Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : Le détail qui fait la différence

Un reporter dans la foule : Le détail qui fait la différence

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Nous allons faire une incursion journalistique (ni diplomatique, ni politique, ni juridique) dans le « tohu bohu » qui agite les médias et les milieux d’extrême-droite français au sujet des accords de 1968. À toutes ces voix qui, en France, affirment que ces accords sont à l’avantage de l’Algérie et des Algériens. Avant de fournir la preuve de leur ineptie, nous allons faire un peu d’histoire pour une meilleure compréhension par tout le monde. Il y a une personnalité française qui a, non seulement, occupé un poste important pendant la guerre d’Algérie mais aussi qui s’y est distingué particulièrement. Pourtant on en parle très peu. Il s’agit de Michel Debré. Pas de Jean-Louis Debré l’ancien président du Conseil Constitutionnel français qui est son fils. Il ne s’agit pas non plus de Simon Debré qui fut le grand rabbin de Neuilly Sur Seine (France) et qui est le grand-père de Michel et arrière-grand-père de Jean-Louis. Donc Michel Debré a connu un riche parcours politique depuis son entrée au parti radical français à l’âge de 22 ans en 1934. Cet espace ne permet pas d’étaler en détail son parcours. L’essentiel est de savoir que dès son arrivée au pouvoir, en 1958, le Général De Gaulle le nomme ministre de la justice. Le 8 janvier 1959, il est promu premier ministre, poste qu’il conservera jusqu’au 14 avril 1962 date de sa démission. C’était en pleine guerre d’Algérie. C’est durant ses fonctions au poste de premier ministre, qu’eurent lieu les massacres du 17 octobre 1961. Une date où des Algériens, manifestants pacifiquement, à Paris contre un couvre-feu discriminatoire qui les ciblait, furent jetés à la Seine. Le préfet de Paris, Maurice Papon, a dû endosser seul ces massacres. Ni son chef hiérarchique, le ministre de l’intérieur, Roger Frey, ni son supérieur direct, le premier ministre, Michel Debré, ne furent cités, à aucun moment. Ni par les médias, ni par les historiens français patentés. Une fois que cet épisode est cité, il faut savoir que l’appartenance de Michel Debré au milieu de l’« Algérie-française » était de notoriété publique. D’ailleurs, il présenta sa démission à plusieurs reprises au général De Gaulle qui les refusa. Jusqu’à celle du lendemain du 19 mars 1962 (où il n’en pouvait plus) date des accords d’Évian et du cessez-le-feu, prélude à l’Indépendance (lire son discours du 20 mars 1959 devant les députés français). C’est dire combien il fut contrarié par l’autodétermination du peuple algérien. C’est dire aussi son refus à l’idée même de l’Indépendance de l’Algérie. Au point où son nom fut cité dans l’affaire du bazooka (un attentat OAS le 7 janvier 1957 à Alger). Le procureur général d’Alger de l’époque demanda même la levée de son immunité parlementaire. Michel Debré alla demander à François Mitterrand, qui était ministre de la justice, de s’opposer à la demande du procureur. Ce qui lui a été accordé avec l’appui de René Coty, le président de la (4ème) république à l’époque et du président du Conseil des ministres, Guy Mollet. Ce qui prouve que Michel Debré avait quelque chose à cacher dans cette affaire du Bazooka. Ce petit résumé de la carrière de cette personnalité politique française suffit pour se faire une idée de son parti-pris contre les Algériens et leur Indépendance. Vous allez comprendre maintenant pourquoi ce « détour » était nécessaire pour comprendre les accords de 1968. De Gaulle a signé le décret N°69-243 portant publication des dits accords de 1968 « sur le rapport…du ministre des affaires étrangère ». Qui était ce ministre des AE ? On vous le donne en mille : Michel Debré ! Sa signature figure (journal officiel français du 22 mars 1969) après celle de De Gaulle et de Maurice Couve de Murville, premier ministre de l’époque. Eh oui, après sa démission en 1962, Michel Debré est revenu au gouvernement en 1966. À l’économie d’abord, puis aux affaires étrangères (1968) et ensuite à la défense (juin 1969). Faut-il préciser à tous ces moutons de panurge français qui s’époumonnent à dire que les accords de 68 profitent aux Algériens, qu’il est impossible que Michel Debré, avec son palmarès anti-algérien décrit plus haut, puisse s’impliquer dans des accords à l’avantage de l’Algérie et des Algériens. Cette preuve, journalistique, suffit à confondre les racistes et n’a point besoin d’autres développements pédantesques. Nous leur disons simplement, prenez connaissance de votre propre histoire avant d’ânonner des stupidités dans vos médias ! 

Zouhir Mebarki

zoume600@gmail.com          

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