Des appareils syriens et russes ont bombardé intensivement la partie rebelle d’Alep, après l’annonce par l’armée d’une offensive pour reprendre ces quartiers qui échappent au contrôle du régime depuis 2012, a indiqué vendredi l’Observatoire des syrien des droits de l’Homme.
«Nous avons commencé des opérations de reconnaissance et de bombardements aériens et d’artillerie», a affirmé une source militaire de haut niveau. «Elles peuvent se poursuivre pendant des heures ou des jours, avant de commencer l’opération terrestre, dont le timing dépendra du résultat des frappes et de la situation sur le terrain». «Nous avons frappé dès hier (ndlr: jeudi) les quartiers généraux des commandements des terroristes», a précisé cette source. Le régime syrien désigne comme «terroriste» tous ceux qui ont pris les armes contre lui, qu’il s’agisse de rebelles ou de jihadistes.
«Les troupes au sol n’ont pas encore avancé sur le terrain», a par ailleurs affirmé à l’AFP un officier syrien à Alep, un front important dans la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans. Selon l’OSDH, au moins une trentaine de raids ont eu lieu dans la nuit et vendredi matin et ont tué au moins trois personnes dans un des quartiers rebelles de la ville divisée. «Nous pouvons confirmer que trois civils ont été tués et des dizaines blessés dans le quartier de Fardous, mais le bilan risque de s’alourdir car des gens se trouvent toujours sous les décombres», a déclaré le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane.
«Les Syriens lâchent des barils d’explosifs et les avions russes effectuent des frappes», a-t-il précisé. Selon un journaliste de l’AFP dans la partie rebelle d’Alep, les bombardements -à l’artillerie, par des hélicoptères et par des avions- se succèdent sans discontinuer et les services de secours sont totalement impuissants face au déluge de feu. Il a indiqué n’avoir jamais vu autant de destruction après des frappes et a décrit des immeubles entièrement rasés et des habitants coincés sous les décombres sans pouvoir être secourus.
Deux centres des «Casques blancs» (la Défense civile de l’opposition syrienne) ont été endommagés dans les bombardements, a-t-il précisé.
«Alep est attaquée»
Ces frappes sont intervenues après l’annonce, tard jeudi, par l’armée syrienne, du début d’une offensive dans le secteur oriental de la ville d’Alep, que le régime assiège quasiment en continu depuis deux mois.
L’armée a notamment demandé aux habitants de «s’éloigner des positions» des groupes rebelles et assuré que les civils qui voudraient quitter les quartiers rebelles pour rejoindre le secteur gouvernemental de la ville ne seraient pas arrêtés. «Ce qui se passe, c’est qu’Alep est attaquée et que tout le monde a repris les armes», a indiqué jeudi à New York l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
La guerre qui déchire ce pays depuis 2011 a fait plus de 300.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.
Une trêve des combats initiée par Moscou et Washington a pris fin lundi en Syrie, chaque partie s’accusant mutuellement de l’avoir rompue. Elle n’a pas permis la livraison d’aide humanitaire dans la partie d’Alep assiégée par le régime de Bachar al-Assad. Malgré des échanges acrimonieux ces derniers jours entre Russes et Américains, qui soutiennent des camps opposés dans le conflit syrien, les chefs de la diplomatie de ces deux pays se retrouvent vendredi à New York pour de nouvelles discussions sur un rétablissement de la trêve.