Les pourparlers de paix menés sous l’égide de l’ONU afin de mettre un terme au conflit syrien, ont été reportés au 20 février, a annoncé mardi au Conseil de sécurité le médiateur onusien en Syrie.
L’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a expliqué lors d’une réunion à huis clos que le report donnerait davantage de temps à l’opposition syrienne pour qu’elle se prépare et permettrait aux pourparlers d’être aussi ouverts que possible, ont indiqué deux diplomates à l’AFP. Les négociations de Genève devaient démarrer le 8 février, mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait annoncé la semaine dernière leur report, sans autres précisions.
La Russie, la Turquie et l’Iran, qui ont obtenu fin 2016 un cessez-le-feu, ont organisé la semaine dernière à Astana, au Kazakhstan, une rencontre réunissant pour la première fois depuis le début de la guerre civile, il y a six ans, des représentants du régime et des combattants rebelles. Staffan de Mistura a présenté mardi au Conseil son rapport sur les préparatifs des pourparlers de Genève sur fond de craintes que les rencontres d’Astana ne représentent un canal de négociation parallèle. « Nous voulons donner une chance à la fois au gouvernement (syrien), pour qu’il s’engage sérieusement dans les pourparlers, et à l’opposition (…) pour qu’elle ait la possibilité de se présenter avec une position unifiée », a expliqué Staffan de Mistura à des journalistes à l’issue de la réunion. « Si le cessez-le-feu devient aussi solide que nous l’espérons, cela ne fera qu’aider les pourparlers sur la Syrie ». Mais, a prévenu l’envoyé spécial des Nations unies, « si d’ici le 8 février l’opposition n’est pas prête à se présenter unie, je vais devoir (…) sélectionner la délégation pour qu’elle soit aussi inclusive que possible ».
Inquiétudes
Staffan de Mistura avait rencontré lundi la nouvelle ambassadrice américaine auprès de l’ONU Nikki Haley pour parler de la Syrie. Les invitations pour assister aux négociations de Genève seront envoyées le 8 février, a précisé Staffan de Mistura au Conseil de sécurité, selon des diplomates. « Nous étions inquiets face au retard des pourparlers de Genève et nous serions inquiets si les fondements de ces pourparlers étaient amoindris », a déclaré avant la réunion l’ambassadeur britannique auprès des Nations unies, Matthew Rycroft. « Il est très important qu’on nous confirme que l’ONU mènera le prochain round de négociations », a souligné l’ambassadeur suédois Olof Skoog, qui tient la présidence tournante du Conseil en janvier.
Durant la rencontre à Astana, la Russie, principal allié de la Syrie, a présenté aux rebelles un projet de Constitution, que ces derniers ont immédiatement rejeté. Un geste unilatéral de Moscou qui a inquiété les grandes puissances occidentales. « L’ONU doit être au coeur du processus politique », a déclaré l’ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre.
Ce dernier a appelé à respecter le communiqué de Genève, accordé avec la Russie, qui appelle à un processus de transition politique en Syrie. « Nous commençons avec une transition, puis une Constitution, puis les élections », a souligné l’ambassadeur français. « Si nous restons tous sur cette ligne, alors nous pouvons avancer ». Les précédents pourparlers menés sous l’égide de l’ONU ont échoué autour des désaccords sur la transition à Damas et le sort du président syrien Bachar al-Assad.