Le chef de la mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) Nicholas Haysom a dénoncé les attaques indiscriminées contre les civils, en particulier des bombardements aériens avec des engins qui contiendraient un liquide « hautement inflammable ».
Le comté de Nasir, dans l’Etat du Haut-Nil, est depuis des semaines le théâtre de combats, notamment entre les forces fédérales loyales au président Salva Kiir et une « Armée blanche », milice accusée par les autorités de collaborer avec le premier vice-président Riek Machar. « La situation politique et sécuritaire s’est largement détériorée depuis que l’Armée blanche, une milice de jeunes, a pris possession de casernes précédemment occupées » par l’armée sud-soudanaise à Nasir le 4 mars, a noté lundi, Nicholas Haysom lors d’une conférence de presse par vidéo. « En représailles, les communautés du Haut-Nil subissent des bombardements aériens incessants, utilisant des engins, des barils explosifs, qui contiendraient un liquide hautement inflammable agissant comme un accélérant au moment de l’explosion », a-t-il ajouté. « Ces attaques indiscriminées contre les civils causent un nombre important de victimes, et d’horribles blessures, en particulier des brûlures », et 63.000 personnes ont fui la zone, a-t-il décrit. Et « nous recevons des informations concernant une nouvelle mobilisation de l’Armée Blanche » et de l’armée sud-soudanaise dans le Haut-Nil, s’est-il inquiété, évoquant des enfants recrutés de force. Et « nous n’avons d’autre choix que d’estimer que le Soudan du Sud est au bord d’une nouvelle guerre civile », a-t-il répété. Pour tenter « d’éloigner le pays du précipice », la Minuss a rencontré lundi plusieurs autres acteurs régionaux, notamment l’Union africaine et le bloc d’Etats d’Afrique de l’Est, Igad. Mais « malheureusement, une visite de haut niveau des ministres des Affaires étrangères de l’Igad aujourd’hui à Juba a été repoussée au 3 avril par le gouvernement à la dernière minute, sans explication », a déploré Nicholas Haysom, qui a également appelé Salva Kiir et Riek Machar à « faire une déclaration commune pour rassurer » le pays de leur « engagement pour la paix ».Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le pays est en proie à des violences qui l’empêchent de se remettre du conflit meurtrier qui a opposé MM. Kiir et Machar. Ce conflit avait fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu’un accord de paix a été signé, texte désormais menacé par les nouveaux affrontements.
R. I.