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Un reporter dans la foule : 19 mars : ici on rit, là-bas on pleure

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On commencera par cette précision. À tous ceux qui dans un passé récent affirmaient qu’il était possible, aux Français et aux Algériens, d’écrire une histoire commune, il y a avec la journée du 19 mars la preuve irréfutable qu’il s’agissait d’une illusion. Peut-être même une chimère. Si en France c’est la journée du recueillement, le 19 mars en Algérie on fête la journée de la victoire. Plus grave, pour certaines communautés en France comme les pieds-noirs et les harkis, c’est un sentiment revanchard qui domine 63 ans après. Avec cette précision que le temps passant, il s’agit de leurs descendants. Autre précision, une autre communauté dont on parle peu, ce sont les juifs d’Algérie qui vivent dans la dissimulation mais néanmoins très actifs. Ces trois communautés ne s’aiment pas forcément mais ont un point commun, celui d’avoir perdu l’Algérie, leur « paradis ». Les Français de l’hexagone d’avant 1962 étaient eux, soulagés que la guerre d’Algérie prenne fin. Ils étaient même heureux de voir leurs enfants, faisant leur service militaire en Algérie, de retour à la maison. C’est parmi cette population majoritaire que se comptent les « amis de l’Algérie » qui ont aidé et soutenu la révolution algérienne. Il ne faut surtout pas croire qu’ils l’ont fait contre leur pays, la France. C’est tout à fait le contraire. Pour aider leur pays à se débarrasser d’un boulet que leur dirigeant, le Général De Gaulle, le sauveur de la France lors de la Seconde Guerre mondiale, s’efforçait à éloigner tout en gardant des liens privilégiés avec cette ancienne colonie. D’ailleurs les Français de France, appelés à donner leur avis sur l’indépendance de l’Algérie, par référendum le 8 avril 1962 (après le cessez-le-feu du 19 mars 1962) ont voté OUI à 91%. Un résultat sans équivoque. Deux remarques à ce sujet : la plupart des Français de France n’avaient jamais mis les pieds en Algérie. Seconde remarque rarement abordée, les colons d’Algérie étaient majoritairement composés d’Européens venus d’Italie, d’Espagne, de Malte. Il est à se demander pourquoi les Français de France ne sont pas parmi les colons ? Récapitulons, avec 91% de Français favorables à l’indépendance de l’Algérie, de quoi est formée cette opposition qui a été jusqu’à créer une milice (l’OAS) pour mettre à feu et à sang un pays que leurs ancêtres étaient venus OCCUPER pour s’enrichir ou se refaire une vie peu glorieuse dans leur patrie d’origine ? Ce sont les plus nombreux de nos ennemis. Viennent ensuite les membres de la communauté juive d’Algérie qui avaient fait le mauvais choix de la naturalisation accordéE par le décret « Crémieux » avec des plans secrets qu’ils avaient pour prendre à terme la direction du pays en soumettant et les Algériens et les pieds noirs européens antisémites. Quant aux harkis, ceux-ci sont destinés au rôle d’esclaves. Mais revenons aux Français de souche qui étaient à 91% pour l’indépendance de l’Algérie. C’est parmi eux que l’on retrouve ceux qui ont aidé les moudjahidine algériens. Il y a une précision à faire que très peu savent. Ce sont des patriotes français qui n’ont fait que leur devoir. Francis Jeanson, l’organisateur des porteurs de valises qu’un officiel algérien a tenu à féliciter, lui a rétorqué qu’il n’avait pas à le remercier car ce qu’il avait fait c’était pour sa patrie, la France. Cela paraît difficile à comprendre. Mais les historiens le savent tout comme le célèbre journaliste Jean-Louis Apathie qui a déclaré : « Nous ne savons pas pourquoi la France a conquis l‘Algérie ? « Nous ne connaissons pas réellement les motivations ». Il est regrettable que ce doute n’ait pas hanté nos historiens car au départ il s’agissait d’une expédition militaire « punitive ». Quelques jours après le débarquement, le Roi Charles X perd son trône. À ce moment-là, dit Apathie « personne ne sait quoi faire en Algérie ». Des propos lourds de sens en ce qu’ils interrogent sur ceux qui ont décidé d’occuper l’Algérie. Puis de la peupler d’Européens. Et enfin de la rattacher à la France. Une énigme que nous nous devons de résoudre. Pour savoir qui nous en veut et pourquoi ? Une haine tenace qui dure depuis 63 ans, sans perdre d’intensité, doit avoir une explication rationnelle. Dire que c’est l’extrême droite est simplificateur car elle regroupe des Français qui n’aiment pas nous recevoir chez eux. C’est tout. Le problème est avec ceux qui veulent nous déstabiliser de l’intérieur et à l’extérieur du pays. Qui sont-ils ? Pourquoi et dans quels buts ? Ce sont là les vraies questions que nous devons nous poser en ce jour de la victoire !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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