De nouvelles images satellites et des témoignages de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d’El-Fasher près d’une semaine après sa prise par les paramilitaires. Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont lancé l’alerte au sujet d’une situation absolument apocalyptique et véritablement terrifiante sur le terrain.
Dimanche dernier, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Daglo ont pris El-Fasher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane. Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l’Université Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne montrent aucun mouvement à grande échelle à El-Fasher, ce qui suggère que la majorité de sa population est morte, capturée ou cachée. Le Laboratoire a dénombré au moins 31 groupes d’objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi dans différents quartiers, sur des sites universitaires et sur des sites militaires. Les indices qui montrent que les massacres se poursuivent sont clairement visibles, conclut-il. MSF a elle aussi dit craindre samedi qu’un grand nombre de personnes y soient toujours en grave danger de mort et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés d’atteindre des zones plus sûres, comme Tawila. Des milliers de personnes ont déjà fui El-Fasher pour cette ville située à environ 70 km à l’ouest, où MSF s’est préparée à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés. Des survivants ont raconté à cette ONG que des habitants ont été séparés selon leur sexe, leur âge ou leur identité ethnique présumée et que beaucoup sont toujours détenus contre rançon. Un rescapé a raconté des scènes horribles de prisonniers écrasés par les véhicules de combattants.
Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l’ONU. Il a été déclenché en avril 2023 entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR). Celles-ci ont pris, le 26 octobre, la ville d’El-Fasher dans l’ouest du pays, après 18 mois de siège. Par ailleurs, le Royaume-Uni a annoncé samedi qu’il allait débloquer une aide humanitaire d’urgence d’une valeur de 5 millions de livres (5,67 millions d’euros) pour le Soudan, secoué par un conflit armé depuis 2023.
Le Royaume-Uni débloque une aide de 5 millions de livres
Cette enveloppe financera « des actions humanitaires essentielles, notamment la fourniture alimentaire d’urgence, des soins médicaux et une protection pour les victimes de violences sexuelles », a détaillé le ministère britannique des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Cette nouvelle aide s’ajoute aux 120 millions de livres déjà mobilisés par le Royaume-Uni pour le Soudan, a précisé le ministère. « Pendant trop longtemps, ce conflit terrible a été négligé, alors que les souffrances ne faisaient que croître », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Yvette Cooper, actuellement en déplacement à Bahreïn. Les informations sur les violences subies par les civils dans ce conflit « sont absolument horrifiantes », a-t-elle insisté, citée dans le communiqué.
R. I.













































