La Russie a accusé vendredi les états-Unis de refuser de partager avec le Conseil de sécurité des Nations unies des documents relatifs à l’accord américano-russe sur la cessation des hostilités en Syrie.
La déclaration russe est intervenue quelques heures après l’annulation, à la demande des états-Unis et de la Russie, d’une réunion du Conseil de sécurité au cours de laquelle les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil devaient examiner à huis clos l’opportunité de soutenir l’accord américano-russe sur la Syrie. Les ambassadeurs américain et russe devaient présenter à leurs partenaires les détails de l’accord, qui n’ont pas encore été rendus publics.
à la demande des états-Unis et de la Russie, la présidence du Conseil a annulé les consultations, a indiqué la mission de la Nouvelle-Zélande, qui préside le Conseil en septembre. L’ambassadeur de la Russie, Vitali Tchourkine, a souligné que le Conseil ne serait pas en mesure de soutenir l’accord par l’adoption d’une résolution s’il ne recevait pas les informations nécessaires sur le contenu de l’accord.
Nous n’allons très probablement pas avoir de résolution au Conseil de sécurité, parce que les états-Unis ne veulent pas partager ces documents avec les membres du Conseil de sécurité, a déclaré M. Tchourkine à des journalistes. Nous pensons que nous ne pouvons pas leur demander de soutenir un document qu’ils n’ont pas vu, a-t-il expliqué. L’accord comporte une trêve, instaurée lundi, qui doit permettre de livrer nourriture et médicaments aux localités syriennes assiégées, à commencer par les quartiers rebelles de la cité septentrionale d’Alep, principal front du conflit. Si la trêve tient assez longtemps, Moscou et Washington doivent aussi amorcer une coopération militaire, en particulier se coordonner pour cibler les groupes jihadistes. L’accord, conclu le 9 septembre, vise à favoriser une solution au conflit qui a fait plus de 300 000 morts en plus de cinq ans selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Mais la trêve a connu vendredi ses plus sérieux accrocs depuis son entrée en vigueur, les livraisons d’aide humanitaire n’ont pas encore pu commencer et les relations se sont tendues entre Américains et Russes. Faute de garanties de sécurité, des camions remplis de nourriture et de médicaments pour les habitants d’Alep-est sont toujours bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne. Les états-Unis sont réticents à communiquer à l’ONU les détails de l’accord, en arguant de leurs préoccupations pour la sécurité de certains des groupes armés que les Américains soutiennent en Syrie. Un porte-parole de la mission américaine à l’ONU a expliqué ainsi l’annulation de la réunion du Conseil. Comme nous n’avons pas pu nous mettre d’accord sur une manière de rendre compte au Conseil qui ne compromettrait pas la sécurité opérationnelle, la réunion a été annulée, a-t-il dit. M. Tchourkine a déclaré qu’il avait présenté deux projets de résolution avalisant l’accord américano-russe, mais que la partie américaine avait tenté d’y introduire des modifications.
à leur manière typique, (les Américains) sont arrivés avec quelque chose de complètement différent – essayant d’interpréter et de réinterpréter l’accord, a accusé le diplomate russe. Ils n’agissent pas bien, a-t-il estimé. Le secrétaire d’état américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov doivent participer mercredi à une réunion ministérielle du Conseil de sécurité, en marge de la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies.