C’est dans un contexte géopolitique tendu à nos frontières, accentu,é depuis le 13 novembre dernier, avec la violation marocaine du cessez-le-feu à El-Guerguerat ouvrant la voie à de nouvelles hostilités avec le Front Polisario, que la question de la réouverture des frontières algéro-marocaines, bouclées depuis 1994, s’invite sur la scène.
À laquelle situation, on ne peut éluder, bien entendu, le feuilleton de normalisation du Maroc avec Israël qui fait, au demeurant, l’actualité internationale.
Ainsi, les circonstances voudraient que ça soit le Maroc qui relance le débat sur ce sujet. Et c’est au très officiel chef du Gouvernement, Saâdeddine El-Othmani, d’évoquer, non pas de son propre gré mais invité à s’en exprimer, une réouverture probable de la frontière Est entre le Maroc et son voisin l’Algérie. D’emblée, règles diplomatiques obligent, le chef de l’Exécutif du palais royal assure que son pays se tient « prêt » à résoudre le conflit l’opposant à son voisin immédiat à l’Est. Pour peu que l’Algérie le soit, également, de son côté. Le Maroc « est prêt à résoudre le différend autour de la fermeture des frontières lorsque les Algériens le seront aussi », dira Saâdeddine El Othmani, invité, samedi dernier, à la chaîne de télévision égyptienne El-Sharq Tv, en réponse à la question de son vis-à-vis journaliste. Une déclaration qui, toutefois, a été précédée par une longue plaidoirie autour du conflit opposant le Maroc au Front Polisario dans les territoires occupés du Sahara occidental. Pas que, puisque le chef du Gouvernement marocain a tenté également de « convaincre » de l’accord de normalisation avec Israël conclu sous le parrainage du président américain sortant Donald Trump. Il n’a pas manqué d’ailleurs d’exprimer un certain réconfort par rapport au dernier développement de la situation en dépit du fait que le Sahara occidental demeure une colonie, inscrite comme question sur l’agenda des Nations unis, qu’il faudra donc libérer par voie d’un référendum d’autodétermination.
Mais, ceci, à croire le responsable marocain, n’aurait pas influé sur les relations du Maroc avec l’Algérie. Au sujet des frontières, justement, Saâdeddine El-Othmani se veut être d’une déclaration de « bonne foi » à l’adresse de l’Algérie, en faisant usage de tact dans le propos, histoire de démontrer que son pays n’éprouve pas un sentiment de haine ou une quelconque hostilité envers l’Algérie. « Ceci, a-t-il renvoyé au conflit du Sahara occidental, ne comporte aucune insulte contre l’Algérie », soulignant que Rabat « n’abusera d’aucun de ses voisins ».
Il convient de rappeler que la frontière algéro-marocaine restait fermée depuis 1994. En cause, après l’attentat terroriste de Marrakech ciblant des touristes étrangers, les autorités royales, accusant à tort l’Algérie, a décidé d’imposer le visa à ses ressortissants. L’Algérie, qui faisait alors seule face au terrorisme, a été d’une réponse ferme aux reproches infondés du Makhzen. Autrement, elle avait fermé ses frontières avec son voisin de l’Ouest.
Farid Guellil