Accueil ACTUALITÉ TRAGÉDIE À L’OMBRE DU CESSEZ-LE-FEU : 20 000 personnes disparues à Ghaza

TRAGÉDIE À L’OMBRE DU CESSEZ-LE-FEU : 20 000 personnes disparues à Ghaza

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Deux ans après le déclenchement de la guerre d’extermination menée par l’entité sioniste contre Ghaza, la douleur ne s’estompe pas. Elle s’enfonce dans les ruines, dans le silence des gravats, dans le regard des survivants qui continuent de chercher les leurs. Malgré l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, les chiffres de la tragédie ne cessent d’augmenter : plus de 200 corps viennent d’être retrouvés sous les décombres, tandis qu’environ 20 000 personnes demeurent portées disparues.
Les équipes de secours, harassées mais déterminées, poursuivent leurs fouilles dans le nord et le centre du territoire. La majorité des corps ont été découverts à Ghaza-Ville, théâtre d’intenses bombardements durant les derniers mois de la guerre génocidaire. Des scènes d’une horreur indicible accompagnent chaque découverte : familles entières ensevelies, enfants serrant encore dans leurs bras les jouets qu’ils n’ont jamais quittés, quartiers entiers transformés en cimetières. Cette macabre opération de recherche se déroule alors que les habitants commencent timidement à regagner leurs quartiers détruits. Mais pour beaucoup, ce retour ressemble davantage à une traversée du deuil qu’à un signe d’espoir. L’UNRWA rapporte que plus de 80 % des bâtiments du territoire ont été détruits ou gravement endommagés, et que presque toutes ses infrastructures ont subi des dégâts majeurs. Dans un Ghaza pulvérisé, où les hôpitaux manquent de tout, la survie tient du miracle.

Une « fin de guerre » qui ne met pas fin à la mort
Depuis l’annonce du cessez-le-feu, des foules de familles errent dans les rues éventrées de Ghaza-Ville, fouillant les ruines à la recherche d’un signe, d’un corps, d’une preuve d’existence. Leurs cris se mêlent au bruit des pelles et aux sirènes des ambulances. Le calme apparent cache mal la poursuite du drame. Les Nations unies estiment à plus de 9 000 le nombre de disparus recensés depuis le début de la guerre, mais les autorités locales parlent d’un chiffre deux fois supérieur. Le bureau gouvernemental de Ghaza accuse l’armée israélienne d’avoir dissimulé des preuves de massacres de masse, notamment en refusant de communiquer toute information sur les corps de prisonniers ou de civils exécutés. Plusieurs fosses communes ont déjà été découvertes dans les zones précédemment occupées par les troupes israéliennes.

Les camps, foyers de désolation
Au camp d’Al-Shati, sur la côte ouest, les habitants découvrent l’ampleur de la destruction. Des dizaines d’habitations ont été rasées lors de bombardements intensifs. Les survivants reviennent sur les lieux du désastre, parfois pour ne plus retrouver que des ruines calcinées. Hani Khalil, un père de famille, raconte avoir quitté sa maison quelques heures pour chercher de la nourriture. À son retour, il n’a trouvé qu’un amas de béton : sa femme et ses quatre enfants reposaient dessous. « J’attendais le cessez-le-feu pour les récupérer, pour leur donner une tombe », confie-t-il d’une voix brisée Dans les ruelles d’Al-Shati, l’odeur des corps en décomposition flotte dans l’air. Les habitants creusent à mains nues, sans engins, espérant sauver un voisin, un enfant, ou simplement offrir une sépulture à ceux que la guerre a effacés.

Des secours épuisés et sans moyens
Mahmoud Basal, porte-parole de la Défense civile palestinienne, décrit une situation dramatique : « Nos équipes manquent de tout. L’occupation a interdit depuis des années l’entrée de matériel lourd. Nous travaillons avec des outils rudimentaires, parfois à mains nues, dans des conditions extrêmement dangereuses. » Les secouristes, appuyés par des bénévoles, tentent de cartographier les zones les plus touchées — notamment Cheikh Radwane et Al-Shati — où des « ceintures de feu » ont anéanti des blocs entiers d’habitations. Basal redoute que de nouvelles fosses communes ne soient découvertes dans les zones précédemment contrôlées par l’armée israélienne : « Nous ne pouvons même pas identifier la majorité des corps. L’odeur, la poussière et le manque de matériel rendent le travail presque impossible. »

Une société brisée, un territoire à genoux
À Ghaza, la guerre a tout dévasté — les maisons, les hôpitaux, les écoles, mais surtout les liens humains. Plus d’un demi-million de personnes sont sans abri, des dizaines de milliers sont mutilées ou traumatisées. Les psychologues parlent d’un « peuple en état de choc permanent ». Dans les rues, la poussière se mêle à la cendre, et les enfants jouent à côté des cratères laissés par les bombes. L’accord de cessez-le-feu permanent, conclu sous médiation égyptienne, qatarie et turque, prévoit le retrait progressif des troupes israéliennes et le retour des déplacés. Mais dans la mémoire collective, la méfiance domine. Les habitants savent trop bien que les trêves précédentes ont souvent été brisées. Aujourd’hui, malgré la fin des bombardements, la mort continue de se manifester chaque jour à travers les fouilles, les hôpitaux débordés et les cris des survivants. À Ghaza, la frontière entre la vie et la mort s’estompe. Les vivants, les morts et les disparus cohabitent dans un même espace de poussière et de douleur, tandis que le monde, épuisé par la répétition des horreurs, détourne lentement le regard. Le cessez-le-feu a arrêté le bruit des bombes, mais pas celui des pelles. À Ghaza, le silence n’est pas la paix — il est seulement la respiration d’un peuple qui continue de compter ses morts.

67 806 martyrs
Selon les dernières statistiques publiées dimanche par des sources médicales dans la bande de Ghaza, le nombre total des victimes de l’agression israélienne s’élève à 67 806 martyrs et 170 066 blessés depuis le 7 octobre 2023. Les mêmes sources précisent que 124 martyrs — dont 117 retrouvés sous les décombres — et 33 blessés ont été transférés vers les hôpitaux du territoire au cours des dernières 24 heures. De nombreux corps restent piégés sous les ruines ou sur les routes, les équipes d’ambulance et de défense civile étant incapables d’y accéder faute d’équipement et à cause des destructions massives. Parallèlement, des centaines de milliers de déplacés entament un retour difficile vers leurs quartiers dévastés. Selon un rapport local, ces familles empruntent à pied les axes de la côte — notamment les rues Al-Rachid et Salah Eddine, sur plus de sept kilomètres — souvent sans même avoir de maison où rentrer. Ces zones ont été le théâtre de massacres durant la guerre, lorsque les troupes israéliennes ont bombardé des civils en fuite du nord vers le sud. La famine imposée par le blocus a déjà causé la mort de 460 civils, dont 154 enfants. L’UNRWA confirme que 1,9 million de Palestiniens ont été déplacés de force depuis le début de la guerre, la majorité ayant dû fuir à plusieurs reprises. Les Nations unies estiment qu’au moins 1,2 million de personnes ont été déracinées rien qu’à Ghaza depuis mars dernier. Le 11 août, l’armée israélienne a lancé un vaste assaut contre les quartiers de Ghaza, utilisant des robots piégés, des tirs d’artillerie et des bombardements massifs dans une campagne visant à réoccuper le reste du territoire. Enfin, selon le Bureau de la coordination humanitaire des Nations unies (OCHA), 88 % de la superficie totale de la bande de Ghaza — soit environ 360 km² abritant 2,3 millions d’habitants — est désormais soumise à des ordres d’évacuation israéliens, équivalant à un déplacement forcé à grande échelle. Dans cette accumulation de chiffres, d’histoires et de poussière, une vérité s’impose : Ghaza respire encore, mais à travers la mort. La trêve, en suspendant les bombes, n’a pas arrêté la tragédie — elle en a simplement révélé toute l’étendue.
M. Seghilani

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