En ébullition depuis mars 2021, et après une trêve d’une année à cause de la pandémie de Coronavirus, le secteur de l’Éducation verra réviser le statut particulier de l’enseignant comme revendication socio-professionnelle des syndicats, à la faveur notamment de la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, entérinée en Conseil des ministres de ce dimanche, lors duquel le chef de l’État a ordonné l’engagement du dialogue avec les différents partenaires sociaux sur la question.
En effet, lors de la réunion du Conseil des ministres, le président Tebboune a ordonné « l’engagement du dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d’améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur de l’Éducation nationale ainsi que la révision du Statut particulier de l’enseignant », a indiqué un communiqué de la Présidence. Un engagement qui n’est pas des moindres puisqu’il concerne une question essentielle revendiquée par les syndicats autonomes de l’Éducation. Toutefois, hier et aujourd’hui, les enseignants du primaire ont observé une grève nationale en paralysant toutes les écoles du pays. Pendant leur sit-in devant l’annexe du ministère de l’Éducation nationale à Ruisseau, les grévistes ont appelé à la réforme du système éducatif et la révision des programmes scolaires, ainsi qu’à l’augmentation des salaires. Il est à rappeler que les enseignants des trois cycles de l’éducation avaient organisé le 12 avril dernier une grève à laquelle a appelé le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’Éducation (CNAPESTE) afin de réclamer la prise en charge des revendications socioprofessionnelles pour « améliorer le pouvoir d’achat de l’enseignant et accorder la priorité au dossier du logement au profit de cette catégorie, étant un moyen essentiel et nécessaire qui garantit la stabilité et un meilleur rendement des enseignants ». L’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF), le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) et le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) avaient appelé à observer des sit-in pour la satisfaction d’un ensemble de revendications socioprofessionnelles et pédagogiques soulevées depuis des années.
Ouadjaout appelé à prendre ses responsabilités
Dans un communiqué, le ministère de l’Éducation nationale avait fait état de « son plein engagement » à la prise en charge de toutes les « préoccupations » soulevées dans le secteur, appelant la famille éducative à faire preuve de responsabilité en faveur de la stabilité du secteur au service de l’élève et du Savoir. À ce propos, le ministre de l’Éducation nationale, Ouadjaout Mohamed a rappelé la consécration d’ « importants » montants à cet effet, ce qui reflète les efforts de l’État qui accorde un intérêt majeur à la régularisation des dossiers en instance qui seront tous pris en charge au titre de l’année financière 2021.
Le SNAPEST veut un dialogue avec le Premier ministre
En réaction à cette décision, le responsable du SNPEST, Meziane Meriane, a réagi positivement à cette décision, imputant la série des grèves, qui affectent en ce moment le secteur, à l’absence d’un vrai dialogue avec la tutelle. Joint hier par téléphone, Meziane Meriane a indiqué que la grève des 9,10 et11 mai « sera maintenue s’il n’y aura pas, d’ici-là, des négociations avec le Gouvernement qui aboutissent à un vrai processus ». Dans ce cadre (le dialogue avec la tutelle), notre interlocuteur dira que depuis une année aucun dialogue sérieux n’a eu lieu avec la tutelle autour des dossiers déposés au niveau du MEN que ça soit du côté pédagogique ou social. «Nous n’avons jamais eu de réponse sur nos revendications de la part du ministre » précise-t-il. Par ailleurs Meziane a refusé que l’engagement du président de la République concernant l’ouverture d’un dialogue « sérieux » soit avec le MEN affirmant que la réponse est « connue d’avance », proposant dans ce sillage la mise en place d’un planning, dans le cadre du dialogue prôné par le président de la République en présence du Premier ministre et des représentants de la Fonction publique. « On a eu des négociations avec le ministère, on connait d’avance les réponses, ce n’est pas de leurs prérogatives, donc on demande des négociations avec ceux qui ont le pouvoir de décider ». Pour ce qui est du statut particulier de l’enseignant, notre interlocuteur cite celui de 2012, en disant «on a constaté des incohérences dans ce statut, on s’est battu pour les corriger », pour ce but, poursuivit-il « une commission mixte (syndicats et ministère du Travail) s’est installée qui a travaillé. pendant plus d’une année sur cela. Mais rien n’a été fait. C’était de la poudre aux yeux », ils gagnaient du temps, affirme-t-il. Du coup Meziane a déclaré que seul le terrain peut prouver le contraire. Pour rappel, le secteur de l’Éducation renoue avec la protestation. Quatorze syndicats ont annoncé, jeudi, une grève nationale de trois jours les 9, 10 et 11 mai, accompagnée de rassemblement devant les directions de l’éducation à travers le pays. Dans un communiqué rendu public, les syndicats dénoncent la politique de « la fuite en avant » quant à la prise charge de leurs doléances «exprimées à moult reprises». Le même document précise que celles-ci s’articulent autour de l’amélioration du pouvoir d’achat, l’intégration et la germanisation des corps communs dans le secteur de l’Éducation, la majoration du point indiciaire dans le calcul des salaires, la révision du système des primes et indemnités, la révision du statut particulier, le rétablissement du droit à la retraite sans conditions d’âge. Sur le plan pédagogique, les partenaires sociaux revendiquent la réforme du système éducatif et la révision des programmes scolaires.
Sarah Oubraham