Un camion immatriculé au Maroc, transportant une quantité impressionnante de cannabis a été intercepté, dans la nuit de vendredi à samedi, à l’est de Lyon (France), rapporte le journal régional français Le Progrès.
Des éléments de l’Office anti-stupéfiants (OFAST), accompagnés par des policiers de la Division de la criminalité organisée et spécialisée, ont interrompu une livraison portant sur 500 kg de résine de cannabis, précise le journal, affirmant que trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Selon Le Progrès, cette demi-tonne de résine de cannabis aurait une valeur estimée à plus de 4 millions d’euros, sur le marché de la revente illicite de stupéfiants. Cette nouvelle saisie, la deuxième en moins d’une semaine, confirme la « vile place » du Maroc en tant que premier producteur et plaque tournante du trafic de cannabis vers l’Europe. Jeudi, la police espagnole avait annoncé le démantèlement d’un réseau de trafic de stupéfiants qui acheminait du cannabis à destination de l’Espagne depuis le Maroc à l’aide d’aéronefs sans pilote. Depuis plusieurs années, le Maroc règne en maître sur le marché mondial de la résine de cannabis.
« 40% du haschich consommé dans le monde provient du Maroc»
Les rapports internationaux, y compris ceux des agences des Nations unies, indiquaient que 40% du haschich consommé dans le monde et 80% du haschich consommé en Europe provenait du Maroc. En avril, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a tiré la sonnette d’alarme sur la forte hausse que connait le trafic de drogue au Sahel, précisant que la résine de cannabis, une des trois drogues les plus répandues dans la région, provient du Maroc où une augmentation de la production a été signalée. Des données des pays du Sahel montrent que « la résine de cannabis trafiquée dans la région provient généralement du Maroc où une augmentation de la production a été signalée, atteignant environ 901 tonnes en 2022 », a précisé le rapport, relevant que cette drogue est « généralement destinée aux pays d’Europe occidentale et du Nord ». La demande mondiale explosant, les zones de culture du cannabis au Maroc se sont en effet étendues, ces dernières années, notamment au Rif où la survie de milliers de personnes dépend de cette activité. En 20 ans, la région avantageusement située aux portes de l’Europe, est devenue son « grenier à kif ». En dépit de la pression internationale, le royaume a toujours toléré cette pratique, tirant avantage de la manne économique non négligeable qu’elle représentait et de la paix sociale qu’elle permettait d’instaurer dans cette région, traditionnellement frondeuse. Dans un ouvrage consacré à « l’économie de la drogue et réseaux de corruption au Maroc », deux chercheurs européens ont affirmé que les profits générés par le trafic de haschisch et de drogue dure sont d’une ampleur financière telle qu’ils permettent au Royaume de nourrir la corruption.
R. I.