Aujourd’hui menacée par les changements climatiques mais surtout par les conflits et les guerres à l’instar de celle de l’Ukraine, la sécurité alimentaire représente une grande préoccupation pour de nombreux pays pour ne pas dire l’ensemble des pays à travers le monde. Abordant cette question, le président de l’Association « El Aman » pour la protection des consommateurs, Hacène Menouar, qui intervenait hier au forum du Courrier d’Algérie, a affirmé que la sécurité alimentaire de tous les pays est menacée, y compris l’Algérie qui est vulnérable et qui reste dépendante des matières premières de large consommation. Autrefois classée comme souci économique, Menouar considère que la sécurité alimentaire est devenue une question de souveraineté et sur laquelle son association se penche sérieusement depuis déjà 2016. Selon lui, les conflits à travers le monde devraient pousser les autorités à réfléchir à l’élaboration d’une politique pour permettre à l’Algérie d’avoir son autonomie alimentaire. Pour ce faire, l’invité du forum estime qu’il faudrait miser sur les filières stratégiques dans la consommation alimentaire. Il citera à titre d’exemple le blé proposant de faire des transitions du blé tendre au blé dur. D’après Menouar, l’Algérie ne devrait plus dépendre du blé tendre qu’il n’y a d’ailleurs pas suffisamment chez nous puisque les autorités n’ont pas, par le passé, investi dans ce domaine en raison des accords commerciaux établis pour l’importer d’ailleurs. « On doit d’abord rompre ces accords et commencer à le produire chez nous, mais entre temps, il faudra commencer à introduire le blé dur dans notre consommation quotidienne », propose encore le même intervenant. De ce qui est, d’autre part, de la consommation de l’huile, Menouar pense qu’il est temps également de commencer à parler d’huile d’olive plus que l’huile de table, aujourd’hui soumise à la loi des spéculateurs impliquant des tensions et des pénuries de ce produit sur le marché. Le président de l’association El Aman, considère aussi que la sécurité alimentaire passe également par la diversification de la consommation des viandes qui sont très chères en raison de la faible production. Selon l’invité du Forum, l’Algérie perd beaucoup de devises dans ce créneau alors qu’il y a beaucoup d’alternatives qui coûteraient beaucoup moins cher et qui répondent notamment aux besoins des consommateurs. Il dira, à ce propos, que l’association qu’il préside a fait des propositions dans ce domaine pour revenir à la consommation locale, (camelin, chèvre, et lapin) qui sont plus économiques à produire que le poulet dont on importe le poussin, l’aliment et le médicament vétérinaire, appelant les autorités concernées à se pencher sur cette question qui, chez des pays voisins, la viande de camelin par exemple se vend plus chère que la viande bovine. « C’est un projet qu’il faut défendre, et nous comptons sur la contribution des médias pour ce faire », dira-t-il.
«Penser à développer sérieusement le secteur des énergies renouvelables »
Toujours dans le même contexte, Hacene Menouar a estimé que la sécurité alimentaire passe aussi par l’énergie qui, regrette-t-il, est utilisée à outrance, rappelant que le gaz reste un produit non renouvelable. Selon Menouar, il faut penser, à ce qui va advenir de l’Algérie en 2030 au point de vue énergie, relevant que tout un ministère a été créé alors que concrètement les choses ont du mal à bouger. En matière de santé alimentaire, le président de l’association El Aman appelle les pouvoirs publics à diriger la consommation des Algériens pour qu’elle soit plus saine. À ce propos, il évoque l’importance d’organiser des assises nationales autour de la santé alimentaire pour éviter que tout le monde soit malade chronique, soulignant que les données en la matière sont très préoccupantes et que la situation n’est pas sous contrôle les choses risquent de s’aggraver au risque d’avoir « toute la population » malade d’ici quelques années. Toujours dans le même contexte, il a déploré l’absence de contrôle des commerces en appelant les autorités concernés à descendre sur le terrain pour voir ce qui se passe à titre d’exemple au niveau des restaurants fast-food ou aucune norme d’hygiène n’est respectée et qui continuent tout de même d’exercer le plus normalement du monde. Interrogé, par ailleurs, sur la zoonose de la grippe aviaire ayant touché plusieurs foyers de volaille à Médéa, Menouar a déploré un manque de communication à ce sujet au moment où il devrait y avoir pourtant un réseau d’alerte au niveau de l’ensemble des directions de l’agriculture sur le territoire national en vue de stopper la chaîne de contamination.
Ania Nch