Tout le récit de fiction dont s’est targué l’écrivain franco-(algérien) – lui en reste-il un brin?- s’avère, selon le témoignage déchirant de cette jeune victime du terrorisme, une vraie histoire vécue par elle-même, l’héroïne Fajr dans ce roman.
Fajr (Aube en français), le personnage principal du roman « Houris » présenté par son auteur comme une fiction, s’est avéré être une vraie personne qui était victime du terrorisme dans les années 90. Il s’agit de la dénommée Saâda Arbane, une jeune femme algérienne habitant à Oran qui a jeté un véritable pavé dans la mare. Ainsi, celle qui a vécu dans sa chair une histoire dramatique durant la décennie noire, que l’auteur de « Houris » nomme « guerre civile » pour faire plaisir à ses maîtres de Paris, a livré sur la chaine algérienne « One TV », un témoignage poignant. Comme décrite sur le roman, Saâda a été marquée sur son corps d’une cicatrice au cou et dont la grave blessure l’a privée de ses cordes vocales. Muette, elle arrive « à peine » à parler grâce à un appareil implanté sur son cou (électrolarynx).
Dans un témoignage marqué de tristesse, les yeux pleins de larmes, Saâda a dit avoir appris avec surprise et stupéfaction le roman de Kamel Daoud et qui était basé sur sa propre histoire. Une vie qu’elle avait vécue et partagés, depuis 2015, avec l’épouse de l’écrivain, psychologue de son état, qui l’accompagnait pour se remettre ses son traumatisme psychologique a subit toute petite après qu’un groupe terroriste a décimé, il y a 25 ans de cela, tous les membres de sa famille. Dans cet entretien, Saâda a raconté miraculeusement survécu à ce massacre terroriste. Ainsi, elle a affirmé que le roman n’était pas un récit de fiction, comme argué par son auteur, Kamel Daoud, dans ses nombreuses interventions dans les médias français. La victime dénonce ainsi un vol et une exploitation de sa tragédie par l’auteur. Une histoire personnelle qu’elle a refusé, à Madame Daoud, son psychologue, de raconter dans un livre. Autrement dit, le roman a été écrit à son insu et sans son consentement, ce qui pose un problème d’éthique pour l’auteur et une violation du secret médical par la femme de l’auteur.
Née à Djelfa, et malgré les difficultés, Saâda a réussi à poursuivre sa vie et a accompli de grandes choses comme devenir championne d’équitation. Elle a expliqué qu’elle ne connaissait pas Kamel Daoud, mais qu’elle était amie de la femme de l’écrivain, une psychologue qu’elle consultait depuis 2015 pour surmonter son traumatisme. Pour elle, les événements racontés dans « Houris » correspondent parfaitement à l’histoire qu’elle a vécu, notamment « les cicatrices sur son cou, l’appareil respiratoire fixé à sa gorge, les tatouages sur son corps, la tentative d’avortement, le salon de beauté, le lycée Lotfi, la nature de sa relation avec sa mère, l’opération qu’elle devait subir en France et la pension qu’elle reçoit ». Ensuite, elle a révélé que l’auteur lui avait proposé plusieurs fois d’écrire son histoire dans un livre, lors de rencontres chez lui, en présence de Mme Daoud, mais elle avait refusé l’offre. En constatant la sortie du livre, elle a alors contacté l’épouse de Daoud pour qu’elle lui explique la situation. Mais cette dernière a nié les reproches affirmant que le roman de son mari ne parlait pas de Saâda, la vraie. La femme de Daoud lui a ensuite fait parvenir une copie de « Houris » dédicacé par son auteur, dont le message suivant : « Notre pays a souvent été sauvé par des femmes courageuses, et tu es l’une d’entre elles, avec mon admiration ». Cette révélation a choqué Saâda, la privant de sommeil pendant plusieurs jours, la tragédie des années 90 lui a remonté à l’esprit
Selon des sources juridiques, des experts affirment que les faits pourraient entraîner des poursuites contre l’épouse de Daoud, pour violation du secret médical et professionnel. Alors que pour l’auteur, le problème est d’ordre d’éthique. Affaire à suivre…
F. G.