Personnalité prévue par la Constitution pour assurer l’intérim à la tête de la magistrature du pays, maintenant que la vacance du poste de Président est actée, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, contesté par la dernière démonstration de rue de vendredi, pourrait ne pas être désigné pour mener la transition dans le pays, à l’occasion de la réunion du Parlement national en chambres réunies.
En effet, une période de transition de 90 jours sans Bensalah est préssentie à la veille de la réunion des deux Chambres du Parlement, prévue demain au Palais des Nations (Ouest d’Alger), dont l’agenda prévoit de prendre acte de la déclaration du Conseil constitutionnel portant vacance définitive du poste de président de la République, conformément à l’article 102 de la Constitution.
C’est le quotidien gouvernemental, El-Moudjahid, qui l’a laissé entendre dans son éditorial, paru hier. Entendre : Bensalah ne serait pas forcément la personnalité qui gérera la période de transition dans le pays, car «l’actuel figure ne semble pas être tolérée par le mouvement citoyen». «Rien n’est impossible», a titré El-Moudjahid dans son édito, qui a souligné que la Constitution n’a pas prévu le cas où «le président du Conseil de la nation serait lui-même contesté». «Les manifestants du septième vendredi ont décliné, sur une immense banderole déployée juste en face de la Grande-Poste, une feuille de route qui comprend les quatre revendications suivantes : “Départ du nouveau gouvernement ; départ du trio Bedoui-Bensalah-Belaïz ; Commission indépendante d’organisation des élections et Jugement de la bande.” La même affiche précise : “Éviter la répétition du scénario égyptien : Djeïch-chaâb Khawa khawa” », a écrit El-Moudjahid.
Cependant, le même quotidien a souligné qu’« un tel programme précis n’est ni déraisonnable ni forcément difficile à réaliser». «Dans un premier temps et si l’on tient à le prendre en charge et à ne pas s’éloigner de la légalité et du processus constitutionnel, il faudrait trouver le plus tôt possible une solution à la question de la présidence du Conseil de la nation, du moment que l’actuelle figure ne semble pas être tolérée par le mouvement citoyen », est-il expliqué.
« Là aussi, ce n’est pas impossible de trouver un homme consensuel qui ait l’étoffe et le sens de l’État, pour conduire cette courte transition, l’essentiel étant de surmonter les divisions et ne pas tourner en rond », est-il précisé. « L’Armée nationale populaire, grâce à laquelle l’article 102 a été réactivé à la demande populaire, a été invitée à passer à l’application des articles 7 et 8 et, donc à entamer la transition ou ce que certains ont qualifié de “basculement”, c’est-à-dire le passage d’un régime à un autre », a analysé le vieux quotidien public.
Il s’en déduit ainsi que la priorité étant d’éviter un vide constitutionnel. « Parce que tout vide institutionnel peut être exploité pour déstabiliser le pays et parce que toute transition longue et confuse peut contourner les aspirations citoyennes, il est impératif de revenir aux urnes, les seules habilitées à décider de celui qui sera appelé à diriger l’État et de se donner le temps pour mener et réussir les réformes nécessaires que le peuple aura approuvées à l’avance », a indiqué El-Moudjahid.
«L’armée n’a pas l’intention d’occuper le champ politique»
Le quotidien, réputé porte-voix du Pouvoir, a prévenu que « pour des raisons pas tout à fait innocentes, certaines personnes politiques ou médiatiques tentent d’attribuer à l’ANP des intentions qu’elle n’a jamais eues, comme celle d’occuper la place centrale du champ politique ». « Or, de tous les points de vue, historique ou stratégique, en tant que digne héritière de l’Armée de libération nationale et issue du peuple, son rôle n’est pas seulement de protéger le pays et d’éviter des dérapages, mais aussi de faciliter la sortie de crise et d’être toujours du côté du peuple. C’est exactement ce comportement qu’elle a eu et qui l’honore, et que le peuple salue à chacune des manifestations à travers tout le pays », a estimé El-Moudjahid.
Pour rappel, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, en sa qualité de deuxième personnalité dans l’ordre institutionnel de l’État, devrait, selon la Constitution dans son article 102 relatif à la démission du Président, présider la période de transition jusqu’à ce qu’un nouveau Président sera élu. Les deux chambres du Parlement, APN et Sénat, se réuniront demain pour acter la démission définitive du président Bouteflika entérinée, la semaine dernière, par le Conseil constitutionnel. Durant la séance du Parlement national, il n’y aura ni débat, ni vote.
Hamid Mecheri