Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, poursuit ses consultations avec les personnalités nationales et chefs de partis politiques, pour débattre de la situation globale du pays et la révision de la Constitution pour « l’édification d’une nouvelle République », pour reprendre le communiqué de la Présidence de la République.
C’est dans cette optique que le chef de l’État a reçu, hier, au siège de la Présidence, Sofiane Djilali, président de Jil Jadid (parti d’opposition), pour écouter son point de vue sur la situation prévalant dans le pays et le projet d’amendement de la Loi fondamentale. Djilali est le premier responsable de parti politique à être accueilli par le président de la République.
Auparavant, le chef de l’État s’est entretenu avec plusieurs personnalités de la scène nationale, dans le sillage de ses rencontres pour entendre les avis des uns et des autres sur l’actualité nationale brulante et surtout écouter leurs perceptions de la future Loi fondamentale du pays à même de permettre un large consensus autour des fondements de la nouvelle République.
C’est l’ex- chef du gouvernement démissionnaire sous Abdelaziz Boueflika, Ahmed Benbitour, qui a été reçu en premier, dont les contours des discussions n’ont pas été largement divulgués, d’autant que le gouvernement n’a pas été encore installé au moment de cette entrevue. S’agissait-il d’une simple rencontre d’échanges de visions sur la situation globale du pays ? Ou a-t-il été sollicité pour participer au Gouvernement ? Peut-être les deux à la fois, mais peu de choses avaient filtré sur l’objet de cette rencontre.
La deuxième personne à s’être déplacée au palais de la Présidence, est l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, dont la portée de ce tête-à-tête a été rendue publique par les deux parties. Dans un long communiqué, l’ancien diplomate Rahabi dit avoir écouté le président Tebboune et formulé, pour sa part, sa vision des choses de nature à sortir de la crise actuelle que vit l’Algérie, héritée d’une gestion chaotique des affaires du pays des années durant. Un état de fait qui a accouché du reste d’une rupture totale de confiance entre les gouvernés et les gouvernants.
Le coordinateur du pôle des démocrates de Baïnem a déclaré avoir senti cette volonté, auprès du Président, de vouloir changer les choses, estimant que cela ne reste pas au stade d’un discours creux, mais plus tôt traduit sur le terrain.
L’autre invité de marque au palais d’El Mouradia reste incontestablement le vieux routier de la politique et père des réformes démocratiques en Algérie, Mouloud Hamrouche.
Réception de Hamrouche et un déplacement chez El Ibrahimi
L’homme au parapluie, comme certains aiment le nommer, a été accueilli par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans le cadre de ces mêmes consultations. Au cours de cette rencontre, Hamrouche a présenté au président de la République sa vision sur les différentes questions posées sur la scène politique. L’ancien chef du gouvernement sous le régime du président Chadli Bendjedid est connu pour ses analyses approfondies sur les questions ayant trait à l’actualité nationale. Ce qui fait de lui un acteur incontournable dans les consultations du Président.
Contrairement aux autres invités qui se sont rendus au Palais d’El Mouradia, le chef de l’État s’est donné la peine de faire le déplacement en personne, au domicile de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, dans l’après-midi de lundi, pour s’enquérir de son état de santé. Le même ordre du jour était au centre des discussions entre les deux hommes. À ce propos, l’ancien ministre de l’Education des années 70 a présenté « sa vision de l’avenir dans le cadre de la consolidation de l’unité nationale pour l’édification d’un front interne solide et la protection de l’identité nationale et des valeurs et constantes de la Nation », lit-on dans le communiqué de la Présidence.
Il est à rappeler que El Ibrahimi, tout comme Hamrouche, est signataire d’une initiative de crise avec d‘autres personnalités et contribue sur les colonnes de la presse pour développer son approche par rapport aux voies et moyens de sortie de crise.
Le chef de l’État a-t-il épuisé ses contacts de personnalités nationales portées dans son carnet d’adresses en entamant les pourparlers avec la classe politique ? Visiblement non. Contrairement à ce qui a été porté par des rumeurs faisant état du partage des entrevues sur trois étapes: des rencontres avec les personnalités nationales, puis avec les chefs de partis politiques pour clore avec la société civile, est une information finalement sans fondements.
Le chef de l’État compte mener ces consultations pêle-mêle puisque, outre ces partis politiques qui seront ainsi conviés tour à tour au Palais d’El Mouradia pour élargir le débat sur la situation du pays et la future Constitution, d’autres personnalités nationales sont également attendues à la Présidence, à se fier au communiqué de celle-ci.
Lors de la campagne électorale, l’actuel Président avait promis l’ouverture d’un dialogue avec tous les acteurs politiques et les représentants de la société civile, dont le Mouvement populaire en marche depuis février dernier.
Brahim Oubellil