Accueil MONDE Tunisie : en plus de l’état d’urgence sécuritaire, l’économique

Tunisie : en plus de l’état d’urgence sécuritaire, l’économique

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Un signe de grande inquiétude dans les hautes sphères du pays. Le président Béji Caïd Essebsi a ciblé le terrorisme mais aussi les grévistes. La décision a tardé. Quelques heures après l’attentat commis à l’hôtel Riu Imperial Mahraba, qui a fait 38 morts, l’état d’urgence est évoqué. Refus présidentiel. Pas question de rappeler à l’opinion internationale qu’un terroriste peut, par son seul geste, contraindre la République à utiliser l’arme constitutionnelle suprême. Depuis une semaine, le sujet est revenu plusieurs fois sur la table de Carthage. Et in fine, il a été accepté en raison de la multiplication des menaces terroristes imminentes. Le Premier ministre, Habib Essid, a concédé à la BBC que les forces de l’ordre avaient failli lors de l’attentat, mettant près de trente minutes pour intervenir et neutraliser le tueur. Leurs pouvoirs sont déjà élargis. La télévision d’État, la Wataniya, a diffusé des spots vantant l’action du ministère de l’Intérieur contre les djihadistes avec ce slogan : «Vos armes ne nous font pas peur.»

L’économique dans le collimateur
Prévu à 17 heures, le discours à la nation concernant l’état d’urgence (une obligation inscrite dans la Constitution) a pris du retard. À 17 h 33, la télévision nationale meuble l’antenne. Finalement, quand il intervient, le président Béji Caïd Essebsi aligne les raisons qui justifient cette décision : « La plupart des grèves sont illégales. » L’état d’urgence donne le pouvoir aux 24 gouverneurs d’interdire les grèves. Et de citer les mouvements qui paralysent le bassin minier qui extrait le phosphate à Gafsa, Redeyef… Le président évoque une « désobéissance civile». Ce qui donne le droit aux forces sécuritaires d’intervenir pour y mettre fin. Le chef de guerre contre l’intégrisme, élément de langage utilisé par son entourage, devient également un chef de guerre contre la multiplication des conflits (grèves des examens de fin d’année des enseignants du primaire, grèves dans le secteur de la santé…) qui mine l’administration pléthorique (plus de 600 000 fonctionnaires pour un pays de 10,6 millions d’habitants).

Les rassemblements sont interdits
Le 5 juillet, quatre-vingts mosquées hors contrôle ne le seront plus, selon la promesse faite par le ministre des Affaires religieuses. Une opération qui vise quatre-vingts bâtiments disséminés dans tout le pays. Une opération qui ne se fera pas aisément. À Sousse, à la suite de l’éviction d’un imam, des manifestations ont éclaté. Et les imams salafistes hors contrôle n’accepteront pas de perdre le pouvoir du prêche. BCE a insisté sur le fait que « la Tunisie n’a pas la culture du terrorisme », puis de cibler la Libye. Il déplore le manque de coopération entre les pays, demande aux pays amis de soutenir la nation.

Un discours « décalé »
Le président n’a pas évoqué la situation sociale qui mine les fondations du pays. Pas un mot pour la jeunesse défavorisée, proie facile pour les recruteurs du terrorisme, Daesh ou Aqmi. Pas un mot pour les régions marginalisées qui attendent depuis des décennies des plans de développement. L’état d’urgence permet à l’État, depuis le décret du 26 janvier 1978 (Habib Bourguiba était président), d’interdire les mouvements, les grèves, les réunions publiques, de décréter la fermeture des salles de spectacle, le contrôle des médias… Sa durée est fixée par la loi à trente jours. Renouvelable. Désormais, la police et l’armée ont des pouvoirs accrus. Sous la houlette du président de la République

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