Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : Drones et gaspillage d’eau

Un reporter dans la foule : Drones et gaspillage d’eau

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Parler d’économie de l’eau, de rationalisation de l’eau ou de gaspillage de l’eau, ce n’est pas pareil. Parler de branchements anarchiques ou de branchements illicites, ce n’est pas la même chose. Parler de l’eau dans notre pays classé traditionnellement semi-aride et qui a rejoint les zones arides de la planète depuis le dérèglement climatique, tout en se rappelant que les mots ont un sens. L’OMS et l’UNICEF ont tiré, mardi dernier, la sonnette d’alarme. Ces deux organismes de l’ONU affirment, dans leur rapport annuel 2025, qu’un quart de la population mondiale n’a pas un accès permanent à l’eau potable. Cela va de la privation à l’accès épisodique. Un quart de la population de la planète, c’est-à-dire plus de 2 milliards d’êtres humains, est touché. Une misère hydraulique mortelle. Et nous où sommes-nous classés ? Nous ne sommes pas dans ce quart-monde, rassurez-vous ! Ceci grâce à la volonté politique au plus haut sommet de l’État. C’est-à-dire au programme du président de la république, Abdelmadjid Tebboune, qui place le dessalement d’eau de mer dans la partie Nord du pays et le transfert de l’eau de la nappe albienne d’Aïn-Salah à Tamanrasset pour la région Sud du pays, parmi les priorités de l’État. Ces deux « sources » viennent conforter les nappes souterraines conventionnelles, les eaux de surfaces ainsi que le traitement et recyclage des eaux usées pour l’agriculture. Une panoplie qui assure à la population de manger, boire et se laver correctement. Sauf que- nous nous devons de le relever- le gaspillage de cette précieuse denrée gagnerait à son tour à être classé parmi les fléaux sociaux. Pourquoi ? Chaque année notre population augmente d’un million de naissances et chaque mois des milliers de logements sont réalisés et distribués aux familles, ce qui met la demande en eau dans notre pays en hausse constante. L’offre est plus « lourde » à suivre. À cause de la rareté des pluies. Mais pas seulement, puisque le dessalement qui ne devait être qu’un palliatif est trop sollicité mécaniquement et financièrement. Les barrages qui, sans compter le manque de pluies, connaissent l’envasement, nécessitent un dragage régulier et onéreux. Les forages des nappes souterraines ne sont pas gratuits. Tous ces aléas naturels obligent les autorités à procéder à une distribution selon un programme bien étudié, le plus juste et le plus équitable. Tout en respectant la régularité des plages horaires de distribution. Une régularité difficile à assurer devant certains phénomènes comme les branchements illicites et les fuites des canalisations. Les pertes d’eau occasionnées par ces phénomènes ne sont pas précisées par les organismes de distribution d’eau potable. Comme la SEAAL, l’ADE ou les communes. Pourtant c’est facile à quantifier. Il suffit de collationner le volume de départ de la distribution à la facturation-clientèle. Autre exemple de pertes d’eau, la SEAAL a annoncé dans un communiqué avoir « diagnostiqué et réparé en 2022, plus de 550 fuites sur 2.000 km de réseaux ». 

Dans un autre communiqué, publié dimanche dernier, la même société affirme avoir effectué en 2024 «24.000 interventions pour la réparation des fuites sur le réseau de distribution et …la réparation de 11.855 fuites» au cours du premier semestre de cette année. En deux années, la SEAAL s’est bien ressaisie. Quant aux branchements pirates, dénoncés couramment par le passé, aucun chiffre, aucune information. Ni en milieu urbain, ni en milieu rural. Quant au lavage des voitures, c’est motus et bouche cousue. Il y a un autre phénomène plus récent qui est celui des piscines individuelles. Dans les villas. Là c’est vraiment injuste et condamnable. Remplir sa piscine alors que l’eau se fait rare et son tarif subventionné, est inqualifiable. En avril dernier, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, avait annoncé, lors d’une question orale à l’APN, « le lancement prochain de la version finale de la Charte des économies d’eau ». Dans l’attente, espérons que le cas des piscines individuelles est inscrit dans cette charte. Comment les découvrir à l’intérieur des villas ? À l’aide de drones, simplement ! Qui veut peut ! Logiquement et avec la rareté due au changement climatique, les conflits et les guerres que cela peut engendrer, dire qu’il faille criminaliser le gaspillage de l’eau n’est pas exagéré. Surtout quand on a toujours présent à l’esprit que l’eau c’est la vie ! 

Zouhir Mebarki

zoume600@gmail.com            

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