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Syrie : la Turquie continuera de cibler les combattants kurdes

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La Turquie continuera de viser les combattants kurdes dans le nord de la Syrie, tant qu’ils n’auront pas reculé à l’est de l’Euphrate, a prévenu lundi son ministre des Affaires étrangères, au sixième jour d’une offensive des forces turques dans le pays voisin.

«Les YPG (Unités de protection du peuple kurde), comme les Etats-Unis l’ont promis, et eux-mêmes l’ont déclaré, doivent repasser à l’est de l’Euphrate dès que possible, et tant qu’ils ne le feront pas ils (resteront) une cible», a affirmé Mevlüt Cavusoglu lors d’une conférence de presse avec son homologue néerlandais Bert Koenders. Mercredi dernier à Ankara, le vice-président américain Joe Biden avait déclaré avoir «dit très clairement» que les forces kurdes «doivent retraverser le fleuve» et «n’auront, en aucune circonstance, le soutien des Etats-Unis si elles ne respectent pas leurs engagements».
La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, est farouchement hostile à l’idée que les Kurdes syriens forment une ceinture continue le long de sa frontière.
Ankara considère le Parti de l’Union démocratique (PYD) et sa branche armée, les YPG, comme des organisations «terroristes», bien qu’elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les jihadistes, par Washington, allié traditionnel de la Turquie. M. Cavusoglu a, par ailleurs, accusé les YPG de procéder à un «nettoyage ethnique». «Dans les endroits où ils se rendent, les YPG forcent tout le monde à migrer, y compris les Kurdes qui ne pensent pas comme eux, et procèdent à un nettoyage ethnique», a-t-il déclaré.
Selon lui, la zone autour de la ville de Minbej, à l’ouest de l’Euphrate, et récemment reprise par les YPG à l’EI, est majoritairement arabe.
Dimanche, la Turquie a annoncé avoir tué 25 «terroristes» kurdes lors de frappes aériennes dans le nord de la Syrie, dans le cadre de l’opération «Bouclier de l’Euphrate» visant officiellement à la fois les milices kurdes et le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 40 civils ont été tués dans les bombardements turcs, des allégations fermement démenties par Ankara.
Le chef de la diplomatie turque a également salué le succès de l’opération éclair dans la localité de Jarablos, reprise à l’EI dès mercredi dernier par des rebelles syriens soutenus par Ankara. «L’objectif de cette opération (…) est de nettoyer la région du groupe terroriste Daech (acronyme arabe de l’EI)», a-t-il déclaré. L’armée turque dispose actuellement d’une cinquantaine de chars et de centaines de soldats sur le sol syrien dans le cadre de cette offensive, lors de laquelle un premier soldat turc a été tué samedi.

Erdogan vise autant les Kurdes que l’État islamique
De son côté le président turc a affirmé que l’armée entendait lutter avec «la même détermination» contre les deux groupes. Les Kurdes sont soutenus par les États-Unis.
C’est sans doute ce que craignait Jean-Marc Ayrault lorsqu’il a appelé la Turquie à résister à la «tentation» de régler la question kurde en Syrie. Ce dimanche, le président Erdogan a affirmé que les cibles de l’intervention militaire turque en Syrie étaient autant les milices kurdes que les factions de l’État islamique, lors d’un discours à Gaziantep. «Nous avons la même détermination» à combattre le Parti de l’Union démocratique (PYD) en Syrie que l’EI, a lancé Recep Tayyip Erdogan devant la foule, une semaine après un attentat qui a tué 55 personnes dans cette ville proche de la frontière syrienne.
«Nous n’accepterons aucune activité terroriste à, ou près de, nos frontières», a-t-il insisté après avoir présenté ses condoléances aux familles endeuillées. Une cinquantaine de chars et des centaines de soldats turcs sont entrés en Syrie pour l’opération «Bouclier de l’Euphrate», lancée mercredi par Ankara et visant à la fois l’EI et les combattants kurdes. Évoquant le souhait d’Ankara de «chasser Daech (acronyme arabe de l’EI) de Syrie», Erdogan a ajouté : «Nous sommes là pour cela à Jarablos et à Bachiqa. Nous ferons preuve de la même responsabilité dans d’autres zones si nécessaire». Le président turc faisait référence à la localité syrienne reconquise ces derniers jours avec l’opération turque et à une localité du nord de l’Irak où l’armée turque a frappé en janvier des positions djihadistes.
«Concernant le groupe terroriste PYD en Syrie, nous avons la même détermination», à les combattre, a ajouté le président. «Les organisations terroristes qui pensent pouvoir mettre ce pays à genoux verront demain les grenades qu’ils ont dégoupillées exploser dans leurs propres mains», a poursuivi M. Erdogan. Dimanche, l’armée turque a procédé à d’intenses bombardements dans le nord de la Syrie, tuant 25 «terroristes» kurdes près de Jarablos.

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