C’est désormais chose faite : un décret vient d’être adopté, mercredi passé, par le Conseil des ministres. Ses dispositions, destinées à «réconcilier les Algériens avec la mer», selon la formule très accrocheuse, visent, en termes clairs, à réglementer les activités de plaisance en milieu maritime, en accordant aux investisseurs privés le droit de s’y adonner.
Lesdites activités tendent à promouvoir le transport maritime urbain, les balades en mer, la création de bateaux-restaurant amarrés à quai, ou itinérants, à encadrer l’usage des jet-ski, et à lancer le pescatourisme (terme d’origine italienne traduisible en pêche touristique). La Fédération algérienne de plaisance et de motonautisme, pas encore destinatrice du contenu de ce projet, a été l’une qui en a appelé, via une médiatisation cathodique, aux pouvoirs publics de mettre un terme à l’anarchie sévissant dans ce secteur. En dépit de l’existence d’un seul port de plaisance en Algérie, celui de Sidi-Fredj, à la capacité saturée, le ministère des Transports et Travaux publics (MTTP) semble décider à faire en sorte que les loisirs maritimes soient au niveau requis. En attendant la création de marinas, pas encore à l’ordre du jour en ces temps de vaches maigres, il sera procédé à l’exploitation de la mixité caractérisant les ports déjà opérationnels à travers le territoire national, à savoir la pêche et la plaisance, et ce, en dépit que la capacité de ceux-ci est en deçà des attentes visant de contenir le «gigantisme» des engins marins dédiés à cette tâche. Déjà, des prétendants se sont manifestés pour investir dans la plaisance: deux demandes ont été déposées au niveau de la wilaya d’Alger, et qui seront examinées par une Commission qui sera installée la semaine prochaine, comme indiqué par le directeur général de la Marine marchande et des ports, auprès du ministère des Transports et Travaux publics, Mohammed Ibn-Boushaki, lors de son passage à «l’Invité de la Rédaction» de la Radio nationale. Ce qui n’est pas négligeable en un laps de temps aussi court, de l’adoption du décret à ce jour, cinq jours seulement. «Réconcilier les Algériens avec la mer», formule contestable en vérité, car les Algériens sont au contraire très proche de la mer, que ce soit en y baignant ou on la traversant, pour devenir les fameux harraga, mais passons !, est une perspective qui a eu déjà son baptême du feu à travers les lignes maritimes. Comme en témoignent celles reliant les wilayas du littoral, joignant, dans les deux sens, Alger à El-Djamila, puis à Béjaïa. En guise d’extension de cette dernière, il est prévu jusqu’au port de Djendjen, et inaugurer une troisième reliant, cette fois, la Capitale à Tipasa et Cherchell. Il fait également état de la création d’une ligne entre le port d’Oran et celui d’Aïn-et-Turk. L’apport des ports secs n’est pas à négliger pour que les trajets maritimes, certes fortement concurrencés par les lignes aériennes, deviennent le nouveau moyen de transport, saisonnier comme première étape, des Algériens.
Car outre l’objectif de les réserver à l’exportation, les ports secs peuvent devenir, aussi, une ouverture vers l’Afrique, une option très envisageable du fait également des visions d’exportation sur lesquelles tablent pouvoirs publics comme expérience à capitaliser dans le domaine de développer l’exportation comme créneau de substitution de l’importation. Alger-Tunis, une ligne fonctionnelle du temps de la CNAN avant sa restructuration, est l’une des priorités, que motive l’afflux certain des nationaux vers la destination tunisienne.
Zaid Zoheir