Le Courrier d’Algérie : comme à chaque approche du mois sacré de Ramadhan, les prix des produits alimentaires flambent. Une situation qui dure depuis plusieurs années sans pour autant que les pouvoirs publics ne réussissent à freiner ce phénomène malgré la sonnette d’alarme tirée par les consommateurs. L’UGCAA que vous présidez a réagi à cette situation à maintes reprises. Pourquoi à votre avis ce phénomène persiste toujours ?
Salah Souilah : Le problème de l’augmentation des prix revient chaque année avant le Ramadhan. On assiste toujours, surtout la dernière semaine avant le Ramadhan, à une flambée sans précédent des prix des produits de première nécessité surtout la viande rouge et blanche sans parler des légumes.
Il est de notoriété publique qu’il y a une augmentation des prix des produits et cela est dû en partie au marché informel qui ne laisse pas les commerçants exerçant dans la légalité travailler normalement et les pousse à rentrer eux aussi dans l’informel. Il y a également le fait que les prix sont libres.
Il n’y a pas de loi qui fixe les prix des produits. Ce qui sous-entend l’impératif d’élaborer des textes de loi pour réguler le marché. À l’instar du lait, de la farine et de la semoule, les pouvoirs publics doivent préparer des textes de loi pour mieux organiser le marché.
Il y a aussi la part des consommateurs dans cette situation, car à cette période, la demande est très importante donc les commerçants profitent et augmentent les prix.
En tant qu’organisation représentant les commerçants, comment réagissez-vous face à cette situation ?
Nous l’avons toujours dit : Il ne faut pas que les commerçants cherchent à faire des gains rapides, qu’ils soient dénués de toute conscience et qu’ils ne veuillent devenir de véritables commerçants que durant le mois du Ramadhan.
Nous essayons à chaque occasion qui se présente d’exhorter les commerçants à se départir de la hausse des prix en évitant la spéculation durant le mois sacré tout en souhaitant que les commerçants soient en nombre suffisant et se contentent de ce qu’ils ont et qu’ils ne soient pas des «assoiffés» durant la période du Ramadan car tous les produits sont disponibles. Je saisis cette occasion également pour lancer cet appel en direction des commerçants et j’affirme que l’UGCAA a toujours mené une campagne de sensibilisation dans ce sens car nous n’avons aucun pouvoir de décision, notre rôle est seulement de sensibiliser.
Certains vous reprochent d’être incapable à modifier le comportement des commerçants qui échappent à votre contrôle. Que répondez-vous ?
Même si on n’a pas le pouvoir de répression, nous allons à travers la presse nous faire entendre de la part de ceux qui ont un pouvoir de décision auxquels nous lançons un message pour qu’ils prennent des mesures dans le sens de l’organisation du marché et de la répression des commerçants contrevenants. Aussi, et je l’ai toujours dit, l’UGCAA souhaite une organisation du marché à travers des rencontres et une coordination entre le ministère de l’Intérieur et le ministère du Commerce pour l’établissement d’un véritable programme d’action.Il ne faut pas oublier également que l’UGCAA a interpellé à maintes reprises les pouvoirs publics dans ce sens tout en saluant les mesures prises par l’Etat dans le cadre de la réglementation des pratiques commerciales et de la concurrence. Ces mesures contribueront à la lutte contre la spéculation et à la répression des commerçants qui augmentent les prix de manière déraisonnable.
Les associations des consommateurs commencent à réagir dans ce sens en choisissant la solution du boycott. Qu’en pensez-vous ?
Il faut reconnaitre que le problème de la régulation des circuits commerciaux dépasse une campagne de boycott des détaillants qui se situent en réalité au bout de la chaîne. C’est pourquoi en tant qu’Union des commerçants et artisans algériens nous considérons ce genre de solution inefficace car elle n’a et n’aura pas d’impact au milieu des populations. Elle est également improductive.
À notre avis il ne faut pas appeler à ce type de boycott mais exiger plutôt davantage de rigueur dans le contrôle des importations au moins pour que nous sachions en tant que citoyens à quel prix ces viandes sont importées.
Entretien réalisé par I. B.