseaux sociaux, deux phénomènes co-existent malgré leur nature antithétique, c’est-à-dire opposée. Il y a d’un côté la délinquance qui rassemble des arnaqueurs dotés de connaissances digitales qui escroquent les personnes qui manquent de vigilance. À l’autre extrémité, il y a le phénomène des témoins cybernétiques, qui fait son entrée, sur les réseaux sociaux, pour lutter contre la délinquance sous toutes ses formes. C’est ce deuxième aspect des réseaux sociaux qui nous intéresse aujourd’hui. Illustration : une vidéo montrant un citoyen agressé par trois individus, en plein jour et au centre-ville, à Aïn Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi. Elle a circulé sur les réseaux sociaux, lundi dernier.
Le lendemain, soit mardi dernier, « le parquet près le tribunal d’Aïn Fakroun informe l’opinion publique qu’après les renseignements effectués par la police judiciaire et l’exploitation de la vidéo susmentionnée, les suspects ont été identifiés et arrêtés… ils ont été déférés pour jugement dans le cadre des procédures de comparution immédiate ». La victime, d’un certain âge, qui avait le visage en sang sur la vidéo a été transporté à l’hôpital. Toujours sur les réseaux sociaux, l’homme qui a été agressé a remercié les services de sécurité et de la justice. Il a également remercié les milliers d’algériens qui lui ont manifesté via les réseaux sociaux, leur solidarité. Il n’a pas manqué de féliciter le citoyen qui a « dégainé » son portable pour filmer et poster la vidéo. Nous nous joignons à l’élan de solidarité pour féliciter l’auteur de la vidéo, sans oublier le procureur qui s’est aussitôt auto-saisi et les policiers et gendarmes pour leur célérité à identifier et procéder à l’arrestation des agresseurs. Le geste du citoyen qui a filmé l’agression n’est pas à mettre au compte d’un simple fait divers. C’est un modèle à suivre qu’il faut sanctionner positivement officiellement. Il donne naissance à un phénomène à saluer et à encourager. Celui du civisme sur les réseaux sociaux. Un civisme qui participe à la lutte contre la délinquance voire même contre la criminalité. Un civisme qui a toutes les chances de gagner toutes les couches de la société algérienne pour peu que l’État et le gouvernement prennent en charge sa promotion.
Toutes les chances car il est sans danger et surtout sans les tracasseries (auditions, convocations, comparutions, etc.) qu’entrainaient par le passé les témoignages. Aujourd’hui une vidéo mise sur les réseaux sociaux pour dénonçer un délit, épargne à son auteur les allées et venues entre commissariats et tribunaux. À l’ère de la digitalisation et de la numérisation, il est plus simple d’être solidaire. La vidéo suffit à prouver et à confondre les agresseurs. Son auteur n’a plus rien à ajouter à son contenu. Donc il aura la paix et sera épargné des pénibles suites qui étaient indispensables par le passé. Selon les chiffres de l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE), au 4ème trimestre 2024, les trois opérateurs de téléphonie mobile ont totalisé plus de 54 millions d’abonnés. Cela veut dire qu’il y a des citoyens qui ont deux voire trois abonnements. Cela veut dire aussi que toute la population possède un smartphone et peut donc agir contre la délinquance par le moyen des réseaux sociaux.
De quoi faire du téléphone mobile une redoutable arme contre les fléaux sociaux. Avec l’objectif de réduire les agressions. Un civisme à encourager impérativement par tous les moyens. Les ministères de la solidarité, de la jeunesse, des affaires religieuses, l’observatoire de la société civile, etc., tous sont concernés par l’exemple d’Aïn-Fakroun. Ils sont tous concernés pour ne pas laisser passer cette formidable occasion pour sensibiliser et encourager à multiplier les actes de civisme de ce genre. En forçant le trait sur le geste « sans tracas ». Des prémices de ce mouvement sont déjà perceptibles. Quelques vidéos circulent, de temps à autre sur les réseaux sociaux, montrant des vols commis dans les commerces équipés de vidéosurveillance et menaçant les voleurs de montrer leurs visages s’ils ne rendaient pas les produits volés. Le « germe » du civisme en ligne existe. Il faut juste le « cultiver ». La participation citoyenne, tant attendue, est à portée de main. Il serait malheureux de la laisser passer !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com