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SELON L’HISTORIEN OLIVIER GRANDMAISON : « La France n’est pas encore décidée à assumer ses crimes coloniaux »

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Le politologue et universitaire français, Olivier Grandmaison, l’un des spécialistes reconnus des questions liées à l’histoire coloniale, dans une récente déclaration à des médias locaux et français a déclaré que la France, officielle, n’est pas prête à reconnaitre ses crimes contre l’humanité commis durant sa colonisation de l’Algérie. Ce dernier s’est montré catégorique en assénant que la France et Emmanuel Macron excluent toute idée de reconnaissance des crimes de guerre et contre l’humanité commis au cours des 132 années de présence en Algérie. « Il n’y a qu’à voir le rapport rendu par le conseiller historien, Benjamin Stora, qui plaide pour cette hypothèse. Cette affirmation rejoint celles d’autres personnalités politiques et des historiens des deux bords de la Méditerrannée qui n’ont pas manqué de souligner que Benjamin Stora s’est conformé aux directives du cahier de charges pour livrer un rapport commandé. « Ce n’était pas l’historien qui faisait des recommandations mais un consultant payé pour dire ce que la France officielle veut qu’il dise », indiquent des historiens qui continuent de militer pour une écriture apaisée de l’histoire de la présence française en Algérie. Grandmaison enfonce encore plus le clou en affirmant qu’il est naïf de croire que le rapport Benjamin Stora a été commandé pour répondre à un souci de vérité et une volonté de repentance. « Comme je l’ai déjà signalé dans un article publié sur Mediapart, l’auteur du rapport n’emploie jamais le qualificatif de “crime de guerre” ni, au vrai, celui de “crime contre l’humanité”. Par contre, il multiplie, à dessein, le recours au terme “d’exaction” ce qui est très en-deçà de la qualification précise et juste des moyens militaires, policiers et terroristes employés par la puissance coloniale française en Algérie de 1830 à 1962 ». Il estime qu’il ne saurait y avoir d’apaisement sans justice, « quand bien même celle-ci ne peut être que symbolique désormais puisque les auteurs des crimes d’Etat commis pendant la dernière guerre ne seront jamais jugés pour diverses raisons liées, entre autres, aux dispositions d’amnistie des Accords d’Evian. Pas de justice digne de ce nom donc sans qualification précise de ce qui a été perpétré par la France au cours des 132 années d’occupation et de colonisation de l’Algérie il n’y aura pas d’apaisement et de reconnaissance. Grandmaison estime que Macron n’est pas prêt à assumer le passé colonial de la France et que la volonté, de façade, affichée sur des plateaux de télévision ou à l’occasion de conférence de presse, cache en réalité le vœu de maintenir sous une chape de plomb le lourd registre des crimes commis par les soldats français en Algérie, à l’instar des massacres de tribus entières, d’enfumades, d’incendies de récolte, des déportations et autres méfaits qui auraient fait valoir à leurs auteurs le passage devant des tribunaux comme celui de Nuremberg qui avait jugé les criminels et les crimes du 3e Reich. « Dans de telles conditions, cet apaisement n’est qu’un vœu pieu destiné à donner le change, à satisfaire certains secteurs de l’opinion et à orner, comme dans le monde d’avant, des discours de circonstances sans lendemain. Sans autre lendemain que le refus, encore une fois affirmé et défendu par Benjamin Stora, d’exiger des plus hautes autorités de la France qu’elles reconnaissent enfin les crimes coloniaux commis en Algérie ». Curieusement la sortie du rapport de Benjamin Stora est intervenue au moment où les personnalités françaises de toutes chapelles politiques, sont branchées sur les futures échéances électorales. Macron manoeuvre pour assurer sa réélection pour un nouveau quinquennat, Le Pen est déjà en campagne pour faire son entrée à l’Elysée. La droite tout comme la gauche sont dans la même tranchée pour faire barrage à LREM (la République en marche le parti de Macron) et au Rassemblement national. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la publication du rapport Stora qui laisse penser que la France veut alléger sa mémoire du lourd fardeau de son passé colonial mais qui en réalité n’est pas encore prête à se regarder dans un miroir pour se dire comment ont été les 132 ans de sa présence en Algérie, des années faites de terreur, de larmes et de sang et surtout de pires crimes contre l’humanité.
Slimane B.

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