Le déficit budgétaire lié au recul des revenus des hydrocarbures ainsi que la crise sanitaire de Covid-19 et ses conséquences sur l’économie nationale ont contraint, comme impératifs, les autorités publiques à décider de baisser la valeur de la monnaie nationale pour les trois prochaines années.
La monnaie nationale perdra un taux de 5 % de sa valeur chaque année, selon la Loi de Finances 2021, à savoir 142 DA pour un dollar américain en 2021, 149,71 DA en 2022 et 156 DA en 2023. Cette dépréciation du dinar est due, selon les explications de ministère des Finances, aux perspectives économiques moroses de la Trésorerie nationale et aussi au souci d’éviter le choix de l’endettement extérieur ou le recours, de nouveau, à la Planche à billets. « Le choix du gouvernement de faire baisser la valeur du dinar algérien, malgré l’impact négatif d’une telle décision, face à la monnaie verte (le dollar) est le choix le moins douloureux, comparé aux autres possibilités, c’est-à-dire un retour au mécanisme de financement non conventionnel ou d’aller carrément à l’endettement extérieur et prêter auprès des institutions financières internationales. Cela évitera aussi au pays d’opérer des coupes et restrictions budgétaires ou ce que les algériens appellent simplement “austérité” », a expliqué l’expert économique et financier, Kamel Si Mohamed, également enseignant des universités.
Ce dernier évoque un budget de fonctionnement qui consomme annuellement près de 5 000 milliards DA et les facteurs de la situation socioéconomique du pays, aggravée par les conséquences de la crise sanitaire, qui ont pesé en faveur du choix d’aller, au moins pour le moment, à baisser le dinar. « Il faut ajouter aussi une dette intérieure estimée à environ 6 500 milliards DA [Planche à billets] qui se maintiendra si la politique budgétaire restera telle quelle est aujourd’hui avec un déficit dans le recouvrement des dépenses et la baisse du budget d’approvisionnement qui est en fait le véritable moteur de croissance en Algérie.
La baisse du dinar répond alors à la volonté d’alléger cette dette intérieure », a-t-il poursuivi, mais se disant s’attendre à ce que le baisse du dinar n’atteindra pas le taux prévu dans la LF 2021 (142 DA/le dollar) car le pouvoir d’achat des Algériens subira un lourd impact avec une inflation galopante. Le dollar américain, l’index qui mesure la performance des monnaies nationales dans le commerce international, est échangé à la Banque d’Algérie contre 128,62 DA cette année, malgré des prévisions pour 2021 d’atteindre 142,2 DA/le dollar. La décision de baisser la valeur de dinar a pour objectif, selon les concepteurs de la politique monétaire nationale, de trouver d’autres moyens de financement, la Banque centrale n’ayant pas assez de réserves de change pour empêcher cette dépréciation, car ces réserves sont faites à base des revenus des hydrocarbures. Selon le même expert financier, il n’y a pas beaucoup de signes qui montrent une reprise rapide de l’activité économique mondiale.
« Le pétrole est actuellement à hauteur de 48 dollars et frôlera peut-être bientôt 50 dollars. Il se renchérira encore d’avantage avec la mise en service des vaccins contre le coronavirus. Mais, dès que la production pétrolière retrouvera ses niveaux de production d’avant Covid-19 (sous l’impulsion des pays de l’OPEP +), ils rebondiront légèrement avant de se stabiliser. Il faut savoir que l’économie mondiale vit une crise de dette suite à l’impact de la crise sanitaire de coronavirus et je ne pense pas que les gouvernements s’affranchiront rapidement des nouvelles dettes contractées et ce eu égard à plusieurs paramètres et facteurs. Ce qui mènera à la conclusion que le rétablissement de l’économie internationale ne sera pas avec la performance espérée et par ricochet la demande sur le pétrole sera moindre », a-t-il analysé.
« Dans l’analyse des perspectives de l’économie nationale, je me suis basé sur l’évolution des cours du pétrole, car notre économie est caractérisée par un déficit budgétaire et la progression des prix du baril est le seul facteur qui tire le taux de croissance actuellement », a-t-il souligné. Selon cet expert financier, la baisse de valeur du dinar suscite des inquiétudes sur la chute du pouvoir d’achat des Algériens, la hausse de l’inflation qui sera difficile à contrôler, et aussi l’augmentation du taux de change des devises sur le marché parallèle, ce qui rendra les produits importés plus chers.
Hamid Mecheri