L’inflation a atteint 58,9% sur un an en août en Turquie, au plus haut depuis décembre 2022, selon les données officielles publiées lundi.
La hausse des prix à la consommation, alimentée par la dépréciation de la livre turque, s’est établie à 9,1% sur un mois. L’inflation avait réaccéléré en juillet, à 47,8% sur un an, après huit mois de tassement.
L’inflation avait reflué à 38,2% sur un an en juin, son plus bas niveau en un an et demi, après avoir culminé à 85,5% en octobre 2022. Quoiqu’élevés, les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), selon lesquels la hausse des prix à la consommation s’élève à 128% en glissement annuel. La Banque centrale turque, qui a relevé son principal taux directeur de 8,5% à 25% depuis juin afin d’endiguer l’inflation, avait revu fin juillet ses prévisions pour la fin de l’année.
Selon elle, l’inflation atteindra 58% fin 2023 -plus du double des précédentes projections-, avant un retour à « la stabilité » à partir de 2025. « Nous savons que la lutte contre l’inflation prendra du temps. Nous sommes dans une période de transition. Nous ferons tout ce qui est nécessaire (resserrement monétaire, politique de crédit et politiques des revenus) pour contrôler l’inflation puis la faire refluer », a indiqué lundi sur X (ex-Twitter) le ministre turc de l’Économie, Mehmet Simsek.
« Chiffres d’inflation assez terribles. Cela va accroître la pression sur (la banque centrale) pour qu’elle augmente encore de manière significative son taux directeur », a jugé Timothy Ash, analyste au cabinet BlueAsset Management.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a nommé après sa réélection fin mai un nouveau ministre de l’Économie et une nouvelle gouverneure de la Banque centrale -deux nominations saluées par les milieux économiques-, pourrait s’opposer à un tel relèvement. Le chef de l’État turc, à rebours des théories économiques classiques, estime que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation.
La Turquie connaît une inflation à deux chiffres sans discontinuer depuis fin 2019, rendant le coût de la vie difficilement supportable pour de nombreuses familles.