Le président Petro Porochenko a assuré que les Ukrainiens n’auraient pas froid en hiver grâce à son accord avec Vladimir Poutine sur la reprise de livraisons du gaz russe, à une semaine des législatives test pour le chef de l’Etat pro-occidental.
Il a également annoncé un accord avec Moscou en vue de rétablir le contrôle total de la frontière russo-ukrainienne, une condition clé, selon Kiev, pour pacifier l’Est séparatiste prorusse où le conflit a fait plus de 3.600 morts et où des combats continuent de faire rage. Ces déclarations rassurantes aux télévisions ukrainiennes, tard samedi, interviennent après les négociations vendredi à Milan avec Vladimir Poutine et des dirigeants européens.
A Donetsk, bastion des rebelles, de fortes détonations retentissaient dimanche à intervalle régulier depuis le secteur de l’aéroport, théâtre de vifs combats depuis plusieurs jours, rapportent des journalistes de l’AFP.
Le président Porochenko, élu en mai avec la promesse de rétablir la paix dans l’Est et normaliser les relations avec la Russie, est actuellement en campagne pour les législatives anticipées qu’il avait convoquées pour consolider son pouvoir. «Je peux dire que l’Ukraine aura du gaz, aura du chauffage», a déclaré M. Porochenko, alors que les températures ont brusquement chuté sur tout le territoire ukrainien samedi. A l’issue de ses entretiens à Milan vendredi avec M. Porochenko, M. Poutine avait aussi fait état de «progrès» et «d’accord sur les conditions de la reprise des livraisons du gaz, au moins en période hivernale».
Discussions sur la dette mardi à Bruxelles
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du géant gazier russe Gazprom, Sergueï Kouprianov, a souligné que l’accord de principe entre les deux présidents devaient être formalisé après la résolution de l’épineuse question de la dette. «Il dépend d’autres facteurs y compris du paiement de la dette», par l’Ukraine, a déclaré M. Kouprianov. Vladimir Poutine a indiqué vendredi que cette dette s’élevait à 4,5 milliards de dollars. Kiev dispute le montant de cette dette devant la cour d’arbitrage internationale de Stockholm. «Cela fera l’objet de discussions mardi à Bruxelles» au niveau ministériel, a souligné M. Kouprianov.
Le groupe russe Gazprom a coupé, en juin, ses livraisons de gaz à Kiev, qui refuse l’augmentation de prix décrétée par Moscou après l’arrivée au pouvoir de pro-européens en Ukraine en février, et a accumulé une lourde dette. Concernant le prix, «nous sommes arrivés à un accord, la position ukrainienne a été de facto acceptée: parlons uniquement de l’hiver et fixons un prix à 385» dollars pour 1.000 mètres cubes, a déclaré M. Porochenko. «Les Russes ont accepté». Il a expliqué que pour la période estivale, quand la demande est moins forte, Kiev souhaitait en revanche un prix à 325 dollars, ce que refuse Moscou. Le prix est actuellement de 485 dollars. Moscou a depuis longtemps proposé ce prix de 385 dollars pour 1.000 m3 (contre 485 actuellement), mais l’Ukraine refuse pour l’instant une réduction décrétée unilatéralement et insiste sur la rédaction d’un nouveau contrat commercial. M. Poutine avait demandé aux Européens, qui craignent des perturbations de leurs propres approvisionnements en raison du conflit, d’aider l’Ukraine, en difficultés financières, à régler sa dette gazière. Le ministre ukrainien de l’Energie, Iouri Prodan, a cependant indiqué samedi que Moscou refusait toujours que soit amendé le contrat commercial entre Gazprom et le distributeur gazier ukrainien Naftogaz.
Consultations des gardes-frontières
Concernant l’est de l’Ukraine, le président ukrainien a annoncé un accord avec la Russie en vue de rétablir le contrôle de la frontière russo-ukrainienne par les gardes-frontières ukrainiens, dont le travail est actuellement impossible en zone contrôlée par les séparatistes.
Des consultations sont prévues «lundi ou mardi» entre représentants des gardes-frontières des deux pays.
Kiev accuse la Russie de faire transiter dans l’Est rebelle ukrainien des armes et des combattants et d’y avoir déployé en août des troupes régulières, ce que Moscou dément.
Vladimir Poutine a indiqué vendredi être tombé d’accord avec la France, l’Allemagne et l’Italie sur l’utilisation de drones pour surveiller la frontière russo-ukrainienne.