Les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU espèrent voir ces discussions aboutir à la paix. 250 000 personnes sont mortes depuis le début du conflit. Moins d’une semaine après l’adoption d’une résolution sur un processus de paix en Syrie, le régime de Bachar el-Assad est prêt à participer à des négociations fin janvier pour mettre un terme à la guerre, mais attend de savoir quels groupes de l’opposition y prendront part, Damas considérant la plupart d’entre eux comme des « terroristes ». Nombre de pays occidentaux s’opposent au président Assad, mais sont également très inquiets par le danger représenté par le groupe État islamique (EI) qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak. C’est ainsi la montée en puissance de l’EI qui a poussé les 15 membres du Conseil de sécurité à adopter le 19 décembre une feuille de route pour une solution politique au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 250 000 morts et des millions de déplacés.
Le texte prévoit des négociations opposition-régime, un cessez-le-feu, un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois. Les pourparlers doivent se tenir à Genève « fin janvier », selon l’ONU. « La Syrie est prête à participer au dialogue inter-syrien (…) sans interférence étrangère », a déclaré jeudi le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem. « Notre délégation sera prête dès que nous aurons reçu la liste de la délégation de l’opposition. » Le régime de Damas qualifie de « terroristes » tous les groupes qui ont pris les armes contre Bachar el-Assad, ne faisant aucune différence entre les rebelles et les djihadistes du Front Al-Nosra – la branche syrienne d’Al-Qaïda – ou de l’EI. La Jordanie, chargée de préparer une liste des groupes « terroristes » à exclure des négociations, avait indiqué le 21 décembre qu’il y avait un « consensus » pour écarter ces deux groupes djihadistes.
Des affrontements avec les djihadistes de l’EI
Le 10 décembre, une centaine de représentants des principaux groupes de l’opposition politique et armée réunis à Riyad avaient annoncé leur accord pour des négociations avec Damas, mais exigé le départ du président avec le début d’une éventuelle période de transition. La communauté internationale reste divisée sur le sort du président syrien, les Occidentaux souhaitant son départ, sans dire à quel moment, et les Russes lui apportant un soutien infaillible. Parmi les autres points d’achoppement figure la mise en place d’une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs. Walid Mouallem fait référence à un simple « gouvernement d’union nationale » qui selon la Constitution actuelle est présidé par le chef de l’État.
« Ce gouvernement (d’union nationale) formera un comité constitutionnel chargé de réfléchir à une nouvelle constitution avec une nouvelle loi électorale afin que des élections législatives puissent se tenir dans les 18 mois », a assuré Walid Mouallem. Sur le terrain, 20 civils, dont 8 enfants, ont été tués dans des frappes aériennes du régime sur Hammouriyé, une localité au sud-est de la capitale, située dans le plus grand fief rebelle dans la province de Damas qui est régulièrement bombardée par le pouvoir, a rapporté l’OSDH. À l’est de la capitale, des raids contre Erbine, ont fait 6 morts, dont 2 enfants. Selon l’OSDH, 60 personnes ont aussi été blessées, dont certaines gravement, dans ces deux raids. Deux civils ont également été tués dans des tirs d’obus contre Douma, au nord-est de Damas. Par ailleurs, l’EI s’est emparé mercredi du quartier industriel de Deir Ezzor (450 km au nord-est de Damas), après une offensive lancée mercredi, a indiqué l’OSDH.
L’attaque a été déclenchée après que trois kamikazes de l’EI ont fait exploser leur voiture piégée, tuant au moins 11 membres des forces loyales au régime, selon l’ONG. Vingt-six combattants prorégime et 15 djihadistes ont été tués dans les affrontements qui ont suivi. Les combats se poursuivaient jeudi soir. Depuis 2014, les combattants de l’EI contrôlent la quasi-totalité de la province pétrolière de Deir Ezzor, mais la moitié de la capitale provinciale du même nom est toujours aux mains du régime. Dans le Nord, les Forces démocratiques syriennes (FDS) – une coalition kurdo-arabe – ont progressé en direction du barrage de Tichrine, à une soixantaine de kilomètres de la frontière turque, tenu par l’EI. Appuyées par les raids de la coalition internationale conduite par Washington, elles se trouvent désormais à une dizaine de kilomètres du barrage, selon le porte-parole du groupe, le colonel Talal Sello.