Comme pour les films. Le concept de « majorité numérique » s’est largement répandu à travers le monde. Les réseaux sociaux (Facebook, Snapchat, Tik Tok, Youtube, Instagram,) seront interdits, en Australie, aux personnes de moins de 16 ans, à partir du 4 décembre prochain, en vertu d’une loi votée en novembre 2024. Les plateformes doivent elles-mêmes prendre les dispositions nécessaires pour appliquer cette décision sous peine d’amendes qui peuvent atteindre 28 millions d’euros. Le groupe Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, a déjà annoncé l’application de la décision. Les utilisateurs devront fournir une pièce d’identité officielle ou une photo de leur visage ou encore en connectant un compte bancaire australien (sachant que pour avoir un compte à la banque, il faut être majeur). Snapchat a déjà commencé à demander à ses internautes australiens de fournir les justificatifs de leur âge. Facebook et Threads ont fait de même. Dans un communiqué, publié jeudi dernier, Meta a annoncé « à partir d’aujourd’hui, (nous allons) notifier aux utilisateurs australiens supposés être âgés de 13 à 15 ans, qu’ils perdront l’accès à Instagram, Threads et Facebook ». D’autres pays ont annoncé des décisions similaires. Le premier ministre de la Nouvelle Zélande a annoncé qu’un projet de loi en ce sens est en cours d’adoption. Le ministre de la communication de la Malaisie a indiqué, de son côté, que son gouvernement interdira au moins de 16 ans l’accès aux réseaux sociaux. Au Danemark c’est la première ministre qui a annoncé travailler en ce sens. Plusieurs pays européens se préparent à « protéger les enfants » des réseaux sociaux. La mesure s’étend jusqu’à l’interdiction du téléphone à l’école. En Irlande, en Espagne, c’est la même démarche. La Grèce combine vérification de l’âge et contrôle parental. Tous ces pays travaillent à bloquer l’accès des réseaux sociaux aux enfants. La Chine, après avoir instauré, en 2021, l’identification des internautes pour avoir droit d’accès aux réseaux sociaux, cible maintenant les influenceurs. Ils ne peuvent plus donner leurs avis sur les sujets pour lesquels ils n’ont pas de diplôme. L’OMS est venue renforcer cette décision en accusant, dans un rapport, les réseaux sociaux d’être à l’origine de la solitude et de l’isolement des adolescents. En Allemagne, la décision de limiter l’accès aux réseaux sociaux fait débat. Le délégué aux addictions, qui est membre du CDU (du chancelier allemand Friedrich Merz), considère que « si 42% des enfants de dix à onze ans ont un compte Tik Tok, il y a quelque chose qui cloche ». Les opposants à la mesure considèrent pour leur part « qu’il est préférable de renforcer les compétences numériques des enfants » en les laissant surfer à leur guise. L’Union européenne défend la vérification de l’âge pour accéder aux réseaux sociaux. La commission européenne a choisi cinq de ses pays pour tester une application permettant de vérifier l’âge des internautes. « Ce qui protégera les enfants des contenus dangereux » sur Internet affirme Bruxelles. La commission mène, en parallèle, une enquête sur quatre sites pornographiques « soupçonnés de ne pas empêcher l’accès des enfants aux contenus pour adultes ». On se rend compte que les pays qui s’inquiètent sur l’état de santé mentale de leurs enfants ayant pour origine les réseaux sociaux, sont de plus en plus nombreux. Il y a, à peine quelques années, l’inquiétude de l’occident était focalisée sur le terrorisme international qui recrutait des volontaires sur Internet. On disait à l’époque que ces volontaires étaient endoctrinés par le contact virtuel sur la toile. Mais mis à part le terrorisme, personne n’osait toucher aux réseaux sociaux naissant, au nom des libertés individuelles. Des décennies plus tard et contraint par les dégâts occasionnés sur la santé mentale des enfants « jusqu’aux suicides » affirment certains spécialistes, les « libertés » volent en éclats. Les violences qui ont franchi les portes des écoles prenant pour cible les élèves et les enseignants, ont donné à réfléchir aux dirigeants du monde entier. Les valeurs qui prévalaient au lendemain de la seconde guerre mondiale et qui avaient poussé à l’instauration de l’interdiction de certains films aux moins de 16 ou 18 ans, ont été abandonnés dans les années 1970. Résultat des courses, les enfants ayant grandi au milieu de la violence ne pouvaient que reproduire cette violence. Comparés aux réseaux sociaux, les films qui étaient interdits aux enfants semblent aujourd’hui bien dépassés. Qu’en sera-t-il demain ?
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com











































