Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a qualifié la situation politique actuelle de « complexe », notamment à l’aune des attaques ciblant les institutions de l’État enregistrées ces dernières semaines dans les marches populaires par les partisans du chaos.
Précisant, et selon le parti engagé dans la course électorale du 12 juin prochain, il existe encore des forces agissantes qui n’ont pas intérêt au changement opéré en Algérie. Invité hier de l’émission l’Invité de la rédaction de la Radio algérienne chaîne3, Soufiane Djilali a indiqué qu’« on est dans un moment politique un peu complexe, il y en a ceux qui sont liés à l’ancien régime, ceux qui ont l’esprit revanchard, il y a ceux qui pensent que leur intérêt est au-dessus de celui de la Nation ». Cependant, dira-t-il, « le Hirak a démontré qu’il y a une conscience politique telle que nous dépasserons très largement ces jeux malsains dans les coulisses qui souhaitent autre chose qu’un changement dans la stabilité ». Également il citera les slogans scandés dans les marches et qui mènent selon lui « vers une situation d’impasse et à un dérapage grave puisque les attaques ciblent essentiellement l’Armée nationale populaire et accusent les institutions de « terrorisme » », dénonce-t-il. Derrière, « il y a encore des forces agissantes qui n’ont pas intérêt au changement. Il faut lutter contre ça pour réussir le changement, mais avec la force de la population », suggère l’homme politique. Insistant, qu’ «au lieu de faire que les marches du vendredi, il faut se décider à porter avec énergie les candidats qui semblent porteurs d’un projet et qui veulent un changement en votant pour eux ». Dans la même foulée, l’invité de la radio rappelle qu’il y a une sorte de narration remise au goût du jour concernant la tragédie des années 90 et trouvant une autre lecture. « Je pense qu’il y a une grave erreur de la part des autorités, d’avoir occulté ces réalités-là. Et aujourd’hui on a une lecture faussée de ce qui s’est passé» regrette-t-il. « Il faut avoir le courage d’affronter la réalité et de dire ce qui s’est passé de manière à éviter que nous retombions dans des conflits ingérables dans l’avenir », a-t-il conseillé.
« Ouvrir le champ médiatique à l’opposition »
Sur ce, il dira que cette mission incombe aux hommes politiques et aux medias. « Il faut ouvrir le champ médiatique à ceux qui sont contre le processus électoral en les laissant argumenter, s’exprimer et expliquer leur point de vue. C’est par le dialogue qu’on pourrait arriver à quelque chose de significatif », soutient le chef de Jil Jadid. Aussi il ajouta que le Gouvernement n’ « a pas assumé son rôle central » pour donner les éléments de confiance pour les Algériens afin de les inciter à suivre et à critiquer éventuellement leurs affaires.
Les législatives, « une occasion qu’il faut saisir »
Selon le président du parti Jil Jadid, «les Algériens attendent un changement concret, palpable », qui ne peut provenir sur simple décision ou par décret ». « Cela est la panachée de tous », affirme-t-il malgré la colère, malgré la protestation toujours vivace. Or, dit-il, une démocratie et un État de droit se construisent par l’engagement des citoyens. « Cet engagement se fait par la participation des électeurs dans le choix de ceux pouvant les représenter de la manière la plus crédible, la plus loyale », explique-t-il. Et, enjoint-il, c’est à partir de là que le pays s’engage de facto dans des réformes plus importantes. « Le choix des hommes et des femmes sera déterminé selon les attentes de tout un chacun. Oui, il déterminera les aspirations citoyennes dans le contexte actuel que traverse l’Algérie », admet-t-il mais ce qui est très important, toutefois, reste à ses yeux, que ces législatives se dérouleront de manière transparente et que les Algériens choisissent des élus qu’ils assumeront.
« Jil Jadid n’a pas changé de cap »
Défendant sa position politique après avoir été beaucoup critiqué, et accusé de changer de cap et de passer d’opposant à un partisan du pouvoir, le président de Jil Jadid a affirmé que c’est « ceux qui ont profité hier des quotas » qui « ont changé de position » citant notamment le Parti des travailleurs (PT). « Ces partis sont connus par tous les Algériens, et le PT et parmi d’autres », dira-t-il. Ajoutant en réalité « il s’est passé quelque chose de fondamental dans le pays, donc ceux qui profitaient du régime hier ne retrouvent plus leurs comptes aujourd’hui, c’est une situation évolutive, dynamique, qui est en train de changer ». En poursuivant sa défense il dira qu’ « ils nous ont accusés d’opportunisme. L’opportunisme c’est de profiter de la situation lorsque le peuple se taisait ». Invitant cependant ces derniers partis politiques « à éclairer le chemin aux citoyens pour le mener vers un changement pacifique au lieu de jouer avec les sentiments d’un peuple en colère ».
Sarah Oubraham
SOUFIANE DJILALI COMMENTE L’AGRESSION ISRAELIENNE EN PALESTINE :
« Les droits de l’homme sont mis dans la besace de l’oubli »
Abordant, hier, la question palestinienne, notamment à travers la dernière agression barbare d’Israël contre Ghaza, Soufiane Djilali a regretté à ce que les droits de l’homme soient mis dans la besace et l’oubli, ignorant ainsi le massacre que subit le peuple palestinien à un ciel ouvert et à la vue du monde entier. « Je pense qu’en deux années je n’ai pas vu l’ampleur de la répression qui s’est abattue en Palestine, car il n’y a pas de comparaison à faire, et c’est une honte pour ceux qui font un parallèle entre ce qui se passe en Algérie et ce qui se passe en Palestine ». Mais, poursuit-il, faisant le parallèle avec un pays qui porte le drapeau de la démocratie, « le président de l’association France-Palestine avait déposé une demande d’autorisation de manifestation, ce dernier a été menotté par les services français et les marche pro-Palestine ont été interdites et plusieurs personnes déférées (devant la justice) ». Quand on fait le parallèle, cite l’orateur, « on se pose les questions suivantes : pourquoi y avait-il cette intrusion d’institutions étrangères dans les affaires algériennes ? » Et à lui de répondre par dire : « Posons la question à ceux qui applaudissent l’intervention des étrangers dans nos affaires internes sous motif qu’ils représenteraient le peuple. »
S.O.