Acculé par une levée de boucliers mondiale depuis la reconnaissance de la supposée marocanité du Sahara occidental, le Maroc tente, depuis lors, mais en vain, de faire renforcer sa position. Du gel de la décision de Trump prise par l’administration Biden à l’échec essuyé sur le dossier sahraoui au sommet de l’UA, Rabat ne sait plus sur quelles béquilles s’appuyer.
Aux dernières nouvelles, même Madrid et Paris refusent de donner leur caution à son plan issu du deal triangulaire Trump-Maroc-Israël, lequel va en opposition avec le droit international et les résolutions onusiennes en rapport avec la question sahraouie. En effet, selon le très sérieux journal espagnol « El País », depuis l’annonce de la reconnaissance par l’ex-président américain Donald Trump de la « marocanité » du Sahara occidental, Rabat a tenté de faire rallier les capitales de l’Union européenne à cette position. Dans un article paru dans ses colonnes samedi passé, le quotidien espagnol explique qu’il « est difficile « pour Madrid de changer sa position sur le Sahara occidental. Mieux, la diplomatie madrilène veut rester « attachée » à l’option d’une solution « juste et convenue » entre le Maroc et le Front Polisario sur le conflit.
Autrement dit, Madrid ne veut pas prendre le risque de s’aligner sur la position marocaine contre une question inscrite sur l’agenda onusien et reconnue par la communauté internationale. C’est-à-dire, une question de décolonisation qui appelle à l’autodétermination. C’est d’autant plus que le Maroc a poussé le bouchon trop loin après le deal conclu avec les États-Unis de Trump et l’entité sioniste de Netanyahou. En sus, Madrid continue à « travailler » sur le dossier de nomination d’un envoyé spécial onusien pour faire avancer les négociations sur le conflit. « Ce qui renforce la position du Royaume d’Espagne sur le dossier, c’est sa réserve sur la reconnaissance par l’ancien président américain, Donald Trump, de la marocanité du Sahara occidental, et sa demande de revenir sur la décision et d’adhérer à la position d’Antonio Guterres », écrit « El País ». Le même son de cloche ou presque du côté de Paris, où la diplomatie française, malgré son soutien non déclaré explicitement au plan marocain sur le Sahara occidental, attend toujours la décision de l’administration américaine de Joe Biden sur la question sahraouie. Sinon, la France, tout autant que Madrid, a signifié une fin de non-recevoir à l’option de reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental. Ainsi, selon le journal « Al-Quds Al-Arabi », qui a cité des sources diplomatiques, la France « n’en fera pas un aveu explicite en raison de l’absence d’une position européenne unifiée sur le dossier », tout comme elle reste prudente sur la question, tant que Biden n’a pas décidé officiellement du sort à réserver à la décision de son prédécesseur.
De plus, et au-delà des considérations géostratégiques, les intérêts de l’Espagne et de la France dans la région, selon le même journal, Madrid et Paris ne veulent pas se faire attirer les foudres de l’Algérie, lequel pays, considèrent-ils, comme partenaire.
Farid Guellil