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Ukraine : la surveillance du cessez-le-feu renforcée

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Moscou, Kiev et les Européens ont convenu, vendredi, d’instaurer un «contrôle efficace» du fragile cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, en augmentant à mille le nombre d’observateurs internationaux, qui se plaignent toutefois de ne pas pouvoir y circuler librement. Le cessez-le-feu entré en vigueur le 15 février reste très fragile, même si les chefs de la diplomatie allemande et russe ont constaté «des progrès», notamment dans le retrait des armes lourdes, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères russe. «Tous les acteurs de ce conflit, y compris la Russie», sont d’accord pour renforcer la mission de l’OSCE en Ukraine, pour atteindre mille observateurs, contre 450 actuellement dont 324 dans l’Est, a annoncé Frank-Walter Steinmeier après avoir parlé à Sergueï Lavrov. L’OSCE «aura également la possibilité de voir les lieux où sont entreposées les armes qui ont été retirées de la ligne de front», a continué le ministre allemand après une réunion de l’Union européenne à Riga. Selon lui, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine se sont entretenus de cette question par téléphone vendredi. Le secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe avait été invité à Riga pour exposer la situation dans l’est séparatiste ravagé par dix mois de conflit qui ont fait plus de 6.000 morts. «Il y a des zones que nous ne pouvons tout simplement pas atteindre», avait expliqué Lamberto Zannier à l’AFP avant son intervention. Il a posé comme «condition préalable au renforcement» de son contingent d’observateurs «d’avoir plus d’accès» notamment aux endroits où les armes lourdes sont entreposées, «pour éviter tout risque de voir l’accord (de cessez-le-feu) contourné». Si les deux parties font des «difficultés», c’est du côté des séparatistes prorusses qui tiennent les villes de Lougansk et Donetsk qu’il y a «le plus de blocages», a décrit M. Zannier. Vendredi soir, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a pour sa part relevé que le nombre de 500 observateurs initialement prévu il y a un an n’avait jamais pu être atteint.

Attentat à Kharkiv
L’UE et l’OSCE ont également discuté d’un renforcement de la surveillance aérienne, en augmentant le nombre de drones qui survolent la zone ou en recourant plus amplement aux images satellitaires, a-t-elle expliqué. Les accords de paix de Minsk 2 conclus le 12 février prévoient, outre un cessez-le-feu, un retrait de toutes les armes lourdes par les deux parties afin d’établir une zone tampon d’une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d’armes. Le processus a démarré avec retard, mais depuis un peu plus d’une semaine les deux parties assurent qu’il est en cours. «Les soldats ukrainiens ont commencé le retrait des systèmes de lance-roquettes multiples Ouragan», a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole militaire, Anatoli Stelmakh, après avoir indiqué auparavant que celui des canons de 100 millimètres était achevé. A Kharkiv, grande ville de l’est qui a été ces derniers mois le théâtre de plusieurs explosions, un attentat à la bombe a blessé le chef d’un groupe de volontaires pro-Kiev, ainsi que son épouse. Malgré une accalmie relative sur le terrain, des tirs sporadiques entre rebelles et armée ukrainienne sont relevés quasi quotidiennement dans l’Est. Tant que la situation ne se normalise pas, l’UE maintiendra les lourdes sanctions économiques imposées à la Russie, a assuré Mme Mogherini. L’UE accuse la Russie d’avoir fourni des armes et des troupes aux séparatistes, ce que Moscou nie avec force

Colombes et faucons
Mais le débat est vif entre des Européens divisés entre partisans de la plus grande fermeté -la Pologne, les pays baltes et la Grande-Bretagne- et ceux qui sont les plus mesurés comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, alors que ces sanctions, qui arrivent à échéance en juillet, doivent être renouvelées d’ici juin. «Nous allons préparer d’éventuelles nouvelles sanctions, qui pourront être imposées rapidement en cas de nouvelle action allant dans le sens d’une agression majeure», a assuré le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond. Mais «pour l’Espagne, ce n’est pas le moment d’accélérer les sanctions, il faut donner une chance à la paix», a au contraire estimé le ministre, José Manuel Garcia Margallo, à son arrivée à Riga. «Il serait paradoxal, alors même que (l’accord de) Minsk est appliqué, de renforcer maintenant les sanctions», a expliqué le ministre français Laurent Fabius. «S’il y a des coups de canif dans Minsk (…) l’arme des sanctions reste à notre disposition», a-t-il en même temps mis en garde. Ainsi, «une attaque contre Marioupol changerait les règles du jeu», a précisé M. Fabius. Kiev redoute que cette ville portuaire de 500.000 habitants ne soit la prochaine cible des séparatistes pro-russes. En Russie, la pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, en grève de la faim depuis 84 jours pour protester contre sa détention et «à bout de forces», a décidé de mettre fin à son action, selon son avocat.

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