Disney+, la plateforme de streaming de Disney lancée en fanfare fin 2019, a perdu des abonnés pour le troisième trimestre consécutif, mais le groupe californien a promis de remonter la pente cet été et d’améliorer sa rentabilité. Ce n’est pas le seul souci du Royaume enchanté, confronté à une grève historique des scénaristes et acteurs ainsi qu’à des recettes médiocres dans les cinémas et sur les chaînes de télévision, ses canaux traditionnels. Mercredi, Disney a publié des résultats trimestriels mitigés pour la période d’avril à juin – 22,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en petite hausse sur un an mais légèrement inférieur aux attentes des analystes – et annoncé une hausse des prix pour Disney+. L’abonnement mensuel à la plateforme, sans publicité, passera ainsi de 11 à 14 dollars en octobre aux Etats-Unis, le double du prix initial il y a quatre ans. « Nous avions déjà augmenté nos prix en 2022 », a rappelé Bob Iger, le patron de la société, lors d’une conférence téléphonique mercredi. « Et nous n’avions pas assisté à des pertes significatives du nombre d’abonnés, ce qui était réconfortant ». L’entreprise a en outre prévu de resserrer la vis en 2024 sur le partage des mots de passe entre utilisateurs pour les empêcher de profiter gratuitement des contenus. Cette méthode a permis à Netflix de voir son nombre d’abonnés bondir au deuxième trimestre. Le pionnier du secteur en compte plus de 238 millions dans le monde, contre 146 millions pour Disney+.
« Rebondir »
De fin septembre à fin juin, la plateforme de Mickey et Marvel a perdu 18 millions d’abonnés en tout, principalement à cause du marché indien. Hotstar, la déclinaison locale de Disney, pèse quasiment un tiers du total mondial, mais elle a perdu les droits de retransmission du championnat national de cricket. En Amérique du Nord, le service a enregistré un léger recul de 1% du nombre d’abonnés, le deuxième consécutif. Mais cet été, le nombre d’abonnés à Disney+, hors Inde, « va rebondir aux Etats-Unis et à l’international », a promis Kevin Lansberry, directeur financier par intérim. Bob Iger s’est en outre félicité que 3,3 millions de personnes aient souscrit à l’abonnement avec publicités depuis son lancement en fin d’année dernière En termes financiers, l’activité de streaming reste déficitaire, mais elle a continué à réduire ses pertes opérationnelles sur le trimestre, à 512 millions de dollars au lieu d’1 milliard l’année dernière à la même période. « C’est encourageant », a commenté Paul Verna d’Insider Intelligence, « mais c’est principalement dû aux licenciements massifs et à la baisse des dépenses dans les contenus, plutôt qu’à de la croissance réelle ». Disney a par ailleurs vu ses ventes de films et programmes aux cinémas et chaînes de télévision diminuer de 7% sur un an, à 6,7 milliards de dollars. Le bénéfice opérationnel de l’activité a plongé de 23%, à 1,9 milliard de dollars. Seuls les revenus des parcs d’attraction, croisières et produits dérivés ont progressé substantiellement, de 13%, à 8,3 milliards de dollars.
« Irréalistes »
A Wall Street, l’action de Disney a initialement baissé lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse mercredi, mais elle progressait de près de 3% après les annonces de hausses des prix. Sous l’impulsion du patron Bob Iger, le Royaume enchanté a entrepris de faire des économies cette année, notamment en supprimant 7.000 postes et en réduisant la production de contenus. Rappelé aux commandes fin 2022, M. Iger, 72 ans, avait déjà dirigé l’entreprise de 2005 à 2020. Le conseil d’administration du groupe a voté à l’unanimité en juillet pour prolonger son contrat jusqu’à la fin 2026. Mais l’emblématique dirigeant a perdu en popularité ces derniers mois. Il fait face à une grève historique : les acteurs ont rejoint mi-juillet les scénaristes pour réclamer une revalorisation de leur rémunération, en berne à l’ère du streaming, et veulent obtenir des garanties contre l’usage de l’intelligence artificielle (IA). Des exigences « irréalistes », selon Bob Iger, conspué dans des manifestations de Los Angeles à New York. « Rien n’est plus important pour cette entreprise que sa relation avec la communauté des créateurs, les acteurs, auteurs, réalisateurs et producteurs », a-t-il déclaré mercredi, avant de s’engager « personnellement à travailler pour trouver des solutions ». En attendant, la grève va permettre à Disney de réaliser des économies, a souligné Kevin Lansberry, puisque les studios dépensent moins.