L’Union africaine (UA) compte proposer une mission d’observateurs conjointe avec les Nations unies (ONU) pour surveiller le respect de cessez-le-feu en Libye, d’autant plus que les deux camps rivaux sont prêts à négocier une trêve durable, a rapporté l’APS hier, de source proche du dossier. L’Organisation panafricaine, qui veut se ressaisir du dossier libyen, s’active depuis quelques semaines à jouer un rôle de premier plan, dans le processus de règlement de la crise dans ce pays africain, plongé dans le chaos et l’instabilité, depuis 2011 après notamment l’intervention de l’OTAN, en Libye.
Une fois la cessation des hostilités est signée entre les acteurs rivaux sur la scène libyenne, l’Union africaine, confie une source à l’APS, « va proposer une mission d’observateurs conjointe avec l’ONU pour veiller au respect effectif du cessez-le-feu sur le terrain ». La proposition de l’institution africaine sera sans nul doute un des points essentiels qui seront inscrits lors du sommet africain, qui se tiendra sur la Libye. Ayant pris part à la conférence de Berlin, du 19 janvier dernier, en la personne du chef d’état congolais, en tant que Président du comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, l’Institution africaine compte bien jouer son rôle, sur une crise qui touche de surcroît un pays africain, un de ses membres, et la proposition en question de l’UA intervient au lendemain de la tenue des pourparlers à Genève entre les acteurs libyens. Aussi cette annonce intervient avant la tenue, selon le MAE allemand, de la tenue d’une seconde rencontre sur la Libye, suite à celle qu’a abrité Berlin, le 19 janvier dernier, et au lendemain de la réunion d’Alger, du 23 janvier dernier, des pays voisins à la Libye, à laquelle le Mali a été convié. Il est à rappeler que la réunion africaine aujourd’hui, sur la crise libyenne, intervient aussi suite à l’acceptation par les acteurs libyens de passer de « la trêve » à « un cessez-le-feu durable » dont les conditions ne sont pas encore définies ou établies. C’est aujourd’hui que le Conseil de la paix et de la sécurité de l’UA (CPS), se réunira en sommet, pour « sécuriser une démarche africaine adaptée » qui aidera, a déclaré, le Commissaire du CPS, « à fixer le cessez-le-feu, le respect de l’embargo sur les armes et la cessation des interférences en Libye » a précisé le responsable de l’UA, dans un entretien à l’APS. Le sommet réunira les chefs d’états membres du CPS en plus du premier ministre libyen, Faïz Essaraj, le SG de l’ONU et le président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, Sassou Ngessou. Trois autres chefs d’états conviés à ce sommet pour discuter notamment de la crise au Sahel entremêlée à celle de la Libye, à savoir : le Burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, président du G5 Sahel et du processus de Nouakchott, le sud-africain Cyril Ramaphosa et le nigérien Issoufou Mahamadou, président de la CEDEAO. Au menu de ce sommet extraordinaire figure l’examen des conclusions de la réunion du Comité de haut niveau sur la Libye à Brazzaville, celles du Congrès de Berlin ainsi que les acquis de la réunion des pays frontaliers de la Libye, à Alger. C’est sur la base des conclusions des rencontres précitées sur la Libye, que l’UA se penchera en vue de « déterminer les mesures opérationnelles » à prendre en vue, a souligné Smaïl Chergui « à rendre le Comité de haut niveau plus proactif et de définir la contribution de l’Afrique à la cessation effective des hostilités » a précisé le responsable africain. Dans ses déclarations à l’APS, le Commissaire du CPS souligne qu’ « Il est important que notre démarche de réconciliation soit inclusive », et qu’elle aille au-delà, a-t-il poursuivi « des deux parties qui s’affrontent sur le terrain ». Plus explicite, le responsable du Comité de la Paix et de la Sécurité au sein de l’UA, estime qu’il est impératif et necessaire « de devoir toucher tous les intervenants et parties libyennes qui peuvent nous aider à dessiner une solution durable à ce conflit », a précisé le responsable africain. Pour rappel, la déclaration de Berlin a confié à l’UA la tâche de réunir les belligérants libyens pour les ramener à la table des négociations en vue d’une réconciliation nationale. L’Algérie s’est proposée pour accueillir ce forum de réconciliation entre protagonistes de la crise libyenne.
Karima B./ APS
Sommet du CPS, aujourd’hui, à Addis Abeba
L’accord de paix au Mali, issu du processus d’Alger, sera l’un des dossiers qui seront examinés au sommet du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine (CPS) qui réunira aujourd’hui, à Addis Abeba plusieurs chefs d’état africains. « Le CPS sera informé de la relance du processus de la mise en œuvre de l’accord et des avancées enregistrées ces dernières semaines en particulier avec la tenue de la 4ème réunion ministérielle du Comité de suivi de l’accord (CSA) et le redéploiement des forces maliennes recomposées au nord du pays », précisent à l’APS des sources proches de la réunion. Ce redéploiement acté par la dernière session du CSA, présidé par l’Algérie, est perçu comme une affirmation forte de l’autorité de l’état malien sur le territoire, notamment sur Kidal ville symbole, qui lui a échappé de longue date. Le retour de l’armée à Kidal constituera sans doute une étape déterminante dans la mise en œuvre de l’accord de 2015. Au Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, il est reconnu le rôle moteur de l’Algérie dans la relance de ce processus. Le sommet du CPS, samedi à Addis Abeba, sera centré sur deux questions préoccupantes en Afrique: le Sahel et la question libyenne. Jeudi dernier, le chef du CPS, l’Algérien Smaïl Chergui, a appelé à un sursaut de la Communauté internationale au Sahel similaire à celui qui a permis de vaincre Daech en Irak et en Syrie pour éliminer rapidement tous les groupes terroristes en Afrique. « Du reste on se pose la question : pourquoi il y a une telle mobilisation en Irak et en Syrie et pourquoi pas la même mobilisation en Somalie et au Sahel? est ce qu’on a pas la volonté d’en finir rapidement »? a déclaré le commissaire à la paix et la sécurité de l’UA dans un entretien à l’APS. Chergui a planté un décor sombre de la situation au Sahel, citant l’arrivée massive des terroristes de Daech, dans la région, prolifération des armes, évolution des modus operandi des attaques terroristes, porosité des frontières et manipulation des violences intercommunautaires par des groupes terroristes. Autant de défis que la communauté internationale devrait « adresser dans les mêmes termes et avec les mêmes moyens » que les autres défis globaux, a-t-il soutenu dans le même entretien tout en insistant sur l’appropriation sécuritaire des pays du Sahel. Le Commissaire a rappelé la contribution remarquable du Comité de libération de l’OUA pour débarrasser le continent du colonialisme et de l’Apartheid, estimant qu’il était temps d’envisager une action similaire sur le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale.
APS