Même après les indépendances, la France n’a jamais vraiment « lâché » ses anciennes colonies. Pour ses propres intérêts, évidemment. C’est De Gaulle qui a confectionné la « toile d’araignée » pour piéger les pays de l’empire colonial français et les maintenir dans le giron de Paris. Moins d’une année après son retour au pouvoir, en 1959, il créa la « Françafrique », structure pseudo-diplomatique chargée de diriger à distance et dans la plus grande opacité, les pays africains francophones nouvellement indépendants. Il confia la direction de cette officine à Jacques Foccart, fils d’un colon de la Guadeloupe exportateur de bananes qui, pour les besoins de ses missions, créa le « service d’action civique » (SAC), une redoutable organisation secrète véritable bras armé pour la mise au pas des dirigeants africains placés par De Gaulle à la tête de leur pays. Houphouët Boigny en Côte d’Ivoire, Senghor au Sénégal, Bongo au Gabon, Bokassa en Centrafrique, etc. pour les plus dociles. Un seul osa tenir tête à De Gaulle. C’est le président de la Guinée Sékou Touré qui échappera à des tentatives de coups d’États. En 1965, il rompt toute relation diplomatique avec la France. Foccart tiendra le reste de l’ancien empire colonial français d’une main de fer. On le surnommera « monsieur françafrique ». En plus du SAC, la France lance une armée de mercenaires dirigée par Bob Denard, un légionnaire français qui s’illustra dans des coups d’États notamment aux Comores qu’il dirigea un temps, d’ailleurs. L’Algérie qui avait été la seule colonie de peuplement, totalement annexée au territoire français, ne faisait pas partie, après son indépendance, de ces pays du « franc CFA ». Elle n’en demeurait pas moins sous « haute surveillance ». L’ingérence française y était plus sournoise. Du général De Gaulle jusqu’à Macron, aucun président français n’a fait de cadeaux à l’Algérie. Du « plan Challe » qui a décimé une partie de la population algérienne aux essais nucléaires dont les conséquences subsistent encore, jusqu’à la « régularisation de masse » par Mitterrand, pour mieux enferrer les algériens en 1981, l’un des plus grands racistes qui guillotina sans état d’âme les algériens. Tous les présidents français qui se sont succédés avaient la même recette : « caresser dans le sens du poil » les algériens pour mieux les poignarder dès qu’ils avaient le dos tourné. Depuis 2006, sous jacques Chirac, les ambassadeurs français en Algérie sont plus des « barbouzes » que des diplomates. De Barjolet nommé en 2006 et qui se découvre dès son départ comme patron des renseignements français. Ou encore de son successeur le fameux Xavier Driencourt qui passa deux périodes dans notre pays et dont le CV mentionne qu’il a commencé sa carrière dans le « chiffre » et la décoration de la légion d’honneur qui le fut pour « services civils et militaires ». C’est Sarkozy et Hollande qui l’ont désigné. Toujours François Hollande qui nous envoie, comme ambassadeur, Bernard Émié en 2014 et qui prend juste après le commandement de la DGSE. Quel est le naïf qui pourrait croire à un simple hasard, ces profils de « barbouzes » portés par des ambassadeurs envoyés par la France en Algérie ? Le récent déchainement de l’un d’entre eux, Xavier Driencourt, sur les réseaux sociaux contre notre pays, renseigne sur le niveau de haine que vouent ces « envoyés spéciaux » à notre pays. C’est juste une autre façon de pratiquer « la françafrique » en remplaçant Bob Denard par Driencourt, Bajolet ou Emié. C’est juste le passage à la guerre de quatrième génération. Ceci dit, la position que vient de prendre Macron en soutien au Maroc qui est lui-même soutenu par Israël n’étonne que ceux qui croyaient, après 132 ans d’une colonisation barbare et inhumaine, que la France pouvait subitement être prise d’une sincère amitié pour nous. Tout en n’oubliant pas qu’Israël, aussi, a combattu l’ALN dans nos maquis.
Zouhir Mebarki
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