L’armée russe a critiqué, lundi, l’attitude inacceptable de l’armée américaine dans le suivi de la trêve en Syrie et menacé de faire désormais cavalier seul dans la mise en œuvre du cessez-le-feu.
La partie américaine a montré qu’elle n’était pas prête à discuter concrètement du texte, sur le suivi des violations du cessez-le-feu en vigueur depuis fin février, a déclaré dans un communiqué le général Sergueï Roudskoï, un haut gradé de l’état-major de l’armée russe. Il est inacceptable de retarder l’entrée en vigueur des procédures visant à réagir en cas de violations du cessez-le-feu, a-t-il indiqué. Le général a prévenu qu’à partir du 22 mars, la Russie va suivre de manière unilatérale les règles de l’accord (de trêve) en cas d’absence de réaction de la part des Etats-Unis. Nous soulignons que nous n’utiliserons nos forces armées qu’après avoir reçu des preuves de violations systématiques (de cet accord) par des groupes armés, a-t-il ajouté.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait annoncé la tenue de consultations américano-russes à Genève et à Amman sur les violations de la trêve en vigueur depuis le 27 février, dont Moscou et Washington sont les parrains. L’une de ses consultations, à Amman le 18 mars, a montré que les Américains ne sont pas prêts pour discuter en particulier du texte de l’accord ou pour l’approuver, a déclaré M. Roudskoï, sans donner davantage de détails. Des centres de contrôle chargés du suivi de la cessation des hostilités ont été mis en place à Washington, Moscou, Lattaquié (Syrie), Amman et Genève. En cas de non-respect de la trêve, un système d’alerte des Etats-Unis et de la Russie, puis des autres membres du groupe international de soutien à la Syrie (GISS) est prévu. La Russie a mis en place, de son côté, son propre centre de surveillance de la trêve, dont l’activité a été maintenue malgré un retrait partiel de son aviation militaire entamé le 15 mars.
La Ligue arabe rejette le projet fédéral kurde
Par ailleurs, la Ligue arabe a rejeté, lundi, la proclamation par les Kurdes de Syrie d’une région fédérale dans le nord du pays en guerre, estimant que de tels « appels séparatistes portaient atteinte à l’unité de la Syrie ». Les Kurdes de Syrie et leurs alliés ont proclamé jeudi un « système fédéral » unissant les zones sous leur contrôle dans le nord du pays.
Cette initiative inédite, qui s’apparente à une autonomie de facto, a été immédiatement rejetée par l’opposition et le régime syriens, qui négocient actuellement à Genève pour tenter de trouver une solution politique à cinq ans d’un conflit qui a fait plus de 270.000 morts. « La Ligue arabe refuse ces appels séparatistes qui portent atteinte à l’unité de la Syrie », a indiqué lundi au Caire le secrétaire-général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli. « L’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie sont pour la Ligue un principe fondamental ». Les Kurdes syriens, qui contrôlent désormais 14% du pays et les trois-quarts de la frontière syro-turque, ne sont pas associés aux pourparlers de Genève en raison notamment de l’opposition farouche de la Turquie, qui considère leurs forces comme « terroristes » et craint les répercussions sur sa propre communauté kurde. Le projet kurde en Syrie vise à unir les trois « cantons » kurdes (Afrine, Kobané et Jaziré) et les zones récemment conquises par les forces kurdes dans le nord syrien. Les Etats-Unis soutiennent les Kurdes syriens dans leur lutte contre le groupe Etat islamique (EI) mais ont prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas la création d’une région unifiée et autonome kurde en Syrie.