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SOUMISE À D’INTENSES BOMBARDEMENTS ET À LA FAMINE DE SA POPULATION : Ghaza agonise en silence 

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Depuis près de deux ans, l’enclave palestinienne vit sous un siège meurtrier et des bombardements incessants qui ont transformé la bande côtière en un champ de ruines.

Mais ce qui se déroule aujourd’hui dépasse les limites de l’imaginable : une famine organisée, systématiquement entretenue par le blocus israélien, pousse des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes vers une mort lente et atroce.

L’ONU, dans ses rapports successifs, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : la famine est désormais installée, généralisée, et risque d’emporter toute une population.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a parlé d’« effondrement délibéré des systèmes nécessaires à la survie ». Le choix du mot « délibéré » n’est pas fortuit. Car il s’agit bien d’une politique, non d’un accident. Selon les chiffres officiels, au moins 281 Palestiniens sont morts de faim, dont 114 enfants. Derrière ces nombres froids se cachent des visages : des nourrissons squelettiques, des adolescents rongés par la malnutrition, des mères incapables d’allaiter leurs bébés faute de nourriture. Les hôpitaux, quand ils fonctionnent encore, décrivent des scènes d’horreur. Les médecins parlent d’enfants dont les plaies ne cicatrisent plus, faute de protéines, d’organes qui s’arrêtent un à un. Dans les quartiers dévastés de Ghaza, le manque de nourriture se combine aux bombardements quotidiens. Depuis mars, plus de 10 000 martyrs supplémentaires ont été recensés, portant le bilan total à près de 62 000 victimes depuis le début de l’agression israélienne. Les cadavres s’entassent, parfois sans sépulture digne, car les cimetières eux-mêmes sont devenus des cibles ou ont atteint leur saturation. À l’intérieur de la bande, l’eau potable est quasi introuvable, les générateurs électriques sont hors service, les boulangeries fermées. Des familles entières survivent en mangeant de l’herbe, des aliments avariés ou des restes de farine mélangés à du sable.

La famine, arme de guerre

À bien des égards, la famine s’est imposée comme une arme de guerre à part entière. Les convois humanitaires, rares et insuffisants, se transforment en pièges. Plus de 2 000 Palestiniens ont été tués alors qu’ils attendaient de l’aide alimentaire. Les forces israéliennes, accusées par de nombreux témoins, tirent délibérément sur les attroupements. Chaque sac de farine devient un risque mortel. Dans certains hôpitaux de fortune, des médecins témoignent qu’ils ne prescrivent plus de médicaments à des patients condamnés par la faim, car la nourriture, la seule chose qui pourrait les sauver, est introuvable. Le porte-parole du Croissant-Rouge palestinien a parlé d’une « stratégie planifiée d’extermination lente ». Les images filmées par les équipes médicales, quand elles parviennent à sortir, montrent des enfants aux ventres gonflés, aux membres rachitiques, dont le regard semble absent. Ces scènes rappellent les pires famines du siècle dernier, mais cette fois-ci, elles se déroulent en direct, sous les yeux du monde, dans une région connectée, où chaque image circule malgré la censure.

Cisjordanie : la colonisation sous protection militaire

Pendant que Ghaza s’enfonce dans la famine et les ruines, la Cisjordanie occupée subit une intensification de la colonisation. Samedi dernier, des colons israéliens ont attaqué le rassemblement bédouin de Challal Al-Aouja, au nord de Jéricho. Des dizaines d’habitants ont été agressés, leurs maisons incendiées, leurs bêtes chassées. Hassan Mleihat, coordinateur de l’organisation Al-Baydar, a dénoncé ces assauts répétés, affirmant qu’ils ne sont pas des actes isolés mais bien l’expression d’un plan de nettoyage ethnique destiné à vider la région de ses habitants. Ces attaques se déroulent sous la protection, voire la complicité, de l’armée israélienne, qui n’intervient que pour arrêter les Palestiniens qui tentent de se défendre. Dans plusieurs villages de Cisjordanie, les colons armés mènent des raids nocturnes, détruisent les cultures, saccagent les infrastructures agricoles. Des dizaines de familles ont déjà fui, laissant derrière elles terres et biens, incapables de résister à cette pression constante. L’Autorité palestinienne a dénoncé une « politique coordonnée entre l’armée et les colons », rappelant que ces pratiques violent toutes les conventions internationales relatives à l’occupation.

Silence international complice

Face à ce désastre, les réactions internationales oscillent entre timides condamnations verbales et silence assourdissant. Certes, plusieurs pays européens ont appelé Israël à lever le blocus et à permettre l’entrée massive d’aide humanitaire. Mais dans les faits, rien ne change. Les États-Unis continuent de fournir une couverture diplomatique totale à Tel-Aviv, bloquant toute résolution contraignante au Conseil de sécurité. Les gouvernements occidentaux, qui se posent ailleurs en champions des droits humains, se contentent de déclarations de façade, tout en poursuivant leurs ventes d’armes à l’occupant. Dans le monde arabe et musulman, des voix s’élèvent, mais là encore, les divisions politiques freinent toute action concrète. Quelques capitales, comme Alger, Doha ou Ankara, multiplient les initiatives diplomatiques et humanitaires, mais elles se heurtent à l’inertie de la communauté internationale. Pendant ce temps, chaque jour de retard coûte des centaines de vies à Ghaza.

Génocide au vu et au su de tous

De plus en plus de juristes, d’ONG et d’universitaires parlent désormais ouvertement de « génocide ». La Cour internationale de justice a déjà ordonné à Israël de prendre des mesures pour prévenir cette issue, mais l’entité sioniste a ignoré ces injonctions.

L’histoire retiendra qu’au XXIe siècle, un peuple entier a été affamé, bombardé et dépossédé, sans qu’aucune grande puissance n’intervienne pour l’arrêter. Car la famine à Ghaza n’est pas une conséquence collatérale de la guerre. Elle est le résultat d’une politique systématique : le blocus imposé depuis plus de quinze ans, aggravé par des restrictions totales sur l’eau, l’électricité, le carburant et la nourriture. Les chiffres sont accablants : 13 000 enfants souffrent aujourd’hui de malnutrition aiguë sévère, selon l’UNICEF. Dans certaines zones, un enfant sur trois est déjà trop faible pour marcher ou parler. Les écoles, transformées en refuges, abritent des familles qui vivent dans des conditions inhumaines, sans toilettes, sans eau potable, sans chauffage. La stratégie israélienne est claire : affamer pour briser la résistance, détruire pour provoquer l’exode, coloniser pour annexer. En Cisjordanie, les colons s’approprient les terres. À Ghaza, la population est poussée à l’exil vers l’Égypte, dans un scénario déjà dénoncé par plusieurs experts comme une nouvelle « Nakba ».

Tragédie inscrite dans l’histoire

Le peuple palestinien, lui, continue de résister, malgré l’indicible. Les manifestations dans les camps, les prières collectives à ElQods, les marches de solidarité en Europe, en Amérique latine et en Afrique témoignent d’une conscience mondiale qui refuse de se taire. Mais face à l’impunité de l’occupant, cette solidarité reste pour l’heure symbolique. Chaque jour, de nouvelles images de Ghaza rappellent que cette guerre est aussi une guerre contre la mémoire.

Les hôpitaux détruits, les bibliothèques brûlées, les familles effacées en une nuit : tout cela participe d’un projet colonial qui ne se cache plus. Et pourtant, malgré la douleur et la faim, les Palestiniens proclament leur volonté de rester sur leur terre, coûte que coûte. L’avenir dira si la communauté internationale choisira enfin d’agir, ou si elle acceptera d’être complice d’un génocide diffusé en direct. Mais une certitude demeure : Ghaza meurt de faim sous les yeux du monde, et cette tragédie n’est pas le fruit du hasard, mais bien celui d’une politique planifiée.

M.Seghilani

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