Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI UN REPORTER DANS LA FOULE : La Constitution et le temps qui passe

UN REPORTER DANS LA FOULE : La Constitution et le temps qui passe

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2024 est identique à 2019. L’alinéa 8 de l’article 87 de la Constitution algérienne n’a pas été utilisé -plutôt n’est plus exigé- pour la candidature à l’élection présidentielle. Non pas que la Constitution algérienne ait fait l’objet d’un quelconque amendement mais tout simplement à cause du temps qui passe. La campagne électorale pour l’élection du président de la République algérienne bat son plein. Elle se déroule alors que nous commémorons la journée du moudjahid à haute portée historique. Cette journée du 20 août marque, en réalité, un double anniversaire : celui de l’offensive du Nord-Constantinois du 20 août 1955 et celui du Congrès de la Soummam du 20 août 1956. Une halte, une pause pour le resourcement mémoriel. Sans la guerre de libération nationale déclenchée le 1er Novembre 1954, nous ne serions pas là à célébrer ces dates, ni à vivre dignement dans notre pays enfin libéré de la domination coloniale. Nous ne serions pas là à vivre sans les humiliations permanentes, sans la faim, sans que rôde la mort et la torture infligées par un colonialisme barbare. Aucun algérien ne doit oublier les conditions inhumaines, imposées par la France durant 132 ans à ses parents, grands-parents et arrières grands-parents. Tous les Algériens se doivent, aujourd’hui et demain, glorifier leurs compatriotes qui ont donné leurs vies pour que les survivants puissent vivre dignement dans leur patrie libérée. C’est pourquoi nous commémorons cette date qui coïncide avec la campagne électorale en mettant en exergue le temps qui passe et son effet sur nos repères historiques, mémoriels et institutionnels. Le 20 août 1955 et le 20 août de l’année d’après se sont produits deux évènements majeurs dans la lutte armée pour l’indépendance du 1er Novembre 1954. En 1955, il s’agissait de faire passer la lutte armée à une vitesse supérieure. L’année d’après, il s’agissait de structurer et d’organiser une lutte populaire pour plus d’efficacité et de renforcer l’objectif ultime qui était de libérer le pays. Ce qui fut atteint le 5 juillet 1962. Depuis, c’est un autre combat qui s’est imposé à tous les Algériens. Dirigeants et citoyens. Qui s’impose toujours d’ailleurs. Demain plus qu’aujourd’hui et plus qu’hier. Les traitres qui sont passés chez l’ennemi hier ont vu leur nombre grossir avec leurs descendances. Beaucoup d’entre eux vivent avec le désir de vengeance. Les colons européens qui, pris de panique, avaient quitté l’Algérie, caressent le rêve d’une reconquête. Les juifs devenus français en 1870 qui jurent qu’ils sont les premiers habitants de cette terre d’Algérie et après être également partis avec armes et bagages en 1962, cherchent à revenir de « gré ou de force ». À ces trois catégories, il faut ajouter les « colonisables » (qui vénèrent la France) qui sont à l’intérieur et d’autres à l’extérieur. C’est pour mettre l’Algérie à l’abri de toutes ces menacent que la Constitution algérienne a prévu dans son article 87 alinéa 8 que le candidat à l’élection présidentielle doit « justifier de la participation à la Révolution du 1er novembre 1954 pour les candidats nés avant juillet 1942 ». La dernière élection présidentielle concernée par cette condition aura été celle de 2014. En 2019, aucun des 5 candidats n’était né avant juillet 1942. En 2024 aussi, les trois candidats en lice sont tous nés après juillet 1942. Donc et à l’épreuve du temps, cet alinéa de la Constitution est tombé en désuétude. Nous sommes passés de la légitimité révolutionnaire à la légitimité populaire. Un passage prévisible et attendu des deux côtés de la Méditerranée. Pour des raisons diamétralement opposées. Les uns espérant falsifier l’histoire pour tromper notre jeunesse. Les autres croyant à la propagande occidentale sur « les vertus de la démocratie », fantasment sur une hypothétique et « plus grande » liberté. Il est urgent d’écrire, par nous-mêmes, notre histoire !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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