Le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche n’a pas mis longtemps pour réagir à un sérieux problème, apparu récemment, qui menace la pérennité de la culture de la pomme de terre dans deux wilayas du pays.
Celles d’El Oued, surtout, et d’Aïn Defla, à un degré moindre, où la surproduction enregistrée pose de sérieux problèmes aux agriculteurs ; des problèmes d’écoulement, dans une large mesure, et de stockage, dans une mesure moindre, de leur production. Pour éviter un tel scénario-catastrophe : l’abandon par les agriculteurs affectés de cette culture stratégique, à savoir, le ministère de tutelle a donc pris une série de mesures urgentes. Au nombre de quatre, selon Mustapha Chaouchi, assistant du directeur de la Communication au dit ministère. Dont la plus importante, de par son caractère innovant, surtout, est incontestablement le recours à l’exportation comme une des panacées au problème de la surproduction. Un recours qui est déjà effectif dans la wilaya d’El Oued. Selon Maâchi Laâla, directeur des services agricoles (DSA) de cette wilaya du sud-est du pays, en effet, «un opérateur économique algérien a commencé, depuis trois semaines maintenant, à en exporter en direction du Qatar». Sauf que les quantités concernées: « quelques centaines de tonnes », nous a précisé notre interlocuteur que nous avons contacté, hier, par téléphone, « sont minimes ». Et ce, « comparativement à la production d’arrière-saison – celle qui s’étale du 20 novembre au 31 mars de chaque année – attendue » et dont il est prévu qu’elle atteigne, toujours selon Maâchi Laâla, «les 7,5 millions de quintaux, cette année». En augmentation de «1,5 millions de quintaux par rapport à celle enregistrée en 2015». Dans la foulée, le directeur des Services agricoles de la wilaya d’El Oued nous a déclaré que «depuis quatre à cinq années, celle-ci assure 25% de la production nationale de pomme de terre ». D’où son insistance à aller vers des solutions autrement plus radicales que le recours à l’exportation; «plus radicales», dans le sens où elles assureraient aux agriculteurs (de la wilaya) un débouché certain à leur production. Et ce, quelle que soit son importance. Pour Maâchi Laâla, en effet, seul le développement de la filière «transformation», tel que prôné dans le plan quinquennal (2015-2019) élaboré par la tutelle pour faire, à terme, du secteur stratégique de l’Agriculture un des vecteurs-clé de la diversification économique souhaitée, « est à même de rendre la quiétude (à ceux-ci) ». Surtout que « les capacités de stockage existantes dans la wilaya sont les plus réduites » ; toujours, comparativement à sa production en la matière ; comme suggérée plus haut, en constante augmentation ces dernières années. Celles-ci ne sont, en effet, nous a-t-il expliqué, que « de 200 000 m3 ; soit l’équivalent de seulement 400 000 quintaux ». Des capacités qui prennent leurcaractère dérisoire quand on les ramène à la production d’arrière-saison (de 7,5 millions de quintaux) précitée. Et à celle de saison, que notre interlocuteur a estimé à quelque 4 millions de quintaux, qui « sera sur les marchés au début du mois de mai prochain ». Tout en appréciant à sa juste valeur l’information que nous a communiqué Mustapha Chaouchi, assistant du directeur de la Communication du ministère de l’Agriculture, faisant état « de la conclusion, il y a une semaine, d’un accord entre (celui-ci) et des opérateurs économiques émiratis visant à exporter vers les pays du Golfe l’excédent de la production de pomme de terre de la wilaya d’El Oued », Maâchi Laâla n’en a pas moins tenu à souligner que « l’urgence du moment, à El Oued, est la liquidation de la totalité de la production d’arrière-saison ». Et ce, a-t-il poursuivi, « pour « libérer la place » à la production de saison qui arrive ». Toujours à propos du problème d’écoulement (de sa production de pomme de terre) que connaît présentement la wilaya d’El Oued, son DSA n’a pas manqué de nous dire qu’il est davantage aggravé «par la position géographique de la wilaya» ; une position qui «la pénalise par rapport aux autres wilayas productrices du Nord» et ce, «même si, en matière de qualité, la pomme de terre d’El Oued est largement supérieure à celles produites dans lesdites wilayas». Pour en revenir aux mesures d’urgence prises par le ministère de tutelle visant à atténuer les effets de la surproduction sur les agriculteurs des wilayas d’El Oued, surtout, d’Aïn Defla où la situation, selon Mustapha Chaouchi, «a été réglée», ce dernier nous en a cité trois autres : «l’engagement de la tutelle à faciliter,à tout agriculteur souhaitant exporter sa production, les démarches allant dans ce sens», «l’encouragement d’une exploitation optimale des capacités des chambres froides existantes et ce, par le versement de subventions à leurs propriétaires» et «l’encouragement aux agriculteurs à se regrouper en coopératives dans le double objectif de prendre eux-mêmes en charge la commercialisation de leur production et ce, aussi bien sur le plan interne qu’externe». Des mesures qui, même si elles ont un caractère d’urgence, n’en s’inscrivent pas moins, à l’évidence, dans la nouvelle vision des pouvoirs publics d’aller rapidement vers une économie diversifiée non dépendante des hydrocarbures et se tourner résolument vers l’exportation.
Mourad Bendris