A peine trois jours après sa nomination soit le 17 septembre dernier, Mohamed Seddik Aït-Messaoudène, ministre de la Santé, s’est rendu à Oum-El-Bouaghi ou des cas de rage ont été signalés. Il s’est déplacé « pour s’enquérir personnellement de l’état de santé des personnes victimes de morsures de chien, ayant entraîné deux décès » précise le communiqué publié par son ministère. Après sa visite, il a tenu à rassurer les familles, que les blessés « ont été pris en charge conformément aux protocoles sanitaires en vigueur au niveau de tous les établissements sanitaires nationaux…(et que) toutes les ressources médicales sont mises à disposition pour une meilleure prise en charge…(ajoutant ) qu’il suit la situation de près (et) qu’il prendra toutes les mesures sanitaires et préventives nécessaires… (non sans avoir) présentéses sincères condoléances ainsi que sa profonde compassion aux familles des deux victimes décédées ».
Ceci d’une part. D’autre part, dans trois jours, le 28 septembre prochain, ce sera la journée mondiale de la rage. Cette journée a été instituée en 2007 en hommage à Louis Pasteur (à qui l’on doit le vaccin contre la rage) décédé le 28 septembre 1895. Ce sont ces deux raisons qui nous ont décidé à approfondir ce sujet. La rage est une infection très contagieuse et mortelle, transmise de l’animal à l’être humain. C’est une infection à très longue durée d’incubation (en moyenne de un à trois mois et même au-delà et jusqu’à une année). Cela veut dire que les symptômes peuvent mettre du temps, beaucoup de temps, pour apparaître. Cela veut dire aussi, qu’il faut très vite intervenir en cas de morsure ou même de léchage d’un chien errant. Dans une phase préventive en injectant le vaccin antirabique même après la morsure. Dans le cas d’apparition des premiers symptômes (fièvre, maux de tête et douleur ou démangeaisons à l’endroit de la blessure), un traitement dit aussi de prophylaxie post-exposition (PPE) doit aussitôt être administré à la victime. En un mot comme en mille, la rage est une infection mortelle lorsqu’elle n’est pas soignée à temps. Son délai d’incubation, très long, la rend encore plus dangereuse. Grâce au vaccin et au traitement, la rage peut être guérie et des vies humaines préservées. Cet aspect reste du domaine des praticiens. L’autre aspect concerne la propagation de l’infection. Les vecteurs de la rage humaine sont, surtout, les chiens et les chats errants. Dans notre pays, les chiffres sont fournis par « Le ministère de la Santé (qui) a enregistré 110 000 cas de morsures d’animaux, notamment de chiens, ayant entraîné 11 décès par rage en 2021 ».
À cette occasion et dans la foulée, il a été question de « la sensibilisation des enfants, des parents, du vaccin des animaux de compagnie (chiens et chats) ». Il a aussi été recommandé aux citoyens de « respecter les horaires de sortie des ordures ménagères pour éviter qu’elles ne s’amoncellent et attirent les animaux errants ». Dans la foulée toujours à l’époque, on a appris qu’« en Algérie, un total de 180 décès a été recensé entre 2010 et 2021». De plus à cette occasion on a appris que « la stratégie nationale de lutte contre la rage (2023-2027) vise à atteindre les objectifs de l’OMS, soit 0 cas d’ici 2030 ». L’année d’après, en 2022, le ministère de la santé a fait état de « plus de 141.000 cas de morsures ou de griffures de chiens ou des chats, causant la mort de 16 personnes ». En 2024, l’INSP (institut national de santé publique) a organisé à l’occasion de la journée mondiale, une journée d’information. Toujours en 2024 et à partir de Sétif où elle était en visite, « La directrice de la prévention et de la lutte contre les maladies transmissibles au ministère de la Santé, Mme Samia Hammadi, a affirmé que « l’Algérie a franchi de grands pas dans la lutte contre la rage en vue d’atteindre zéro cas à horizon 2030 » a rapporté l’APS. Cela dit et dans toutes nos recherches, nous n’avons nulle part trouvé une quelconque opération de lutte contre les chiens errants.
Aucune action des bureaux d’hygiène des APC. Ni de fourrières canines. De mémoire d’homme, la dernière opération de lutte contre les chiens errants date du début des années 1980. Il a été fait appel pour la circonstance à la fédération nationale des chasseurs. Pour l’objectif zéro cas de rage en 2030, c’est dans cinq petites années !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com