Dix-neuf civils ont été tués samedi dans des raids aériens de l’armée syrienne sur des quartiers rebelles de la ville divisée d’Alep (nord), a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Onze civils dont quatre enfants ont été tués par des raids aériens après minuit dans le secteur de Bab al-Nasr, dans le vieux Alep, et sept autres ont péri dans le quartier Fardous ainsi qu’un bébé dans le secteur d’al-Maadi », a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane. Selon l’OSDH, le bilan pourrait encore s’alourdir en raison du nombre de blessés en situation critique. Selon un correspondant de l’AFP dans les quartiers est, contrôlés par les rebelles, « des hélicoptères et des avions de combat » survolaient toujours la zone. Des hélicoptères de l’armée ont par ailleurs largué des barils d’explosifs sur plusieurs quartiers rebelles, selon l’Observatoire.
Les rebelles ont riposté par des tirs d’obus sur les secteurs ouest, contrôlés par les forces du régime, a ajouté l’OSDH. Ancienne capitale économique du pays, Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers rebelles à l’est et progouvernementaux à l’ouest. La ville est un des principaux enjeux du conflit en Syrie, qui a fait plus de 280.000 morts en cinq ans et jeté hors de chez elles des millions de personnes. La semaine dernière, les troupes du président Bachar al-Assad ont coupé la route du Castello, au nord-ouest d’Alep, dernière voie par laquelle transitaient les biens et les personnes vers les quartiers tenus par les rebelles dans la ville. Les secteurs rebelles d’Alep sont depuis de facto assiégés par les forces du régime.
Accord Russie-États-Unis sur des « mesures concrètes »
Leur objectif sera notamment « d’arrêter les bombardements aveugles de Bachar el-Assad et d’intensifier les efforts contre le Front al-Nosra ».
La Russie et les États-Unis ont trouvé un accord sur des «mesures concrètes» pour sauver la trêve en Syrie, a déclaré ce vendredi le chef de la diplomatie américaine John Kerry. Les détails de cet accord ne seront toutefois pas rendus publics, pour permettre la poursuite « du travail de l’ombre » en faveur de la paix, a-t-il souligné au cours d’une conférence avec son homologue russe Sergueï Lavrov. «Je tiens à préciser que ces mesures ne sont pas basées sur la confiance. Elles définissent des responsabilités spécifiques que toutes les parties du conflit devront assumer », a-t-il encore ajouté, au terme de négociations marathon qui auront duré plus de 12 heures. Leur objectif sera, entre autres, d’«arrêter les bombardements aveugles de Bachar el-Assad et d’intensifier [les] efforts contre le Front al-Nosra», la branche syrienne d’Al-Qaïda, a ajouté John Kerry. «Chacun de nous sait exactement ce qu’il a à faire», a-t-il encore déclaré. Appelant à ce que ces mesures soient «mises en place pour de bon», il a dit croire qu’il était «possible d’aider à restaurer le cessez-le-feu, à réduire significativement la violence et à aider à créer un espace pour une transition démocratique négociée et crédible».
Arrêter les bombardements aveugles de Bachar el-Assad
D’après un document du gouvernement américain révélé par le Washington Post, John Kerry était venu à Moscou pour proposer aux Russes d’unir leurs efforts pour lutter ensemble contre le groupe État islamique (EI) et le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. En échange, Moscou devrait limiter ses frappes aériennes à des cibles choisies avec les États-Unis, et le régime syrien cesser de bombarder les rebelles modérés, selon ce document.
«Nous regardons en détail les mesures que les États-Unis et la Russie peuvent prendre ensemble pour donner l’élan supplémentaire» à un règlement de la guerre en Syrie, a de son côté déclaré Sergueï Lavrov. Moscou et Washington souhaitent par ailleurs que l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, «intensifie son travail et fasse des propositions concrètes pour une transition et des réformes politiques», a-t-il ensuite déclaré. Staffan de Mistura a dit jeudi viser une reprise des pourparlers de paix inter-syriens en «août», appelant pour cela au soutien de Washington et de Moscou.