Alors que la guerre à Ghaza entre dans sa troisième année, un sondage du Washington Post révèle une rupture historique au sein de la communauté juive américaine : 61 % estiment qu’Israël a commis des crimes de guerre, et près de 40 % évoquent un génocide. À New York, Istanbul et Naples, les mobilisations se multiplient pour réclamer la fin du massacre.
Selon le Washington Post, une majorité des Juifs américains interrogés rejettent désormais le comportement du gouvernement israélien dans la guerre contre Ghaza. L’enquête indique que 61 % considèrent que les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre, tandis que 4 sur 10 évoquent ouvertement une politique génocidaire. La portée de ce résultat dépasse la sphère politique : elle remet en cause un lien historiquement solide entre la diaspora juive américaine et l’entité sioniste. « La guerre à Ghaza a ouvert une fissure sans précédent au sein de cette communauté », note le journal. Le rejet de la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu atteint également un niveau record : 68 % des sondés qualifient son gouvernement de « faible » ou « mauvais », soit une progression de vingt points depuis le dernier sondage comparable du centre Pew.
Les rues de New York se lèvent pour Ghaza
À New York, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés ce week-end devant la bibliothèque publique de Bryant Park pour réclamer un embargo sur les livraisons d’armes à l’occupant sioniste, des sanctions internationales et la fin du génocide contre le peuple palestinien. « Le temps est venu de prendre position pour Ghaza », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule. Cette manifestation marque la persistance d’un engagement citoyen constant à New York, deux ans après une guerre qui a coûté la vie à plus de 64 000 Palestiniens selon les autorités locales.
De Naples à Istanbul, une solidarité qui traverse les générations
Les images d’une vidéo devenue virale à Naples ont ajouté une note d’émotion à cette vague mondiale. Deux fillettes italiennes, depuis la fenêtre de leur appartement dans le quartier populaire des Quartieri Spagnoli, ont crié « Palestina libera ! » lors du passage d’un cortège pro-palestinien. Faute de drapeau, elles ont d’abord agité un tissu blanc, avant que des manifestants ne leur lancent un drapeau palestinien qu’elles ont brandi sous les applaudissements. La séquence, partagée des dizaines de milliers de fois, est devenue un symbole : celui d’un soutien spontané, intergénérationnel et européen à la cause palestinienne. En Turquie, la mobilisation n’a pas faibli. À Istanbul, des foules immenses se sont réunies sur la place Sultanahmet pour manifester leur solidarité avec Ghaza, tandis qu’à Elazığ, l’expert Hani al-Dali, s’exprimant au nom des factions de la résistance palestinienne, a martelé : « Les Brigades al-Qassam ne se rendront pas. Ce sera la victoire ou le martyre. » Il a accusé Israël et ses alliés américains d’avoir « échoué à briser la volonté du peuple palestinien », saluant « les sacrifices des jeunes et des intellectuels de Ghaza ». Ces mobilisations surviennent alors que l’armée israélienne poursuit ses offensives dans Ghaza malgré les annonces de la résistance palestinienne, qui a accepté le principe d’un échange global de prisonniers – vivants et morts – sous médiation internationale. Mais sur le terrain, les bombardements se poursuivent, accentuant les pertes civiles et la catastrophe humanitaire. Le sondage du Washington Post illustre un basculement : la guerre ne se livre plus seulement à Ghaza, mais aussi dans les consciences. Elle fracture les alliances, interroge les certitudes et réveille, sur plusieurs continents, une exigence universelle : celle de la justice et de la fin de l’impunité.
M. Seghilani