Accueil ACTUALITÉ Sortie de crise : des experts prônent la valorisation des compétences

Sortie de crise : des experts prônent la valorisation des compétences

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Une autorité chargée de la conduite des réformes économiques, au plus haut niveau de l’État, selon Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances et du Commerce en 1997, et une valorisation des compétences et des moyens hors-hydrocarbures, aux dires de l’expert international, Abderrahmane Mebtoul.
Ce sont les deux propositions de sortie de crise multiforme, notamment économique et financière, dans laquelle s’empêtre l’Algérie, et que semblent préconiser deux des plus « belles » voix économiques du pays. L’ex-ministre s’est exprimé sur les ondes de Radio Maghreb, la web-radio qui se fraye un chemin médiatique depuis quelques temps. Les missions de l’autorité devront s’articuler sur l’élaboration de programmes sectoriels auxquels prendront part aussi bien les compétences nationales qu’étrangères, les meilleures parmi elles. Il se rappelle, notamment, que les programmes des années 1990 étaient constitués de « batteries d’actions, des échéances et des suivis réalisés tous les 3 mois ». Soulignant également que le pays n’associait pas à cette époque le rôle, que d’aucuns jugeaient incontournable, du Fonds monétaire international, FMI, et qu’il est impératif que « le train des réformes ne doive pas s’arrêter ». Au sujet de la politique de subvention évaluée à 45 milliards de dollars, l’ancien ministre fait preuve d’une fidélité à toute épreuve par rapport à ses précédentes positions, la considérant comme preuve d’instabilité financière, synonyme donc d’absence de développement économique. Pour l’exemple, les prix subventionnés des carburants, représentant, à ses yeux, entre 10 et 12% des prix internationaux. Sur ce, il prédit que, à ce rythme, la consommation des Algériens devra les inciter à choisir entre « mettre de l’essence dans leur voiture ou exporter les excédents pétroliers ». Joignant son analyse au cri de détresse de la Sonelgaz, dont les tarifs n’ont pas enregistré de sensible augmentation depuis 2005, Harchaoui plaide, dans l’objectif, l’État d’économiser et de réduire la consommation, pour des ajustements de prix et des tarifs, considérés comme « incontournables et urgents », qui devraient prendre, pour les carburants, la forme d’« augmentations échelonnées de l’ordre de 2 à 3 dinars algériens, à appliquer chaque semestre, voire tous les trimestres ».
L’ancien ministre reproche aux institutions de l’État, aussi bien administratives qu’élues, de ne pas trop accentuer leur démarche sur les actions de sensibilisation en direction du grand public. « Il n’y a pas assez d’explication, ni de la part du gouvernement ni de la part des députés. Si les parlementaires algériens ne sont pas conscients des enjeux qui va expliquer la situation aux Algériens ? », déclara-t-il en substance. L’opposition n’est pas en reste, il est aussi reproché l’absence de propositions, ne focalisant, à ses yeux, ses interventions que sur le volet critique. Bien que jugeant que les mesures d’urgences soient devenues nécessaires, car le pays aurait toujours fonctionné selon un rythme démuni de toute vision d’ensemble et de planification prospective, Harchaoui préconise, en guise de renforcement, des mesures impliquant une stratégie d’ensemble. Le filet social ? « On avait commencé à le mettre en place dans les années 1990, avec un recensement des ménages les plus modestes dans les 1500 communes que compte le pays ». Les privatisations ? « On ne peut continuer à financer des entreprises éternellement déficitaires. Il faut reprendre le processus de privatisation en établissant un cahier des charges et en assurant un suivi régulier ». Au sujet des importations, le ministre des années 90 plaide pour une remise de l’ordre dans ce secteur, ou tout s’y adonne en se munissant, selon ses dires, d’un simple registre de commerce. La priorité serait, selon ses dires, de fixer de nouveaux paramètres pour le commerce extérieur « en privilégiant les importations destinées à l’appareil de production et en sélectionnant les opérateurs de la revente en l’état qui doivent disposer des capacités et du professionnalisme nécessaires. ».
Enfin, concernant la cause liée à la dégringolade des prix du pétrole, que l’on attribue à « une guerre pour les parts de marché déclenchée par l’Arabie saoudite dans le but d’empêcher la montée en puissance du pétrole de schiste américain », l’ancien ministre de la période durant laquelle le pays vivait « avec 8 à 9 milliards de dollars d’importations », comme il tenait à le rappeler, y voit, en revanche, une stratégie saoudienne d’ordre stratégique visant,, plutôt, à affaiblir des concurrents fiables, à savoir l’Iran, le Venezuela et la Russie. Cette situation a été derrière, rappelle-t-il, la perte de 400 millions d’euros pour les pays pétroliers, mais dont a été mise à profit, ces deux dernières années, par les grands pays importateurs de l’Union européenne, dans le cadre de la préservation de la croissance.

Mebtoul : une bonne gouvernance doit être de mise
Pour sa part, Le Professeur Abderahmane Mebtoul, économiste et expert international, a estimé mercredi, à Sidi Bel-Abbes, que « l’Algérie dispose des compétences et des moyens hors-hydrocarbures lui permettant d’opérer un changement radical dans sa politique sociale et économique et de dépasser la crise liée à la chute des prix du pétrole ». Dans une communication intitulée, « l’Économie algérienne face aux défis et aux changements énergétiques », présentée à la faculté des sciences économiques et commerciales et de la gestion de l’Université Djillali Liabes, le Pr Mebtoul a prôné une production et une productivité hors-hydrocarbures plus performante, axée sur la mise en valeur des compétences, dans le but de créer de la richesse. Plutôt optimiste, il déclara que ces propositions peuvent, aisément, concourir à donner une image plus reluisante du pays à l’avenir, pourvu que la volonté y soit. Le tourisme et l’agriculture sont les deux potentialités indéniables sur lesquelles il est urgent de s’en adosser pour s’orienter vers une économie productive, indique-t-il. Parallèlement, la rationalisation de la consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables, notamment au sud du pays, doivent être initiés. Au-dessus de la mêlée, la primordialité d’une bonne gouvernance doit être de mise, recommande l’expert. Elle devra être notamment versée dans la lutte contre la corruption, ou l’accent sera, aussi, mis sur la préservation des différentes ressources du pays.
Zaid Zoheir

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