Le nouveau président de la République, élu à raison de 58,15% des suffrages exprimés, à l’issue de la présidentielle de jeudi passé, Abdelmadjid Tebboune, se dit prêt à libérer les détenus d’opinion du mouvement du 22 février, qui s’avèrent être innocents.
Après avoir tendu la main au mouvement, dans le but d’amorcer un dialogue « afin de bâtir une Algérie nouvelle », le nouveau Président est conscient qu’il doit donner des preuves de bonne foi pour créer un climat propice à la tenue de ce dialogue.
Et le premier signe d’apaisement concernerait les détenus d’opinion, qui ont été incarcérés pour leurs déclarations, positions politiques ou avoir brandi l’emblème amazigh. Dans son discours, le président Tebboune a déjà inscrit cette éventuelle libération dans son agenda, car tout en excluant toute grâce présidentielle aux personnes incarcérées pour des affaires de corruption, il a toutefois laissé les portes ouvertes aux détenus du Hirak, en précisant que leurs dossiers seront « étudiés ».
Cette éventuelle libération a été d’ailleurs confirmée par le porte-parole de la campagne électorale du Président, Mohamed Laâgab, qui a déclaré : « si ces détenus sont innocents et qu’ils sont injustement emprisonnés, Tebboune va les libérer» étant donné « qu’il est le premier magistrat du pays». Invité à une émission de télévision, où il était questionné sur le sort des prisonniers, comme Lakhdar Bouregâa, ou Karim Tabbou, Samir Belarbi et autres. Laâgab a indiqué que Abdelmadjid Tebboune « n’est pas responsable sur cette situation et sur leur emprisonnement» et «leurs dossiers sont entre la main de la justice », et cette justice «est maintenant libérée». À l’heure actuelle, la question qui se pose concerne la date de libération de ces détenus, surtout que le mouvement populaire et pacifique est proche de souffler sa première bougie.
Le président de la République choisira-t-il de libérer ces détenus avant la fin de l’année, ou prendra-t-il le soin de faire ce geste de bonne foi lors de la célébration du jour de l’an amazigh, surtout qu’une grande partie de ces détenus sont poursuivis ou condamnés pour port de l’emblème amazigh ? L’après élection présidentielle est certes une étape décisive dans l’Histoire de l’Algérie. Le dialogue est le meilleur moyen pour sortir de la crise que traverse le pays, mais il semblerait que celui-ci soit conditionné par ce moyen d’apaisement à l’endroit du Mouvement. En effet, il convient de noter, sur le sillage du mouvement, au dialogue, plusieurs formations politiques ont exigé la libération des détenus d’opinion. C’est le cas notamment du FFS, PT, RCD et le FJD.
En attendant de connaître les détenus qui ont été incarcérés « injustement », évoqués par Laâgab, la justice devra examiner ce mercredi la demande de la remise en liberté provisoire de Karim Tabbou (porte-parole du parti non agréé UDS). Ce dernier pourrait, éventuellement, être le premier à sortir de prison après l’élection présidentielle.
Lamia Boufassa