Une journée parlementaire a été organisée mardi par le groupe parlementaire du parti FLN, sur le thème de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne.
Cette initiative est partie de deux raisons valables : « nécessité d’évaluation et impératif de révision ». En fait, on est très loin de l’illusoire « gagnant-gagnant » promis par l’UE aux Algériens. Comme l’ont fait remarquer les intervenants, cet accord devait être fondé sur « un partenariat équitable et équilibré », mais les chiffres indiquent que « l’Algérie n’en a pas tiré profit, de manière effective ».
Passant en revue les principales étapes traversées par cet accord, le représentant de la Direction générale des douanes, le contrôleur général, Mourad Ami, a rappelé, à cette occasion, que le volume des importations de l’Algérie, depuis 2002 (date de son entrée en vigueur), jusqu’à fin 2024, s’est élevé à 391 milliards USD (46,7% du total des importations du pays). Bien qu’un excédent commercial ait été enregistré par l’Algérie au cours de cette période avec la partie européenne, s’élevant à près de 194 milliards de dollars, l’analyse de la nature des exportations révèle que cela est principalement dû à la prédominance des hydrocarbures, qui représentent environ 95 % des exportations nationales, « des produits qui ne sont pas concernés par l’accord », a précisé Mourad Ami, qui a souligné les avantages fiscaux dont a bénéficié la partie européenne au détriment du Trésor public. Le Directeur de la numérisation, de la prospective et des statistiques au ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche, Mohamed Tifouri, a donné un argument supplémentaire : les exportations agricoles algériennes vers les pays de l’Union connaissent un recul depuis des années, bien que l’accord de partenariat comprenne cinq protocoles relatifs à l’agriculture, aux produits halieutiques et aux produits alimentaires industriels. Mohamed Tifouri fait constater que la balance commerciale penchait de manière « significative » en faveur de la partie européenne, parallèlement à la « difficulté d’accès des produits agricoles algériens au marché européen, en raison de restrictions non tarifaires telles que les spécifications techniques, comme la taille et l’emballage, les normes de santé animale et les procédures douanières complexes ». Selon ses propos, les procédures bureaucratiques complexes, souvent citées comme étant le poison du « climat des affaires », sont du côté de l’UE. Elles s’ajoutent, explique-t-il, à des normes parfois inéquitables et à des retards injustifiés aux points d’entrée des pays de l’Union, ce qui augmente les coûts et affecte la qualité des produits agricoles frais ». Mohamed Tifouri a appelé à faciliter les procédures de contrôle technique et sanitaire des produits agricoles exportés vers l’UE et à garantir leur application de manière transparente et sans discrimination, tout en veillant à ce que « les procédures d’inspection et de vérification de la conformité aux normes soient fluides et claires. » Ce n’est pas tout, la décision de l’Algérie, relative à la révision de l’accord reflète la volonté de la partie algérienne, de « sceller un partenariat économique équitable, non seulement dans le domaine économique, mais également dans le domaine du transfert des expériences et technologies et de la mobilité des personnes », a souligné Nacer Bettiche, président du groupe parlementaire du parti du FLN à l’Assemblée populaire nationale. Pour Nacer Bettiche, 20 ans après l’application de cet accord signé en 2002, « sont suffisants pour réviser son contenu », notamment dans le contexte actuel caractérisé par une tendance vers une économie diversifiée, estimant que l’accord n’a pas impacté positivement le flux des investissements européens « effectifs et productifs » vers l’Algérie. Il est nécessaire, conclut-il, de mettre en place une commission nationale ad-hoc composée de représentants des différents secteurs ministériels concernés et d’experts, afin d’évaluer l’accord, clause par clause, et proposer les alternatives possibles, à travers l’amendement de ses textes actuels, ou par le biais de négociation sur de nouvelles bases qui restituent l’équilibre et réalisent le minimum des intérêts des deux parties.
M’hamed Rebah