C’est un responsable d’un jeune parti politique qui est plutôt optimiste quant à l’avenir de l’Algérie qui, après l’avènement magistral du Hirak, qui avait bouleversé la vie nationale et l’ancien régime renversé avec, suivi d’une réforme politique apanage du président de la République, va, petit à petit, droit vers la naissance d’un État de droit avec tout ce que cela entend comme aspirations du peuple algérien.
C’est avec cet état d’esprit que l’invité du Forum du Courrier d’Algérie, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, s’est attelé, argument politique à l’appui, à prédire un changement prometteur pour l’Algérie. À commencer par le point de départ, notamment le mouvement populaire du 22 février grâce auquel le cinquième mandat pour l’ancien président Bouteflika a été avorté et ses affidés dans le régime continuent, jusqu’au jour d’aujourd’hui, à être trainés dans les tribunaux pour de lourdes accusations de corruption et de détournement de fonds publics. Aujourd’hui, suggère l’homme politique, le Hirak doit s’orienter vers l’investissement de la vie politique et publique. Et pourquoi pas électorale, pendant qu’on y est, d’autant plus que les jeunes algériens ont été, des années durant, marginalisés par le pouvoir.
« En ce début 2021, je pense qu’il y a des éléments très importants à l’horizon. Il est difficile de parier sur un scénario ou une évolution dans le pays de façon assurée. Cependant, petit à petit, des fondamentaux commencent à se dessiner, en particulier après l’adoption de la nouvelle Constitution en novembre dernier », dira d’entrée le chef de Jijl Jadid.
Ainsi, après l’adoption de la Constitution, Soufiane Djilali a marqué un retour sur le taux d’abstention record qui a émaillé le projet, dont il faut tirer des enseignements pour éviter qu’un tel scénario se reproduise à l’avenir. Une évidence, « beaucoup d’Algériens restent très méfiants par rapport au processus politique en général. Cette défiance à ses causes et ses origines du fait qu’il y ait une rupture de confiance. Et cette Constitution était venue, disons, pour couronner un Hirak qui a été extrêmement fort et puissant et où la barre a été placée très haut. Beaucoup d’Algériens ont eu le sentiment que finalement ce n’était pas le niveau exigé par rapport au Hirak», a-t-il analysé. En tout état de cause, il y a de nouvelles données post-nouvelle Loi fondamentale qui a ouvert la voie à la révision du régime électoral en prévision des élections anticipées, législatives et locales.
Un nouveau régime politique à l’horizon
Mais, comme « il faut un début à tout », Soufiane Djilali aborde la nouvelle loi électorale dont les clauses du texte élaboré par le comité de rédaction dirigé par le professeur Ahmed Laraba commencent à être divulguées à l’opinion publique. « L’Algérie se met maintenant dans des dispositions pour construire quelque chose de nouveau, un régime politique, qu’on espère être complétement nouveau. Je rappelle notre approche politique des événements depuis le Hirak. Le régime politique, tel qu’il a fonctionné depuis plusieurs décades, s’est effondré, à travers les hommes, dont l’ancien Président Bouteflika et les chefs de gouvernements successifs sont en jugement. Plusieurs responsables sont en prison. En somme plusieurs hauts responsables qui incarnaient la politique de l’ancien régime sont au box des accusés », explique-t-il davantage, comme pour dire qu’il est temps, maintenant, de penser à l’édification d’une « Algérie nouvelle ».
Un constat qui laisse dire à Soufiane Djilali qu’aujourd’hui, et à la lumière des événements qui ont traversé le pays depuis le 22 février, « il y a eu un changement fondamental. c’est que l’état d’esprit de la population a changé par rapport au gouvernants et à l’acte politique (…) énormément de jeunes ont découvert la politique, des années après avoir été marginalisés et/ou ne suivaient pas la chose politique, mais à cause du fait qu’ils étaient marginalisés par le pouvoir ».
Il en veut pour preuve l’intérêt ressuscité chez les jeunes pour la politique dans son propre parti. « Nous n’avions jamais eu autant de militants que depuis le Hirak. Il y a ce besoin des Algériens d’être des citoyens actifs, et cette dynamique doit aboutir. Il faut que le Hirak se déplace dans les Institutions. Autrement dit, le Hirak apporte cette dynamique, ce souffle nouveau et là il faut qu’ils deviennent des acteurs politiques », suggère-t-il, tout comme il appelle d’ailleurs les jeunes citoyens à s’investir dans la vie politique et publique. Ainsi, les élections anticipées qui pointent à l’horizon semblent une occasion pour eux à l’effet de le faire.
Farid Guellil