Des repas consistants et réconfortants pour soutenir le personnel soignant dans sa noble et dure mission de lutte contre le coronavirus (Covid-19), est l’initiative lancée par des bénévoles de la commune de Tizi-Ouzou, pour contribuer à l’effort de lutte contre cette pandémie.
Il était moins de dix heures à l’Institut national de formation supérieure des sages femmes (ex Ecole nationale de formation paramédicale) de Tizi-Ouzou qui était quasiment vide. L’accès vers le réfectoire et la cuisine est fermé par des bandes de sécurité. Un bénévole qui a requit l’anonymat et avec qui l’APS avait rendez-vous, arrive quelques minutes plus tard. «L’accès vers la cuisine est passé au tamis afin de garantir l’hygiène des lieux, personne ne peut y accéder sans porter une bavette se désinfecter les mains et les chaussures et porter une charlotte et une combinaison de protection» a-t-il lancé d’emblée en ajoutant, ‘’ne mentionnez pas mon nom, nous sommes des bénévoles et nous voulons médiatiser notre action pour que d’autres s’en inspirent et non pas pour en tirer gloire». Des affiches rappelant les gestes barrières et du gel hydro-alcoolique sont mis à la disposition des bénévoles. Cette tâche, aussi importante qu’elle soit, à même suscité de l’assigner à quelqu’un qui serait chargé uniquement de veiller au grain et de rappeler à l’ordre tout bénévole qui ferait signe de relâchement. ‘’L’idée de cuisiner des repas pour le personnel soignant est née d’une discussion entre amis sur la façon d’aider le corps médical qui est au front contre le Covid-19. Nous avons aussi appris que ces soignants récupèrent mal et ne se nourrissent pas suffisamment bien, pour pouvoir assurer quotidiennement, pendant de longues heures, de soins et de garde’’ a-t-il expliqué. L’adhésion de bénévoles d’autres quartiers à ce projet solidaire n’a pas tardé, et une équipe aussitôt formée a contacté les responsables du Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed pour leur proposer ses services, a indiqué ce même interlocuteur qui a souligné qu’au départ les repas devaient être préparés dans une salle des fêtes mise à leur disposition par un bienfaiteur. ‘’finalement le CHU nous a préposé l’Institut des sages femmes situé à proximité et qui dispose d’une très grande cuisine’’. Pour respecter les mesures barrières contre la propagation du Covid-19 et limiter le regroupement de personnes, les bénévoles ont limité leur nombre à 20. «Ce nombre suffisant pour la répartition des différentes taches, de l’approvisionnement à la distribution des repas’’, a ajouté ce même bénévole.
Plus de 300 repas préparés quotidiennement
Plus de 300 repas dont 100 pour le déjeuner et plus de 200 pour le dîner sortent quotidiennement des cuisines de l’Institut national des sages femmes, pour être remis au personnel soignant du CHU, des autres établissements de santé et du laboratoire de dépistage ouvert par l’université Mouloud Mammeri au niveau de la faculté de médecine. Sept bénévoles dotés d’une tenue de protection complète fournie par le CHU, à leur tête un cuisinier professionnel, Helli Sofiane, et un aide-cuisinier, Hadouche Yazid, sont affectés à la cuisine et s’occupent exclusivement de la préparation des repas. Ces derniers étaient afférés à préparer le déjeuner, une Tchektchouka et des abats en sauce. Pour le dîner, les soignants auront droit à un couscous au poulet préparé dans les règles de l’art avec de l’huile d’olive, a-t-on appris de Sofiane et Yazid. Les ingrédients nécessaires à la préparation des repas proviennent, eux aussi, de bienfaiteurs anonymes, a-t-on appris sur place. L’association des grossistes de Tizi-Ouzou et d’autres commerçants et bienfaiteurs ont fournit les produits nécessaires (tomates en conserve, légumes secs, couscous) et les agriculteurs assurent l’approvisionnent en fruits et légumes et autres produits agricoles, a-t-on ajouté. «Un éleveur de Oued Aissi, nous fournit quotidiennement entre 20 et 25 litres de lait frais de vache et nous avons aussi reçu un don de 40 litres d’huile d’olive d’un autre agriculteur», ont souligné les deux cuisiniers qui ont remercié tous ceux qui contribuent à la réussite et au maintient de cette action de solidarité. «Sans ces dons nous ne pourront pas assurer les repas», on-t-il relevé en soulignant tout de même un manque pour ce qui est des desserts. «Ces jours-ci le dessert est une bouteille de limonade», a indiqué Sofiane, ajoutant en souriant «aujourd’hui nos soldats de la santé auront droit à un flan». Cette action de solidarité ne se limite pas au personnel soignant mais touche également les gens de la rue, puisqu’un quota d’une vingtaine de repas leur est réservé et remis par les bénévoles, on fait savoir Yazid et Sofiane. Une entrée, qui est un hors d’œuvre riche, une macédoine ou une entrée chaude, un plat consistant avec des protéines et un dessert ainsi qu’une bouteille d’eau composent le menu quotidien concocté par les bénévoles. «Les plats cuisinés sont mis dans des barquettes puis dans des sacs, qui sont déposés pour que les soignants viennent les récupérer sans que nous ayons un contact avec eux», a raconté le bénévole qui a requit l’anonymat. Outre ceux qui sont affectés aux fourneaux, le reste des volontaires est réparti en équipes dont une pour la mise en boîte des repas, une pour le nettoyage et une chargée de la distribution. Tous les bénévoles engagés dans cette action de solidarité ont bénéficié d’un dépistage de Covid-19, effectué par le laboratoire ouvert à la faculté de médecine, a observé ce même interlocuteur. Les volontaires rencontrés à l’institut national de sages-femmes ont souligné que «les médecins, infirmiers et tous ceux qui soignent les malades atteints de Covid-19, sont les soldats de cette bataille contre la pandémie, nous n’avons pas le droit de les laisser seuls nous devons les protéger, les encourager et les soutenir chacun comme il le peut’’. Ils ont souhaité que cette initiative et d’autres actions de solidarité se généralisent mais dans le respect des mesures contre la propagation du coronavirus notamment le regroupement de personnes.