Ils étaient des dizaines en mars, ils sont des centaines: la vie dans le camp de fortune d’Horgos se détériore pour des migrants parvenus en Serbie et qui ont de plus en plus de mal à passer en Hongrie.
à quelques mètres de barrières hautes de plusieurs mètres et surmontées de fil barbelé, au bout d’un chemin cahoteux, des dizaines d’abris improvisés, tentes ou assemblages sommaires de couvertures et de branchages, servent d’abri à ces voyageurs bloqués sous une forte chaleur, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Comme conséquence des nouvelles mesures législatives en Hongrie, qui ont pris effet le 5 juillet, le nombre de réfugiés et de migrants du côté serbe de la frontière a doublé ces derniers jours pour dépasser 1 300, une majorité de femmes et d’enfants », disséminés dans plusieurs camps, ont relevé dans un communiqué, vendredi, les agences onusiennes en Serbie. Les forces de l’ordre hongroises peuvent désormais reconduire à la frontière les migrants arrêtés dans un rayon de huit kilomètres sur leur territoire. Les contrôles ont été renforcés et les autorisations d’entrée, délivrées au compte-gouttes, se raréfient encore, pour ces voyageurs du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Afrique qui fuient la guerre ou la misère.
à deux pas du poste-frontière d’Horgos-Röszke, ils sont 600 dans le camp, a constaté l’AFP. Selon l’ONU, il y en a un semblable à Kelebija, à 40 kilomètres à l’Ouest. Entre les deux, 300 sont installés dans le centre officiel de Subotica, géré par les autorités serbes.
Les chiffres restent sans commune mesure avec les pics de 2015 et de début 2016, quand entre 4 000 et 5 000 personnes entraient chaque jour en Serbie, jusqu’à la coupure de la « route des Balkans » en mars. Et les organisations humanitaires en charge des camps disent que la situation reste sous contrôle.
Mais les autorités serbes ont exprimé cette semaine leur inquiétude devant l' »augmentation substantielle du nombre de migrants » sur leur territoire, et déclaré avoir enregistré
102 000 migrants en 2016, soit plus de 500 par jour. « Cela signifie que la route des Balkans existe toujours », a résumé vendredi, le ministre du Travail Aleksandar Vulin, déterminé à faire en sorte que la Serbie « ne devienne pas l’endroit où les migrants vont s’amasser ». Cette sévérité hongroise accrue « va encore aggraver la situation », mettent en garde les agences onusiennes en Serbie.
«Ce sera tout pour aujourd’hui»
Selon elles, « seuls 30 demandeurs d’asile ont été autorisés chaque jour à entrer sur le territoire de l’Union européenne, pendant que des centaines vont devoir attendre des semaines, en plein air, dans des conditions souvent désespérées et inhumaines ». À Horgos, vendredi, seize Afghans ont eu de la chance. « Et ce sera tout pour aujourd’hui », dit un policier serbe. Les autres continuent à se partager quelques toilettes de chantier dans une odeur pestilentielle. Il n’y a pas d’autres sanitaires, la foule se regroupe autour du seul robinet du camp pour faire un brin de toilette ou laver du linge. Sont distribués de l’eau et trois repas par jour, dont un, par les Hongrois. Pour s’échapper, l’illégalité semble souvent la seule option. « J’ai essayé d’entrer illégalement en Hongrie avec un groupe de quinze. Un passeur a coupé la barrière métallique. On a marché environ une demi-heure avant que la police ne nous rattrape et ne nous renvoie en Serbie », raconte un Afghan de 23 ans, qui ne veut pas être nommé. Sunia Jusufi, 25 ans, voyage depuis l’Afghanistan avec son mari et leur fils de 4 ans. Arrivée début juillet depuis la Macédoine, elle veut rejoindre légalement l’Allemagne. « Mais si cela s’avère impossible, nous paierons peut-être encore quelqu’un pour continuer plus loin en Europe », dit la jeune femme qui dit avoir déboursé 2 200 euros depuis la Grèce. Selon la branche hongroise du Comité d’Helsinki (HCC), 3 768 migrants ont été interceptés par la police hongroise en juin, plus de 17 000 en 2016.