L’Algérie peut surpasser les relents de crise qui la taraudent depuis la tendance baissière des cours du pétrole. Il suffit non de recourir aux réserves de change et aux Fonds des recettes, qui rétrécissent comme peau de chagrin, comme tentent de le préconiser, tout en avouant son improbable efficacité, experts et politiques, mais de seulement recouvrer les impôts non recouvrés (près de 10 000 milliards DA), les crédits non remboursés (7 500 milliards DA) et les prêts non récupérés (5 milliards DA), avoisinant, ces trois-là, les 1 800 milliards DA, soit 180 milliards de dollars, somme qui peut couvrir les besoins triennaux du pays, soit de 2017 à 2020. Donc, les levés issus de l’emprunt obligataire national, de l’ordre de 400 milliards, dont 152 lors de la soirée de jeudi du FCE, ne seraient que des miettes, et dont l’État nous aurait dispensés d’avoir recours. Ce sont là les ingrédients de sortie de crise, proposés par l’inamovible secrétaire générale du PT, Louiza Hanoune, énoncés, ce samedi, à la Bibliothèque d’El-Harrach, lors de la célébration du 26e anniversaire de création du parti. Hanoune, tout en dispensant le pouvoir politique d’avoir provoqué la crise pétrolière mondiale, le charge, par contre, du laxisme ou du peu d’entrain qu’il met dans le règlement du problème que subit le peuple, depuis au moins la dernière décennie. Les chiffres qu’elle a communiqués, elle les a puisés des déclarations officielles, notamment celles du ministre des Finances sortant, Abderrahmane Benkhalfa, manière de se dédouaner des accusations de diffamation, dont elle pourrait subir en ce cas d’espèce, essentiellement lorsqu’il s’agit de toucher à la «tirelire» de l’État. L’analyse financière de la SG trouve son fondement, aux yeux de cette dernière, dans le fait, prouvé, que l’Algérie a besoin seulement de 4 milliards de dollars pour surmonter la crise qui la mine. Au sujet de l’emprunt obligataire national, auquel une manne financière de 152 milliards DA a été levée en sa faveur, ce jeudi, suite à la mobilisation financière sous la houlette du Forum des chefs d’entreprise, Louiza Hanoune n’y voit qu’un assèchement des liquidités bancaires, puisque ce sont ces dernières en compagnie des établissements financiers publics qui ont mis le plus la main dans la poche, à hauteur de 45 milliards DA, soit près du tiers du montant global collecté. Elle s’interroge, ici, sur le prétendu rôle que certains veulent attribuer au privé national dans la collecte de l’argent destiné à couvrir les charges de l’investissement, puisque seulement 16% ont été induits de l’apport des entreprises regroupées sous la houlette du FCE de Ali Haddad. Ce fut une occasion pour la militante trotskyste de s’attaquer à ce qu’elle appelle l’oligarchie, celle qui s’est enrichie des marchés publics accordés par le pouvoir en place. Elle les accable d’avoir amassé de l’argent plus que les caciques du FLN, lorsque ce dernier était, bien avant le multipartisme, la source du pouvoir du pays. Pour Hanoune, quoi qu’en dise sur les riches de la période d’avant-Octobre 88, ils ne pèsent rien, pécuniairement parlant, par rapport à la classe des hommes d’affaires de la période du règne de Bouteflika. L’enrichissement des premiers est moins amplifié que celui des seconds, déclara-t-elle en substance. La loi sur l’investissement, affublé de loi coloniale, «Qanoune el-istiaamar oua layssa qanoune el-istitmar», poétise-t-elle, n’est pas en reste, elle figure dans la liste des tares que tentent de prôner l’État en dépit des incertitudes qui pèsent sur l’impact positif de sa mise en œuvre. En guise d’allocution d’ouverture, la SG du PT est revenue, nostalgique, sur le contexte dans lequel a été créé le parti, le 29 juin 1990. Octobre 88 et victoire du FIS aux élections de 1990, période empreinte d’émeutes et de tentatives de réformes socioprofessionnelles. C’était, aussi, l’ouverture pluraliste, médiatique surtout, sans pareil dans le monde, même développé. C’est dans ce décor planté pour, surtout, mettre le holà au long règne du Parti unique, que le PT ait vu le jour.
Zaid Zoheir