« La création est libre, vous avez liberté absolue dans vos créations artistiques à l’exception de ce qui porte atteinte à l’Algérie » ainsi s’est adressé, le 19 janvier dernier, le président de la République. Abdelmadjid Tebboune aux participants aux assises du cinéma. Un moyen attractif exceptionnel, une invitation aux esprits libres. Historique aussi. De quoi réveiller un mort. C’est le cas de le dire puisque notre cinéma est plongé dans le coma depuis des décennies. Un état confirmé par le Chef de l’État lorsqu’il date le « sommeil » en déclarant que le cinéma « doit retrouver son éclat et s’inspirer de son capital réalisé par une génération pionnière parmi les artisans du 7e art dans les années 70 du siècle dernier ». Tebboune a été plus loin encore. Il a promis de mettre tous les moyens matériels et financiers de l’État (« en devises fortes et en dinars algériens ») à la disposition des porteurs de projets de réalisations cinématographiques. Que demander de plus ? Rien, sinon le travail et l’effort pour atteindre la qualité. Débarrassés de ce souci, les gens du cinéma (artistes et techniciens) doivent maintenant se consacrer aux contenus. Aux scénarios. À l’interprétation, aux comédiens, aux acteurs. À ces métiers du cinéma qui exigent passion et formation. Des exemples existent dans notre histoire. Citons Hassan El Hassani, Rouiched, Chafia Boudraa, Mohamed Zinet, l’inspecteur Tahar, Mustapha Badie, Lakhdar Hamina, Laskri, et bien d’autres… Malheureusement, la relève n’a pas eu lieu. Il est vrai que la situation déplorable dans laquelle était plongé notre cinéma ne permettait pas l’arrivée de nouveaux surdoués. Aujourd’hui que la volonté politique pour une renaissance de notre 7ème art s’est exprimée au plus haut niveau et avec force, qu’elle est l’étape suivante ? Créer les moyens de découvrir les talents. Comme l’émission « Elhan Oua Chabab », qui a eu plusieurs vies. Ensuite ouvrir partout dans le pays des centres de formation des métiers du cinéma. Avec rigueur, résilience, exigence et professionnalisme, sans concession. Les gens qui ont fait la gloire du cinéma algérien ont, pour la plupart, disparu. Ceux qui sont encore en vie peuvent transmettre leurs savoirs et leurs expériences en encadrant les jeunes candidats à ces métiers passionnants. En leur démontrant, par exemple, la différence qui existe entre le comédien de théâtre et l’acteur de cinéma. Comme il faudra consacrer toute l’attention voulue à une solide formation des scénaristes qui manquent cruellement dans notre pays. Il est certain que parmi la multitude de cinéastes amateurs qui peuplent ce milieu artistique, beaucoup peuvent passer au professionnalisme. Il suffit de leur créer les conditions idoines, des moyens adéquats et des scénarios bien élaborés. Ce n’est pas tout. Beaucoup d’autres métiers sont indispensables. Citons l’accessoiriste, le constructeur de décors, le/la costumier/ère, l’électricien, le preneur de son, les effets spéciaux, etc. En postproduction aussi avec le bruiteur, le mixeur, l’étalonneur, etc. En préproduction également avec le repéreur, le casting, etc. C’est toute cette « ruche » qui fait un film. De sa composition dépend aussi la qualité du film. Répétons une nouvelle fois que Tebboune a promis le financement par l’État et la liberté de création. Que reste-t-il aux gens du cinéma à fournir ? La qualité ! Comment ? Par la découverte des talents. Ceux-ci existent même s’ils sont à l’état « brut ». Il suffit que des formateurs de haut niveau leur donnent les clés pour cultiver leurs dons et ils « crèveront l’écran ». Loin du bricolage. À toutes les étapes de cette « industrie » du cinéma qui est d’abord et avant tout un art. Il faut souligner que le cinéma comprend les réalisations télévisuelles. « L’incendie » ou « Dar S’bitar » adapté de la trilogie de Mohamed Dib et réalisé par Mustapha Badie en 1974 est un téléfilm culte (algérien à 100%). Aujourd’hui que « le nerf de la guerre » est assuré, place aux neurones pour d’autres chefs d’œuvre. Il faut y croire !
Zouhir Mebarki
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